mardi 25 mai 2010

Elle a remis le document de l’accord tripartite à l’AIEA : L’Iran désarme les Etats-Unis et leurs alliés

Edition du 25 mai 2010
L’Iran a finalement tenu parole. Téhéran a en effet notifié hier à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’accord irano-turco-brésilien sur un échange d’uranium.

Cela suffit-il pour rassurer le club nucléaire en embuscade ? Pas si sûr. Mais pour la communauté internationale, l’Iran a fait un pas, un grand pas même aux yeux de Lula et Erdogan. Hier donc, des diplomates iraniens ont remis la lettre de notification de l’accord tripartite signée par le chef de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne, Ali Akbar Salehi, au cours d’une réunion à la résidence du directeur général de l’AIEA, le Japonais Yukiya Amano, à Vienne. Des diplomates turcs et brésiliens étaient présents au cours de cette rencontre d’une quarantaine de minutes. Dans ce document, Téhéran stipule que « la République islamique d’Iran annonce son accord avec le contenu de la déclaration tripartite (Iran-Turquie-Brésil), et affirme que ses différents articles sont liés entre eux et que chacun a une importance particulière », selon des extraits publiés par l’agence de presse iranienne Irna. Téhéran s’est ainsi acquitté de sa mission. Reste maintenant la lecture qui sera faite sur les « permanents » du conseil de sécurité eux qui ont déjà brandi la menace de sanction au lendemain même de la conclusion de cet accord tripartite.

Ban Ki-moon souffle …

Le secrétaire général de l’ONU semblait optimiste hier dans sa conférence de presse. « …Cet accord, s’il est agréé par l’AIEA, peut constituer une importante mesure de confiance de nature à ouvrir la voie à une solution négociée du problème nucléaire iranien », a-t-il glissé. Mais Ban Ki-moon sait qu’il n’y peut rien quand bien même cet accord lui paraît être un début de solution. C’est donc naturellement qu’il s’en est remis aux vrais décideurs qui, eux, obéissent à d’autres logiques que celle qui consiste à dire le droit international sans partie pris. Mais aux yeux du monde, c’est tellement important que le SG des Nations unis dise ce qu’il pense de cet accord en tant que personnalité morale censée défendre la paix dans le monde. Les autres, sous la bannière étoilée des Etats-Unis, peuvent évidemment frapper qui ils veulent et quand ils veulent avec l’étendard de l’ONU, n’en déplaise à Ban Ki-moon, et avant lui Koffi Annan quand il s’est agi de l’invasion de l’Irak. Cela étant dit, l’accord irano-turco-brésilien, signé le 17 mai à Téhéran, prévoit l’échange en Turquie de 1200 kg d’uranium iranien faiblement enrichi (3,5%), contre 120 kg de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à des fins médicales de Téhéran.

En attendant l’oracle …

L’Iran devra maintenant attendre de l’Agence, conformément à l’article 6 de la déclaration, d’informer le groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) pour connaître la réponse de ce groupe. Si c’est positif, cela enclenchera les négociations sur les détails de l’échange du combustible, comme l’a expliqué hier Ali Akbar Salehi dans sa lettre à l’AIEA. Dans le cas contraire, ce serait tout simplement une nouvelle impasse dont il est difficile de deviner les développements. Le vice-président du Parlement, Mohammad Reza Bahonar, avait averti le 20 mai que Téhéran dénoncerait l’accord si le Conseil de sécurité lui infligeait de nouvelles sanctions.
Pour cause, malgré la nouvelle offre, les Etats-Unis sont parvenus la semaine dernière à convaincre la Chine et la Russie de soutenir un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prévoyant une quatrième série de sanctions contre l’Iran. Instigateur de l’accord avec Téhéran, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a estimé que la remise du document prouvait la bonne volonté de Téhéran dans ce dossier. Dans une déclaration, le ministère turc des Affaires étrangères a appelé pour sa part l’AIEA et les pays du groupe de Vienne à donner une réponse positive à cet accord. La balle est désormais dans le camp des puissants.