mardi 25 mai 2010

Jaffa, sous le soleil la misère

Ecrit par Monique Poupon
24/05/2010
Cette semaine, PNN a suivi les volontaires du séminaire de terrain organisé par le Centre d'Information Alternatif de Beit Sahour, près de Bethléem. Jeudi 13 mai le groupe se trouvait à Jaffa pour un tour politique de la ville.
ImageJaffa, une ville Israélienne située au sud de Tel Aviv, est considérée comme l'un des ports les plus anciens du monde situés sur la côte Est de la mer Méditerranée. Au 19ème siècle, la ville est principalement Arabe, avec seulement une minorité Juive, ce qui au fil du temps va provoquer des heurts réguliers.
C'est la guerre entre Arabes et Juifs et 1948 qui déterminera le sort de la ville, autrefois célèbre pour ses oranges mais qui aujourd'hui n'en produit plus une seule. Les habitants Arabes de Jaffa quittent en masse la ville afin de se réfugier loin des bombardements, pensant revenir dans quelques semaines récupérer leurs biens. Hélas, la victoire Israélienne les maintient hors le Jaffa pendant de bons mois, et la vieille ville reste désertée de ses habitants. Au retour de certains, toutes les maisons Arabes, à part celles de près de 4 000 propriétaires qui étaient restés, passent sous le contrôle Israélien. Certains ne pourront jamais entrer de nouveau dans leur demeure, malgré leur clé, preuve de leur propriété mais désormais preuve d'un passé révolu où les Arabes étaient chez eux en Israël. La vieille ville reste abandonnée pendant des décennies, les Juifs d'Europe arrivant par vagues de plus en plus nombreuses après la Seconde Guerre Mondiale préférant se répartir dans les quartiers à dominantes moins Arabe. Ce n'est que récemment que Jaffa a commencé à se reconstruire à tout va, devant l'affluence nouvelle de Juifs dans cette ville où encore de nombreuses familles Palestiniennes résident.
A Jaffa, ville mixte donc, les Arabes peuvent acheter des terrains, des maisons, mais les prix sont si élevés que très peu y arrivent, se faisant donc dominer par une majorité très claire de Juifs. 500 familles Palestiniennes sont en ce moment menacées d'expulsion, leur maison étant considérée depuis la guerre de 1948 comme propriété de l'état d'Israël. L'une de ces familles n'avait pas bougé en 1948: aujourd'hui, elle se trouve au beau milieu d'un quartier bourgeois Juif et la municipalité de Tel Aviv fait tout son possible pour les expulser afin de construire des immeubles de luxe.
Le groupe du camp politique du CIA a pu rencontrer le représentant de la communauté Arabe de Jaffa à la municipalité de Tel Aviv, Sami Aboa Shenadeh. Il nous a expliqués qu'il y a de moins en moins de communautés Arabes à Jaffa, les gens préférant fuir devant tant de pressions de la part du gouvernement et devant les problèmes de logement et de travail. En effet, jusqu'à 3 familles peuvent habiter dans 70 mètres carré du fait d'expulsions à répétition, et les seuls emplois auxquels peuvent prétendre les Arabes sont la gestion de restaurants et de garages... De plus, bientôt il risque de ne plus y avoir assez d'enfants Arabes pour garder un jardin d'enfants Arabe, ce qui peut couper ces enfants de leurs racines et de leur culture.
Depuis 2007 à Jaffa existe un Comité Populaire dont notre interlocuteur est le responsable, créé afin de répondre aux déclarations de la municipalité de Tel Aviv qui disait qu'il n'y avait aucun problème de logements à Jaffa: suite à cela, il y a eu de nombreuses manifestations d'organisées, avec un succès du Comité Populaire dans l'unification des activistes, et dans la propagation des nouvelles. Depuis trois ans en effet, les journaux parlent des problèmes de logements à Jaffa, ce qui est une victoire pour eux. Désormais, le Comité Populaire est à même de payer un travailler social, avocat, qui défend et conseille les familles menacées d'expulsion sans les faire payer un sou. Et devant leurs récents succès, le Comité Populaire a également réussi depuis deux ou trois mois à employer une personne chargée d'organiser et de défendre le travail du Comité. Désormais, ils pensent à recruter quelqu'un pour organiser un nouveau plan de la ville à proposer à la municipalité de Jaffa, un ingénieur qui trouverait des solutions équitables aux problèmes de logements.
Peut-être que grâce à plus d'inittiatives comme celles-là, les expulsions forcées et les démolitions des maisons Arabes cesseront d'être considérées comme des banalités en Israël.