mercredi 5 mai 2010

Les obstacles israéliens

Edition du 5 mai 2010
Les Israéliens, c’est connu, ont l’excuse facile. Comme celle qui consiste à absoudre le Premier ministre israélien et faire porter sur d’autres l’échec du processus de paix. Les autres, bien entendu, ce sont les extrémistes, comme si le sionisme n’était pas déjà un extrémisme. C’est justement sur ce tableau que surfe la classe politique israélienne pour faire pression sur les Palestiniens ou, en d’autres termes, amener ces derniers à renoncer à certaines de leurs revendications. S’opposer à cette logique, c’est faire échec aux modérés, et même faire le jeu des extrémistes et la suite est connue. Comme cette grave atteinte au patrimoine des Palestiniens incluant les attaques contre les mosquées, au nombre desquelles, l’incendie qui a visé la nuit dernière une mosquée de Cisjordanie.
Qui sont justement ces extrémistes, si ce n’est le produit d’un système qui les a encadrés et protégés ? Ce sont eux qui peuplent les colonies édifiées sur les territoires palestiniens, en vertu de choix politiques précis, comme celui qui consiste à annexer et judaïser les territoires occupés. Des politiques définies et menées par les dirigeants israéliens. Shimon Peres, l’actuel président travailliste d’Israël, fait prix Nobel de la paix, est connu pour être l’architecte de la politique de colonisation. C’est lui qui a fait échouer le processus d’Oslo en bloquant son application. Et la classe politique israélienne a toujours souscrit ce que les Israéliens appellent les questions consensuelles. Et il s’agit précisément des territoires palestiniens et arabes qu’Israël refuse de restituer.
Il y a aussi une constante dans la politique israélienne, celle qui consiste à ne jamais prendre d’engagements précis, et le processus d’Oslo en comportait au moins un, celui de la création d’un Etat palestinien, à l’issue de ce qu’il a été convenu d’appeler des négociations sur le statut final des territoires palestiniens. La feuille de route a connu le même sort parce que ce document, mis au point en 2003, prévoyait la même perspective pour 2005.
Comment dans ces conditions qualifier les pourparlers entre Palestiniens et Israéliens ? Tout d’abord et du point de la forme, il y a une régression, ce cycle venant dix-sept ans après des négociations directes. Quant au fond, il incite tout juste à la prudence. Israël n’a annoncé aucun changement dans sa politique. Les Etats-Unis, qui font preuve depuis janvier 2009 d’une réelle perspicacité, développent par contre une approche nouvelle, selon laquelle la persistance du conflit du Proche-Orient menacerait leurs propres intérêts. Un même discours tenu par les plus hauts responsables américains et qui plus est, soulignent nombre d’analystes, porté sur le terrain dès les premiers mois du premier mandat du nouveau président. En termes de timing, la précision est importante et beaucoup y perçoivent une rupture et accordent à la démarche de Barack Obama, un préjugé favorable. En attendant que le processus laborieusement engagé par les Américains prenne réellement forme, ou encore qu’il surmonte les obstacles israéliens.
Par Mohammed Larbi
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