lundi 1 février 2010

L’assassinat d’un chef du Hamas à Dubaï : le Mossad en ligne de mire

01/02/2010
Le chef de la police de Dubaï a déclaré hier qu'il n'écartait aucune piste dans l'enquête sur l'assassinat dans l'émirat d'un responsable du Hamas, y compris celle d'une responsabilité du Mossad, le service israélien du renseignement.
« À titre personnel, je n'écarte aucune possibilité. Toute partie qui peut avoir un intérêt dans l'assassinat (du responsable du Hamas Mahmoud al-Mabhouh) peut avoir commis le crime, le Mossad comme une autre », a déclaré à l'AFP le général Dhahi Khalfan. Il a précisé que les suspects étaient « au moins sept hommes, détenteurs de passeports de plusieurs pays européens » qu'il n'a pas voulu préciser, ajoutant que l'authenticité de ces documents étaient en cours de vérification.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas avait accusé vendredi Israël d'avoir assassiné al-Mabhouh, l'un des fondateurs de sa branche armée, le 20 janvier dans un hôtel de Dubaï, et a promis de se venger.
Selon le général Khalfan, le responsable du Hamas a été tué dans sa chambre d'hôtel. « Il semble avoir ouvert la porte de sa chambre » aux suspects, et il est mort « étouffé », a-t-il dit, ajoutant que « la strangulation est possible ».
Interrogé sur les informations de presse selon lesquelles ses assassins lui auraient inoculé un poison qui provoque un arrêt cardiaque, le chef de la police de Dubaï a répondu que « des tests sont en cours pour déterminer les causes de la mort » et a ajouté que « l'autopsie n'a rien donné ».
Mahmoud al-Mabhouh était arrivé à Dubaï à la veille de sa mort avec un passeport « ne portant pas son nom de famille », et le mouvement palestinien n'avait pas informé les autorités émiraties de son arrivée dans l'émirat, a-t-il ajouté. « Il est étrange qu'un responsable de cette importance se déplace seul, sans aucun garde du corps », a-t-il dit.
Selon son frère Faëq al-Mabhouh, la victime, qui est un dirigeant des Brigades Ezzedine al-Qassam, était un pourvoyeur d'armes du mouvement islamiste et a été tué par électrocution et strangulation. Selon lui, al-Mabhouh avait été dans le passé « la cible de plusieurs tentatives d'assassinat de la part du Mossad ».
« Il jouait un rôle-clé dans l'approvisionnement du peuple palestinien en armes et en argent », y compris des « armes spéciales », a affirmé de son côté un porte-parole du Hamas, Talal Nasser, au journal émirati The National. Une source proche du Hamas à Gaza a dit à Reuters que, selon elle, « c'était la raison pour laquelle il était visé ». Les armes venaient souvent de l'Iran et du Soudan, a dit cette même source.
Al-Mabhouh, 50 ans, avait été le responsable de l'enlèvement, au début de la première intifada palestinienne (1987-1993), de deux soldats israéliens, qui ont ensuite été tués, ainsi que de la planification de plusieurs attentats anti-israéliens, selon le Hamas.
Pour sa part, la presse israélienne s'est félicitée de cette « liquidation ».
« Encore un coup porté à l'"axe du mal" », titre le quotidien Jerusalem Post, estimant que « cette mort va affecter la capacité du Hamas d'introduire des armes de contrebande à Gaza, qu'Israël en soit ou non responsable ». « La mise hors jeu de Mahmoud Abdel Raouf al-Mabhouh va rendre plus difficile la contrebande d'armes venant de l'Iran à destination du Hamas (...) », a estimé le quotidien gratuit Israël Hayom, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le quotidien populaire Yediot Aharonot a titré quant à lui sur « Les héros de l'ombre » en référence aux agents du Mossad.
Il s'agit du premier assassinat d'un responsable palestinien aux Émirats arabes unis, qui n'entretiennent pas de relations avec Israël. Le Mossad a mené de nombreuses opérations spectaculaires d'assassinat de dirigeants palestiniens à l'étranger, dont le bras droit du dirigeant historique Yasser Arafat, Abou Jihad, en avril 1988 lors d'un débarquement à Tunis, et le chef de l'organisation radicale du Jihad islamique Fathi Chakaki en octobre 1995 à Malte.