dimanche 4 avril 2010

Obama, Sarkozy et la pax atlantica au Moyen-Orient

publié le samedi 3 avril 2010
Mustapha Hammouche

 
OPINION :
Course contre la montre au Proche-Orient, où le temps joue contre les Palestiniens chaque jour dépossédés d’un pan supplémentaire de leur territoire qui, pendant ce temps, s’amplifie...Le président français croit avoir assez fait en proclamant sa simple “solidarité” avec le chef de la Maison-Blanche “dans sa condamnation du processus de colonisation”…
Barack Obama et Nicolas Sarkozy se sont désolés qu’il n’y ait pas encore “unanimité internationale” contre l’Iran. Il n’est pas nécessaire d’être fervent pacifiste pour s’inquiéter de l’entrée d’un régime comme celui de Khameneï dans le club atomique, mais il ne faut pas être spécialement antisioniste pour convenir que le libertinage d’Israël en matière de légalité internationale se moque de “l’unanimité universelle” contre son processus effréné de colonisation.
Quand Sarkozy ose la creuse remarque que “la colonisation n’amène rien à la sécurité d’Israël”, il prend bien soin de la faire précéder par l’avertissement de principe : “Tout le monde sait combien je suis engagé au service de la sécurité d’Israël.” La formulation, en elle-même, illustre la frayeur de certains dirigeants occidentaux quand ils risquent d’être soupçonnés de plaisanter avec “la sécurité d’Israël”. Par la suite, cette sécurité justifie à peu près tous les excès de l’État hébreu.
Sarkozy, visiblement ému par la difficulté qu’éprouve Obama à imposer un universel accord pour un surplus de sanctions contre l’Iran, s’est engagé à mobiliser Angela Merkel et Gordon Brown pour réaliser l’unanimité européenne, dans un premier temps, contre Téhéran. Mais, s’agissant des nouvelles colonies israéliennes, le président français croit avoir assez fait en proclamant sa simple “solidarité” avec le chef de la Maison-Blanche “dans sa condamnation du processus de colonisation”… qui, pendant ce temps, s’amplifie.
Course contre la montre au Proche-Orient, où le temps joue contre les Palestiniens chaque jour dépossédés d’un pan supplémentaire de leur territoire (avant 1967, la Palestine résiduelle comptait 45% du territoire de la Palestine historique ; aujourd’hui, il est question dans la variante la plus favorable de 22% !). Mais aussi course contre la montre dans les usines nucléaires de l’Iran où il s’agit d’atteindre le plus haut niveau d’enrichissement de l’uranium avant “l’unanimité internationale”. Peut-être gêné par le veto chinois, le partenariat transatlantique, pourtant problématique quand il s’agit d’un simple appel d’offres pour des avions ravitailleurs, se transforme en sainte alliance quand il s’agit de la sécurité d’Israël.
Il est navrant d’enregistrer qu’il ne reste que l’aventurisme nucléaire d’un régime comme celui d’Ahmedinejad, pionnier de l’islamisme belliqueux et meurtrier, à opposer à un projet israélienne hégémonique et provocateur.
Netanyahu vient de tester son impunité de la manière la plus spectaculaire, en dotant ses tueurs de passeports des premières puissances européennes, par ailleurs très regardantes en matière de “papiers”, et en humiliant, sous le regard universel, le vice-président de la première puissance mondiale. Pourquoi une simple condamnation le ferait-il hésiter à poursuivre la colonisation ? Au demeurant, Obama ne lui demande plus que… quatre mois de suspension du processus colonial. Dans ce contexte, l’illusion de dialogue n’est que passe-temps et alibi d’une complaisance générale.
Finalement, l’Iran n’inquiète que par ce qu’il menace le fait accompli contre le droit national palestinien. Ce projet de pax atlantica qui impose aux Palestiniens et leurs soutiens, s’il en existe, cette alternative du diable : la guerre ou un Moyen-Orient sans Palestine.
publié par Liberté en Algérie