mardi 25 mai 2010

Le respect des résolutions internationales et l’initiative de paix au centre des entretiens Obama-Hariri

25/05/2010
C'est une visite particulièrement importante pour le Liban que le Premier ministre Saad Hariri a entamée hier aux États-Unis, compte tenu de la précarité de la situation régionale. Une visite - la première pour le Premier ministre à Washington depuis la formation du cabinet d'union nationale en novembre dernier - marquée par une rencontre avec le président des États-Unis, Barack Obama.
Selon des sources proches de la délégation, l'ensemble de cette première journée, notamment la rencontre avec le président Obama, s'est déroulé « dans un climat particulièrement positif et calme ».
Selon ces sources, le bilan de cette journée peut être résumé en cinq points fondamentaux. D'abord, les responsables US ont réaffirmé à M. Hariri leur engagement à faire avancer le processus de paix par le dialogue et les négociations. Ils ont par ailleurs renouvelé leur engagement en faveur du respect et de la préservation de la souveraineté et de l'indépendance du Liban, lesquels ne sauraient payer le prix d'un quelconque développement régional. Il s'agit là désormais d'une constante américaine concernant le Liban. L'accent a ensuite été mis sur l'application des résolutions internationales comme condition sine qua non pour parvenir à la réalisation d'une paix juste et globale. Quatrième point fondamental qui se dégage des pourparlers du Premier ministre hier à Washington : les résolutions internationales constituent le fondement sur base duquel tous les problèmes peuvent être réglés, notamment la question des armes extralégales. Enfin, dernier point crucial : le rejet commun de la violence, qui ne saurait aboutir à un résultat quelconque. En ce sens, MM. Obama et Hariri se sont mis d'accord hier sur le fait que la stabilité du Liban passe par la stabilité de la région, et que, réciproquement, il ne peut y avoir aucune stabilité dans la région si le Liban ne reste pas lui-même stable. Dans ce cadre, la position US a toutefois été ferme : la paix signifie que tout afflux d'armes vers le Liban doit cesser.
À ces points fondamentaux, il convient de relever deux faits : d'une part, le satisfecit accordé par le FMI à la politique économique et financière haririenne, qui a été reconnue comme un « modèle », en raison notamment de sa capacité à faire face à la crise internationale, en dépit des crises intestines qui ravagent le Liban depuis des années. « Quand je visite le Liban, j'y vois l'avenir », a ainsi déclaré un responsable US hier, louant le miracle économique libanais. Par ailleurs, il convient de noter l'engagement ferme des États-Unis pour que le Tribunal spécial pour le Liban, dont le rôle est fondamental, rende justice dans l'affaire des assassinats politiques et juge les meurtriers de Rafic Hariri et de l'ensemble des martyrs de la révolution du Cèdre.
 Barack Obama
C'est un entretien plus long que prévu qui a regroupé hier Barack Obama et Saad Hariri, en présence notamment du ministre de la Défense, Élias Murr. L'occasion pour le président US d'évoquer la « menace » que représenterait un transfert d'armes au Liban.
Le président Obama « a insisté sur (...) la menace représentée par un transfert d'armes au Liban en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU », selon le communiqué publié par la Maison-Blanche (voir par ailleurs).
« Nous avons discuté de l'état actuel du processus de paix au Proche-Orient, dossier qui a dominé nos entretiens », a expliqué pour sa part M. Hariri dans un communiqué en anglais diffusé par ses services après la rencontre avec M. Obama, un texte qui ne faisait pas mention directe du dossier des armes du Hezbollah, sinon en rappelant l'engagement du Liban à appliquer la résolution 1701.
« J'ai exprimé ma conviction profonde qu'un Liban stable et prospère dépend en fin de compte d'une solution de paix juste dans la région », a souligné M. Hariri, en saluant l'activisme « évident » du président Obama dans ce dossier.
Affirmant que « les Arabes sont prêts » à une paix avec Israël, M. Hariri a indiqué que « le temps est venu pour une paix régionale qui permette aux Palestiniens de revenir dans un État qui soit le leur, avec Jérusalem pour capitale ».
« Oui, nous pouvons y arriver », a-t-il ajouté, en clin d'œil au slogan de campagne « Yes, we can » (oui, nous le pouvons) de M. Obama.
Jeffrey Feltman
Auparavant, le Premier ministre avait reçu le secrétaire d'État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, l'ambassadeur Jeffrey Feltman, en présence de l'ambassadrice des États-Unis, Michelle Sison, du ministre des Affaires étrangères, Ali Chami, du chef de cabinet du Premier ministre, Nader Hariri, et de ses conseillers Mohammad Chatah, Hani Hammoud et Amal Moudallali.
Au terme de la rencontre, l'ambassadeur Feltman a déclaré : « Notre entrevue aujourd'hui a fourni l'opportunité de réaffirmer notre solide engagement en faveur du partenariat et du travail en commun. Depuis les premiers jours de cette administration, le président Obama et la secrétaire d'État Clinton ont démontré leur soutien continu et inébranlable au peuple libanais, en faveur d'un Liban prospère, démocratique, stable et souverain. »
« J'ai exprimé le soutien et l'engagement continus des États-Unis au Tribunal spécial de l'ONU. Nous avons également discuté des grandes responsabilités du Liban, en sa qualité de membre du Conseil de sécurité, dans la sauvegarde et l'instauration de la paix et de la sécurité. Par ailleurs, nous avons discuté du rôle-clé du Liban dans les efforts à long terme en faveur de l'édification d'une paix durable et globale au Moyen-Orient. Atteindre ce but permettra à la région d'aller de l'avant et de jouir d'une plus grande prospérité et stabilité. L'importance de parvenir à cet objectif est claire pour tout le monde. L'envoyé spécial Mitchell et son équipe ont travaillé - et continueront à travailler - sans répit pour veiller à ce que les pourparlers demeurent constructifs et ouvrent la voie à une paix durable. Il ne peut y avoir de solution durable aux dépens du Liban », a poursuivi M. Feltman.
« Comme l'a confirmé l'envoyé spécial Mitchell au Premier ministre Hariri lors de leur rencontre à Beyrouth le 19 janvier, les États-Unis ne soutiendront nullement la naturalisation forcée des réfugiés palestiniens au Liban », a par ailleurs indiqué Jeffrey Feltman.
Strauss-Kahn et le FMI
Plus tôt dans la matinée, le Premier ministre avait reçu la vice-présidente pour les Affaires gouvernementales et directrice de la commission des Affaires du Congrès, Rita Lewis.
M. Hariri s'est également rendu au siège du Fonds monétaire international, où il a rencontré le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, et les hauts responsables, en présence notamment du directeur exécutif du FMI pour le Liban et les pays voisins, Chakour Chaalan, et de la ministre des Finances, Raya el-Hassan.
« Ce qui est rassurant au sujet de cette rencontre, c'est que le FMI a considéré le Liban comme l'un des pays les plus avancés de la Méditerranée sur le plan économique, et ce à un moment où nombre d'autres économies font face à des difficultés », a indiqué Saad Hariri à l'issue de la rencontre.
« Selon les dires du FMI, le Liban est envié par d'autres pays en raison de la croissance qu'il enregistre. Nous avons évoqué ce point, ainsi que la politique financière du pays ; et les responsables du FMI ont exprimé leur soutien à nos démarches. Ils espèrent que le budget 2010 sera ratifié le plus tôt possible pour aider l'économie libanaise », a souligné le Premier ministre.
« La relation entre le FMI et le Liban est aujourd'hui différente de ce qu'elle a été ces dernières années : elle était passée par une phase difficile en quelque sorte. Mon devoir est de sauvegarder le Liban et sa stabilité, notamment à un moment où la région a traversé beaucoup de guerres. Nous voulons que cette région progresse sur la voie du processus de paix depuis Madrid en 1991 jusqu'aux résolutions de l'initiative arabe en 2002. Essayons de voir comment sera la région dans 10 ans si la paix n'est pas établie... Seules la paix et la restitution des droits peuvent engendrer le progrès », a-t-il conclu.
Signalons enfin que le Premier ministre avait entamé sa visite officielle aux États-Unis en recevant le secrétaire américain au Transport, Ray LaHood, pour un examen des relations bilatérales. Il s'est également entretenu par téléphone avec le nouveau Premier ministre britannique, David Cameron.