lundi 1 février 2010

Une ville palestinienne nouvelle pour répliquer aux colonies israéliennes

01/02/2010

Des bulldozers palestiniens déblaient une colline en Cisjordanie, pour construire une ville nouvelle appelée Rawabi. Abbas Momani/AFP
Des bulldozers palestiniens déblaient une colline en Cisjordanie, pour construire une ville nouvelle appelée Rawabi. Abbas Momani/AFP
Reportage Les promoteurs immobiliers espèrent que ce site deviendra un jour le foyer de 40 000 habitants.

Des bulldozers s'affairent sur une colline de Cisjordanie occupée. Pour une fois, ce n'est pas une nouvelle colonie israélienne, mais le chantier de la première ville nouvelle palestinienne, appelée Rawabi.
Les promoteurs immobiliers palestiniens espèrent que ce site deviendra un jour le foyer de 40 000 Palestiniens et contribuera à cimenter, au propre comme au figuré, les aspirations palestiniennes à la terre de Cisjordanie face aux blocs d'implantation des colons juifs.
« Cette ville n'est pas une colonie », souligne Bachar al-Masri, le patron de l'agence immobilière Bayti Real Estate Investment Company, à l'origine du projet de 480 millions d'euros avec l'apport de capitaux qataris.
« En fait, on peut dire que c'est une tentative palestinienne de garder les Palestiniens sur leurs terres pour endiguer la colonisation israélienne », explique-t-il.
La construction de Rawabi, située près de Ramallah, le fief de l'Autorité palestinienne, offre un contraste saisissant avec les champs de ruines qui poussent dans la bande de Gaza, territoire palestinien soumis à un strict embargo israélien et dévasté par une incursion punitive de Tsahal il y a un an.
Au cours de la première phase des travaux, il est prévu d'ériger 22 blocs résidentiels pouvant accueillir 20 000 habitants en trois ans. Dans une seconde phase, également de trois années, la population devrait doubler.
Dotée d'écoles et d'hôpitaux modernes, la ville nouvelle de Rawabi vise la classe moyenne palestinienne, avec des appartements dont le prix varie entre 35 000 et 55 000 euros.
Ce développement urbain, qui s'étend sur 630 hectares, est l'un des plus gros projets d'investissement dans les territoires occupés. Il a reçu l'appui enthousiaste de l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, qui est soutenue par la communauté internationale.
« Ce projet prouve qu'il existe des potentialités d'investissements en Palestine », se félicite le ministre palestinien de l'Économie Hassan Abou Libdeh.
Vue de loin, Rawabi ressemble à s'y méprendre aux dizaines de colonies israéliennes disséminées en Cisjordanie, où vivent près d'un demi-million d'Israéliens et qui constituent, aux yeux des Palestiniens, autant de « faits accomplis sur le terrain » pour empêcher la naissance de leur État.
« Voir des bulldozers palestiniens est étrange car on a plutôt l'habitude de voir des bulldozers israéliens en train de voler notre terre », témoigne Mohammad Khamis, 42 ans, habitant d'un village voisin.
Rawabi se construit dans une zone dite « A » de la Cisjordanie, c'est-à-dire sous le contrôle direct de l'Autorité palestinienne.
Mais le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a également promis de lancer des projets immobiliers en zone « C », restée entièrement sous le contrôle de l'armée israélienne, dans le cadre de son plan ambitieux visant à établir les institutions d'un État palestinien « viable et indépendant » d'ici à 2011.
L'expansion de Rawabi dépend toutefois en partie d'Israël, dont le feu vert est indispensable pour l'ouverture de la principale route d'accès entre la ville nouvelle et Ramallah, ainsi que pour la construction des nouvelles infrastructures, reconnaît Bachar al-Masri. « Nous n'avons pas encore obtenu l'approbation d'Israël, mais disons qu'il n'y pas d'opposition israélienne. Nous avons l'accord de principe », précise-t-il.
En fait, le projet de Rawabi pourrait bénéficier de l'idée de « paix économique » prônée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui consiste à améliorer le niveau de vie des Palestiniens de Cisjordanie sans pour autant consentir à des concessions politiques en vue de la création d'un État palestinien.
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