mercredi 5 mai 2010

L’incendie d’une mosquée jette une ombre sur la reprise du dialogue israélo-palestinien

05/05/2010
Une mosquée a été partiellement détruite hier par un incendie dans 
le village d’al-Loubban al-Charquiya, au nord de Ramallah en 
Cisjordanie. Le sinistre a été attribué par les responsables locaux 
palestiniens à des colons juifs. Abed Omar Qusini/Reuters
Une mosquée a été partiellement détruite hier par un incendie dans le village d’al-Loubban al-Charquiya, au nord de Ramallah en Cisjordanie. Le sinistre a été attribué par les responsables locaux palestiniens à des colons juifs. Abed Omar Qusini/Reuters
L'émissaire américain George Mitchell commence une nouvelle mission pour préparer le lancement des pourparlers indirects.
L'incendie d'une mosquée dans le village d'al-Loubban al-Charquiya, en Cisjordanie, a jeté hier une ombre sur la reprise du dialogue israélo-palestinien. Mahmoud « Abbas condamne l'incendie d'une mosquée (...) par des colons extrémistes et considère que la responsabilité en incombe au gouvernement israélien parce que l'armée protège les colons. Cette attaque criminelle menace les efforts pour relancer le processus de paix », a indiqué le bureau du président palestinien. Toutefois, selon des enquêteurs israéliens sur place, le sinistre pourrait avoir été provoqué par un court-circuit.
La reprise des contacts israélo-palestiniens, qui s'annoncent difficiles, est attendue dans les prochains jours après le feu vert donné samedi par la Ligue arabe à M. Abbas pour des discussions indirectes, dites de « proximité », sous l'égide de l'émissaire américain George Mitchell. Ces pourparlers, qui prendront la forme de navettes de M. Mitchell entre Jérusalem, Ramallah et Washington, sont censés durer quatre mois. Ils sont interrompus depuis près de 18 mois. En guise de préparatifs, le président américain Barack Obama a eu lundi une conversation téléphonique de 20 minutes avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Selon l'ambassade des États-Unis, M. Mitchell devait consulter hier les membres de son équipe. Il rencontrera aujourd'hui M. Netanyahu à Jérusalem et s'entretiendra vendredi avec M. Abbas à Ramallah. Les Palestiniens doivent officiellement donner leur aval au lancement des négociations indirectes lors d'une réunion du comité exécutif de l'OLP samedi. Selon les médias israéliens, M. Netanyahu n'a pas l'intention de nommer une équipe spéciale de négociateurs pour ne pas, dit-on, favoriser des fuites dans la presse. Les discussions du côté israélien seront conduites par Yitzhak Molho, avocat proche du Premier ministre.
Peu d'analystes accordent la moindre chance à ces discussions. Un des chefs des renseignements militaires israéliens, le général Yossi Baidatz, a estimé hier que le président palestinien « irradie le pessimisme ». M. Abbas « prépare déjà le terrain de manière à pouvoir blâmer Israël pour l'échec des discussions, si en effet elles échouent », a-t-il dit devant une commission parlementaire. Pour le quotidien anglophone de droite Jerusalem Post, les « attentes sont à ce point limitées que tout succès constituerait une véritable surprise ».
Entre-temps, M. Abbas a rencontré hier à Riyad le roi Abdallah d'Arabie saoudite, a indiqué un diplomate palestinien. « Le roi a exprimé sa solidarité totale avec les Palestiniens et leurs dirigeants », a-t-il affirmé. « Il s'est dit également favorable à une réconciliation entre le Fateh (le mouvement de M. Abbas) et le Hamas » islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, a-t-il ajouté. En soirée, M. Abbas s'est rendu en Égypte pour rencontrer le président Hosni Moubarak.
Sur le terrain, huit chars israéliens et un bulldozer, appuyés par au moins un hélicoptère, ont pénétré de 400 mètres dans le sud de la bande de Gaza, ont indiqué des témoins palestiniens et des responsables des services de sécurité du Hamas. Le bulldozer a déblayé les débris d'une mosquée qui avait été très endommagée durant l'opération « Plomb durci » menée par l'armée israélienne à la fin de 2008 et au début de 2009 contre la bande de Gaza, selon les mêmes sources qui n'ont pas fait état d'affrontements. Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'armée n'a pas été en mesure dans l'immédiat de confirmer ou de démentir ces informations.