mercredi 30 juin 2010

Elucubrations

Dans un nouveau défi aux tentatives de relancer des négociations de paix, au point mort depuis de longs mois, la municipalité israélienne de Jérusalem vient d’approuver un projet controversé dans le secteur oriental de la ville, qui prévoit la destruction de 22 habitations palestiniennes et la construction de 1 000 autres logements dédiés aux colons israéliens. Le projet dit du « Jardin du roi » en hébreu (une référence aux jardins du roi Salomon) doit être construit sur un terrain de 22 hectares dans le quartier arabe de Silwan, où des familles de colons juifs se sont installées au milieu de 12 000 Palestiniens.
Pour justifier sa décision, la municipalité avance que les habitations palestiniennes concernées ont été construites sans autorisation israélienne. Or, il est pratiquement impossible pour les habitants palestiniens de Jérusalem-Est d’obtenir des autorités israéliennes de permis de construction ou d’agrandissement de leurs habitations.
En mars dernier, sous la pression de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avait obtenu que le maire de la ville, Nir Barakat, gèle le projet de construction du « Jardin du roi », pour éviter des troubles dans la Ville sainte et de nouvelles frictions avec Washington au sujet de la construction à Jérusalem-Est, occupé et annexé depuis 1967. En mars, l’annonce de la construction de 1 600 logements dans un quartier juif de Jérusalem-Est avait provoqué une grave crise diplomatique avec Washington, au moment où le vice-président Joe Biden effectuait une visite en Israël. Malgré cet engagement israélien, la commission de planification urbaine de la municipalité avait donné la semaine dernière son feu vert au réaménagement de Silwan.
Réagissant aux critiques de Washington sur le projet, Benyamin Netanyahu s’est empressé de publier un communiqué expliquant qu’il n’avait pas le pouvoir d’intervenir dans la gestion de la municipalité ! Or, la construction du projet a été confiée à l’Autorité de Développement de Jérusalem (ADJ), qui relève de l’Etat et de la municipalité. De son côté, le porte-parole israélien de Jérusalem a insisté sur le fait que le projet avait pour objectif « d’améliorer la qualité de vie » (sic) à Silwan.
Ces élucubrations israéliennes ne tiennent évidemment pas debout et sont trahies par des documents officiels. Dans un document présenté au gouvernement en septembre 2008, l’ADJ annonçait que l’objectif était de créer une « série de parcs entourant la Vieille ville » dans le but de « renforcer Jérusalem comme capitale d’Israël ». Pour l’ONG israélienne anticolonisation Ir Amim (la ville des peuples), le projet s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de judaïsation de Jérusalem-Est, considéré par la communauté internationale comme un territoire occupé, avec la création de neuf parcs bibliques autour de la Vieille ville, de nature à la vider de ses habitants palestiniens et à la couper du reste de la Cisjordanie. Ce programme démontre la volonté de l’Etat hébreu de renforcer sa mainmise sur Jérusalem-Est au risque d’anéantir toute chance de paix, les Palestiniens aspirant à en faire la capitale de leur futur Etat.
Dr Hicham  Mourad
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