dimanche 28 mars 2010

Erdogan au sommet arabe : Si la Palestine brûle, le Proche-Orient en entier brûlera

28/03/2010
Quatorze chefs d'État sur les 22 membres de la Ligue arabe 
participent au sommet ordinaire annuel de deux jours, le premier à se 
tenir chez le sulfureux numéro un libyen Mouammar Kadhafi, et duquel 
sont absents deux poids lourds de la région, le Saoudien Abdallah et 
l'Égyptien Hosni Moubarak.
Quatorze chefs d'État sur les 22 membres de la Ligue arabe participent au sommet ordinaire annuel de deux jours, le premier à se tenir chez le sulfureux numéro un libyen Mouammar Kadhafi, et duquel sont absents deux poids lourds de la région, le Saoudien Abdallah et l'Égyptien Hosni Moubarak. AFP
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'en est violemment pris à Israël, à l'ouverture samedi en Libye d'un sommet arabe placé sous le signe de la défense de Jérusalem, estimant que considérer cette ville comme la capitale indivisible de l'État hébreu, comme le fait Israël, est une "folie".
"Jérusalem est la prunelle des yeux du monde musulman. Si Jérusalem brûle, ceci signifie que la Palestine brûle. Et si la Palestine brûle, ceci veut dire que le Proche-Orient brûle", a-t-il mis en garde.
Quatorze chefs d'État sur les 22 membres de la Ligue arabe participent au sommet ordinaire annuel de deux jours, le premier à se tenir chez le sulfureux numéro un libyen Mouammar Kadhafi, et duquel sont absents deux poids lourds de la région, le Saoudien Abdallah et l'Égyptien Hosni Moubarak.
Les dirigeants arabes étaient réunis à huis clos en soirée dans la ville méditerranéenne de Syrte, à 500 km à l'est de Tripoli. Ils n'avaient pas le droit d'avoir plus de deux accompagnateurs dans la salle de conférences. "C'est pour discuter en toute tranquillité", a dit le colonel Kadhafi. Selon le programme, le sommet doit reprendre aujourd'hui vers 10h00 locales (08h00 GMT) et s'achever par une conférence de presse vers 18h30 GMT.
"Nous ne pouvons pas tenir des négociations indirectes tant qu'Israël n'arrête pas totalement ses activités de colonisation à Jérusalem et ne mette pas fin à sa politique du fait accompli", a dit le président palestinien Mahmoud Abbas à l'ouverture du sommet dans l'après-midi. "L'État de Palestine n'aura aucun sens si Jérusalem n'est pas sa capitale", a-t-il souligné, appelant les pays arabes à "sauver Jérusalem".
Alors que les pays arabes ont écarté tout soutien à la reprise des négociations israélo-palestiniennes sans un gel de la colonisation, le patron de l'ONU Ban Ki-moon, invité au sommet, les a appelés à soutenir ces pourparlers, tout en condamnant les projets de colonisation.
Jérusalem-Est, annexée par Israël en 1967, est au centre du conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens veulent en faire la capitale de leur futur État, alors qu'Israël considère l'ensemble de Jérusalem comme sa capitale "éternelle et indivisible".
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a encore assuré vendredi que sa politique concernant Jérusalem demeurerait inchangée. Israël a approuvé le 9 mars un projet de construction de 1 600 logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est, provoquant une grave crise avec Washington qui s'employait à lancer des pourparlers indirects entre Israël et les Palestiniens, alors que le processus de paix est bloqué depuis plus d'un an.
Inaugurant le sommet, le colonel Kadhafi, connu pour ses discours fleuves, s'est contenté de moins de quinze minutes pour appeler les Arabes à agir. "Les masses arabes et le peuple en ont assez des mots. Ils attendent de l'action, pas des mots ni des discours".
De son côté, le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a proposé la création d'un organisme régional incluant les pays arabes et leurs voisins comme la Turquie et l'Iran, et l'ouverture d'un dialogue avec de dernier dans le cadre du regroupement. "Je comprends l'inquiétude de certains d'entre nous vis-à-vis de certaines positions iraniennes. Cela confirme la nécessite de dialogue en vue de définir les relations futures avec l'Iran", a-t-il dit. Cependant le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit a déclaré aux journalistes que "la plupart des pays arabes ne favorisent pas ce genre de dialogue à l'heure actuelle".
Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, également invité, a souligné qu'"il est temps de donner sa chance à la paix".
Le sommet arabe se tient alors que la bande de Gaza a été le théâtre des pires violences depuis l'offensive israélienne il y a 14 mois, avec la mort d'un Palestinien samedi au lendemain de celle de deux soldats israéliens.
Parmi les chefs d'État présents figurent Abdallah II de Jordanie, l'émir du Koweït Sabah al-Ahmad Al-Sabah, le yéménite Ali Abdallah Saleh, le Soudanais Omar el-Béchir et le Syrien Bachar el-Assad.
À Syrte, ville natale de M. Kadhafi où la capacité hôtelière est très limitée, les dirigeants arabes ont été placés dans des résidences privées. M. Erdogan a été hébergé dans un luxueux yacht, à proximité d'un paquebot italien où sont logés les journalistes.