jeudi 11 mars 2010

Israël veut s’accaparer les lieux saints de Cisjordanie

mercredi 10 mars 2010 - 08h:23
Ma’an News Agency
Israël a ajouté deux lieux saints de la Cisjordanie occupée à une liste de sites du patrimoine national, a annoncé dimanche le premier ministre Benjamin Netanyahou.
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Vue générale de la Mosquée Ibrahimi au centre de Al Khalil (Hebron) - Photo : MaanImages/Mamoun Wazwaz
Dans le cadre de son “Plan de Réhabilitation et de Renforcement des Infrastructures du Patrimoine d’Israël”, cette mesure affecte le Tombeau de Rachel de Bethlehem et la Mosquée d’Ibrahimi d’Hébron, connue par les Israéliens sous le nom de Caveau des Patriarches. La liste actuelle comprend déjà 150 lieux en Israël, mais le projet d’en ajouter deux qui sont situés dans les villes cisjordaniennes d’Hébron et de Bethlehem en tant que lieux appartenant au patrimoine israélien est peu habituel, vu qu’aucun d’eux ne se trouve en Israël. On estime que les projets de restauration coûteront 400 millions de shekels (environ 110 millions de dollars).
“Un acte d’agression contre les droits culturels et religieux”
Les dirigeants de l’Autorité Palestinienne ont aussitôt condamné le projet. “Cette annonce est un acte d’agression”, a dit le Dr. Hamdan Taha, directeur de la Division Antiquités du Ministère du Tourisme de l’Autorité Palestinienne au cours d’une interview téléphonique. “Au lieu d’utiliser le patrimoine pour faire avancer la paix, ils s’en servent comme d’un outil pour promouvoir la guerre”, a-t-il ajouté. “Cela est clairement destiné à entraver le processus de paix”.
Faisant remarquer que lesdits lieux saints le sont pour plusieurs religions, Taha a insisté sur le fait que le projet de Netanyahou de les inclure dans le patrimoine israélien “révèle une manipulation de l’histoire destinée uniquement à favoriser la politique de colonisation d’Israël”. Il a conclu que “un sépulcre qui est respecté par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs devrait l’être en tant que symbole culturel et religieux et non comme une opportunité d’entraver les efforts internationaux pour arriver à un accord de paix”.
Entre-temps, les autorités locales d’Hébron ont fustigé Netanyahou pour cette décision. Le Fatah a appelé à une grève générale pour lundi, tandis que le maire d’Hébron, Khaled Al-Esili, a demandé à l’UNESCO de réagir promptement pour “protéger la mosquée d’Ibrahim, empêcher sa profanation et agir contre les tentatives de dénaturation”, ajoutant que “la loi internationale qui inclue les conventions de la Haye, oblige l’occupant à ne pas altérer le patrimoine historique du pays occupé”.
Al-Eseili a estimé que l’annonce était révélatrice de la “volonté obsessive de Nétanyahou de bloquer le processus de paix, ce qui entraîne la région vers une explosion”, affirmant que “le premier ministre continue à utiliser la force pour imposer les faits accomplis”. Le maire a également déclaré que Netanyahou “est pleinement conscient du fait que cette mosquée a une haute valeur symbolique pour tout citoyen arabe ou musulman”et que par conséquent toute action pouvant l’affecter représente “un acte propre à l’inhumanité”.
Le parti de gauche Méretz a lui aussi condamné la décision. “Ceci est une nouvelle tentative pour souiller la frontière entre l’État d’Israël et les territoires occupés”, a affirmé le chef du parti Méretz, Chaïm Oron au quotidien hébreu Yédioth Aronoth. “Il suffit que Netanyahou subisse une légère pression de la part de la droite pour qu’il obtempère. Cette décision rend absurde la déclaration de Netanyahou à l’université de Bar-Ilan de deux états pour deux peuples”, a rapporté le journal.
L’existence d’Israël est ancrée dans “l’heritage national et émotionnel”
Les deux sites palestiniens ont été rajoutés à la suite de pressions provenant de l’extrême-droite israélienne. D’après l’agence d’information Arutz Sheva, tenue par des colons, une pétition réclamant l’inclusion dans la liste du Tombeau de Rachel a reçu plus de 1000 signatures dont celles de certains membres de la Knesset. Netanyahou a défendu le plan devant le cabinet de son gouvernement pendant la réunion de dimanche.
“Notre existence ici, dans notre pays, ne dépend pas uniquement des forces armées israéliennes et de nos capacités économiques et technologiques. Elle est, avant et plus que tout, liée à notre héritage national et émotionnel que nous léguons à notre jeunesse et aux générations futures” a-t-il dit. “Elle dépend de notre capacité à reconnaître et à expliquer la justice de notre cause et à affirmer principalement notre attachement à la terre pour nous et pour les autres”, a ajouté le premier ministre.
Cette annonce faite le dimanche succède à l’accord de la semaine dernière concernant un plan destiné à construire deux “parcours” patrimoniaux des sites archéologiques, qui serpente à travers Israël et la Cisjordanie. L’un de ces circuits, qui commence près de l’Esplanade de la mosquée d’Al Aqsa dans la Jérusalem-Est occupée “fait partie de l’expérience d’Israël qui complète les principaux sites et qui raconte l’histoire du retour d’un peuple à son pays”, a annoncé Netanyahou dimanche dernier.
21 février 2010 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/eng/ViewDet...
Traduction de l’anglais : Sami Zannad
http://info-palestine.net/article.php3?id_article=8304