mardi 20 juillet 2010

Aucune aide à attendre de Washington

lundi 19 juillet 2010 - 12h:32
Nicola Nasser - Al Ahram
Nicola Nasser évalue la signification de l’accolade donnée par Obama à Netanyahu .
Les officiels de l’organisation de libération de la Palestine (OLP) du gouvernement de Mohamed Abbas se plaignent souvent de passer plus de temps à négocier avec les Étasuniens qu’avec les gouvernements israéliens. Ceci est particulièrement vrai ces derniers temps. Depuis l’attaque israélienne effrénée lancée contre Gaza il y a environ un an et demi, les officiels palestiniens ont interrompu tous pourparlers directs avec les Israéliens et se sont adressés aux États-Unis. L’envoyé présidentiel US, Georges Mitchell, s’est impliqué étroitement dans la région depuis mai 2010, mais ses efforts n’ont rien donné.
Les Palestiniens n’ont pas eu plus de chance avec les Étasuniens qu’avec les Israéliens. On leur a constamment demandé d’accepter des conditions de paix USA - israéliennes qui signifient désastre et capitulation. Outre que les entretiens ont épuisé les Palestiniens et les ont poussés de plus en plus vers de nouvelles concessions, rien de substantiel n’est ressorti des rencontres, que ce soit avec les Étasuniens ou les Israéliens.
Les Étasuniens ont vendu de faux espoirs aux Palestiniens et ont donné à Israël le temps nécessaire pour accaparer des terres et modifier la démographie de son futur État. À présent, leurs intentions sont totalement à nu.
(JPG) Lors d’une réunion entre le président US Barack Obama et le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou mardi dernier, le coup de grâce a finalement été donné anéantissant toute illusion d’une aide US.
Les négociateurs palestiniens nous disent constamment qu’ils n’ont d’autre choix que de négocier avec les USA. Cela n’est pas vrai. Ce n’est pas ce que veut le peuple palestinien ; le peuple reste toujours aussi combatif. Lorsque toutes les autres options auront été épuisées, le peuple palestinien trouvera ses propres options. C’est ce que les peuples vivant sous occupation étrangère ont toujours fait et les Palestiniens ne font pas exception. Le président Abbas nous dit que la balle est dans le camp israélien. Maintenant Obama l’a renvoyée dans le camp palestinien. Une fois de plus, la Maison-Blanche a dit clairement que la balle, le camp, l’arbitre et les joueurs devraient tous fonctionner conformément aux ordres étasuniens.
Le processus de paix a été une opération de relations publiques USA - Israël au mieux, et au pire, une ruse politique pour aider les sionistes à saper la position des Arabes. L’objectif du processus de paix a été de créer une cinquième colonne en notre sein. Il n’a jamais été question d’inclure l’équité dans l’équation.
Il est temps que les Arabes, spécialement les Arabes palestiniens, disent que cela suffit. Il est temps de reconnaître que le processus de paix n’a rien fait pour la paix, la sécurité et le développement de cette région.
Obama a été heureux de voir Nétanyahu, tout comme avant lui George Bush était ravi de discuter avec Ariel Sharon. Les expressions utilisées par ces deux présidents pour décrire les dignitaires israéliens sont presque identiques. Sharon a été appelé un « homme de paix ». Nétanyahou semble à présent hériter du titre même si quelques jours auparavant il avait ordonné le massacre des militants de la paix à bord de la flottille se dirigeant vers Gaza, même si le jour même où Obama l’a accueilli, le groupe israélien B’tselem publiait un rapport condamnant l’expansion des colonies en Cisjordanie.
Obama n’a eu que des louanges pour le premier ministre israélien. Il n’y a pas de différend entre Israël et les USA a-t-il dit, décrivant ses entretiens avec Netanyahu comme « excellents » et les liens de son pays avec Israël comme « extraordinaires ». Washington est toujours aussi attaché à la sécurité d’Israël et les « liens particuliers » sont aussi solides que jamais a-t-il déclaré aux journalistes US.
Pour sa part, Netanyahu a dit que les bruits au sujet d’un schisme dans les relations US - Israël ne sont que des rumeurs.
Pour récompenser Netanyahu de ce qu’il a appelé un « progrès » vers la paix, Obama a accepté l’invitation de se rendre en Israël.
Est-ce que tout cela surprend le président Mahmoud Abbas ?
Le président étasunien n’a été dur qu’à l’égard des Palestiniens auxquels il a conseillé de cesser de provoquer et d’embarrasser les Israéliens. Les Palestiniens devraient arrêter d’imaginer des « excuses » pour retarder la paix et commencer à parler avec les Israéliens. Toutes conditions qu’Obama a un jour imposées pour des entretiens directs semblent avoir été oubliées. La position étasunienne actuelle est que les Palestiniens devraient commencer des pourparlers sans conditions préalables.
Ce n’est pas ce que le président Abbas espérait entendre. Au lieu d’encouragements, les Palestiniens ont été grondés et on leur a dit d’être sages.
Un collaborateur proche du président Abbas a dit à Al-Quds Al-Arabi que « tout donne à penser que l’administration US fera pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle tienne des pourparlers directs » sans garanties ni conditions préalables. C’est essentiellement ce que Michel a essayé de faire au cours de ses tournées précédentes dans la région.
(JPG) Maintenant Abbas doit choisir. Soit il cède aux Étasuniens, ce qu’il fait depuis Annapolis en 2007, soit il oublie les USA. Dans le premier cas, il perdra le peu de crédibilité qui lui reste et dans le second, il doit démissionner. Il a tout joué sur les négociations et maintenant tout espoir d’entretiens fructueux s’est évaporé.
La seule option qui reste aux Palestiniens est encore et toujours la résistance. Bien entendu, cette voie est non seulement longue et difficile, mais elle exige l’unité nationale. L’OLP a accédé au gouvernement grâce à la résistance et à l’unité nationales. Maintenant, l’absence d’unité et de résistance menace de rejeter l’OLP dans le désert ou de le transformer en valet des autorités d’occupation.
L’auteure est une journaliste arabe expérimentée basée à Birzeit en Cisjordanie occupée par Israël.
15 juillet 2010 - Al Ahram Weekly - Cet article peut être consulté ici :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/100...
Traduction : Anne-Marie Goossens
Lien