mercredi 30 juin 2010

C’est l’humanité que l’on assassine

publié le mardi 29 juin 2010
Claire Talon et Meryem Belkaïd

 
OPINION :

Palestine  : Pourquoi les voix universelles sont-elles absentes des médias  ?
C’est le printemps en Palestine. Neufs morts au large de Gaza. L’été sera bon. L’année dernière, une moisson de phosphore, toute fraîche encore de l’assaut hivernal, n’a-t-elle pas rassuré les Gazaouis sur la postérité du tapis de bombes qui avait, trois ans plus tôt, rafraîchi les plages de Beyrouth  ?
Des voix s’élèvent. Illégalité. Crime. Scandale. Puis retombent. Pourquoi tant d’indignation et si peu de conséquences légales  ?
Mais c’est qu’on ne s’entend plus. Sur l’agora, Botul le dispute à des tartuffes en goguette. «  Cet assaut est stupide  », lance et persiste Bernard-Henri Lévy. «  Regrettable provocation militante  », renchérit Frédéric Lefebvre. Au rond-point des Champs-Élysées, des faux dévots agitent des drapeaux algériens, marocains, tunisiens, décident d’une prière collective.
Ce sont d’autres voix que nous souhaitons entendre. Héritières de l’Encyclopédie, car l’État d’Israël, comme Bougainville sous la plume de Diderot, n’est ni un dieu, ni un démon, mais qu’est-il donc pour nier la liberté d’un peuple à disposer de lui-même  ? Héritières de Victor Hugo, qui s’est fait depuis l’exil le porte-parole des sans-voix. Héritières d’Émile Zola, qui n’avait qu’une seule passion en défendant Dreyfus, celle de la lumière et de la vérité, au nom de l’humanité qui souffre et qui a droit au bonheur. Héritières enfin de Sartre, car ne pouvant ignorer l’injustice infligée aux Palestiniens et ne pouvant s’en dire innocentes. Aujourd’hui en France, ces voix universelles sont remarquablement absentes des médias.
Pourtant, entre la philosophie de pacotille et l’esprit des Lumières, il faut choisir.
C’est pourquoi nous refusons, au nom des principes de liberté et d’égalité, l’oppression militaire et la domination économique et sociale qu’exerce l’État d’Israël sur les civils palestiniens. C’est pourquoi nous exigeons, au nom de la vérité et du droit, que les agressions et les exactions de l’État d’Israël envers l’humanité cessent enfin.
C’est pourquoi nous appelons également tous les défenseurs de la cause palestinienne à dépasser les bannières du communautarisme, du régionalisme et du nationalisme et toute manifestation d’appartenance religieuse et idéologique.
C’est l’humanité que l’on assassine impunément  : défenseurs des droits de l’homme et de la femme, il est grand temps de s’unir pour les Palestiniens  !
Claire Talon, Docteur en sciences politiques, spécialiste du monde arabe, et Meryem Belkaïd, Enseignante-chercheuse en Lettres françaises.
Publié par l(Humanité