dimanche 18 avril 2010

Petite histoire d’une colonie “sauvage”

publié le samedi 17 avril 2010
Gilles Paris

 
“Tout le monde doit bouger, courir, et s’emparer d’autant de collines qu’il est possible pour agrandir les colonies parce que tout ce que l’on prendra maintenant restera à nous. Tout ce que nous ne prendront pas par la force, ira à eux” (Sharon en 1998)
En 1998, quelques jours après la signature des accords de Wye entre Yasser Arafat et Benyamin Nétanyahou qui relançaient le processus d’Oslo, le ministre des affaires étrangères, Ariel Sharon, invitait les Israéliens à l’action. “Tout le monde doit bouger, courir, et s’emparer d’autant de collines qu’il est possible pour agrandir les colonies parce que tout ce que l’on prendra maintenant restera à nous. Tout ce que nous ne prendront pas par la force, ira à eux”, assurait-il le 16 novembre.
Des habitants de l’implantation d’Eli, au nord de la Cisjordanie (dans une zone promise à l’évacuation dans tous les scénarios connus dans la perspective d’un accord de paix), ne l’avaient pas attendu. En mars de la même année, ils avaient établi le point de colonisation “sauvage” de Hayovel . “Sauvage” parce qu’il était créé à un kilomètre et demi à vol d’oiseau de la colonie-mère, partiellement sur des terres palestiniennes (du point de vue israélien), et sans autorisation des autorités israéliennes, en dépit de l’octroi d’une subvention de 250 000 shekels par le ministère du logement et de la construction.
En 2001, la décision était prise de raser les maisons construites illégalement. Sans qu’elle soit appliquée. En septembre 2005, l’organisation Shalom Arshav soumettait une pétition à la Cour suprême pour contraindre l’armée, souveraine dans les territoires palestiniens, à détruire 12 maisons érigées sans autorisation sur ces terres contestées. En novembre, la décision était renvoyée après les élections générales prévues en mars 2006, le gouvernement étant sommé de justifier son inaction dans les 90 jours. Sans résultats.
Puis, en 2006, un officier de l’armée israélienne résidant à Hayovel, le major Roi Klein, est tué lors de la guerre contre le Hezbollah libanais.
Près de trois ans plus tard, en mars 2010, un autre officier domicilié au même endroit, le major Eliraz Peretz, est tué à Gaza alors que le ministre de la défense, Ehoud Barak, une nouvelle fois, est invité à se prononcer sur le statut des 12 maisons incriminées par Shalom Arshav.
Le Haaretz indiquait au début du mois que l’ordre de destruction serait sans doute une nouvelle fois repoussé pour tenir compte de la situation créée par la disparition d’Eliraz Peretz (lire aussi cet article du site Arutz Sheva , organe de la colonisation).
Mercredi 14 avril, Shalom Arshav a précisé qu’il a modifié le contenu de sa pétition pour en exclure les maisons des deux officiers.
publié sur le blog du Monde "Guerre ou Paix"