publié le              vendredi 19 février 2010            
Michel Warschawski
Michel Warschawski
La politique immature du gouvernement  israélien s’est traduite par des propos menaçants d’Avigdor Lieberman à  l’encontre du président syrien. Conséquence : on reparle de menaces de  guerre.
Avigdor Lieberman a réussi à  faire passer son adjoint, Danny Ayalon, pour un politicien modéré et  responsable. On se souvient de l’humiliation que ledit Ayalon a  récemment fait subir à l’ambassadeur de Turquie, et des excuses  embarrassées qui s’en sont suivies. Mais à côté de la dernière attaque  en date de Lieberman contre la Syrie, le précédent couac diplomatique  ressemble à un incident négligeable …
« Les implications de cette attaque contre la Syrie sont  largement plus dangereuses » estimaient les les éditorialistes du  quotidien israélien Haaretz (5 février 2010) à propos des dernières  déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères sur le  président Bachar Al-Assad.
Tenus devant le Forum des affaires de l’université de  Bar Ilan, les propos du sulfureux ministre israélo-moldave visaient en  fait un collègue, Ehud Barak, qui venait de déclarer qu’il était  impératif de répondre positivement aux offres de paix du président  syrien. Réagissant à ces déclarations, Lieberman s’est emporté : « Nous  avons entendu mes émouvants appels à la paix avec la Syrie du ministre  de la Défense … Quiconque pense que des compromis territoriaux  détacherons la Syrie de l’axe du mal se trompe. Notre message à Assad se  doit d’être clair : Non seulement tu perdras la prochaine guerre, mais  toi et ta famille vous y perdrez le pouvoir. Ni toi ni ta famille ne  resterez au pouvoir. » Au-delà de l’arrogante vulgarité du propos – qui  est l’image de marque du ministre – il y a là une réelle menace de  guerre et les dirigeants syriens ne manqueront pas de la prendre au  sérieux. Comme nous le rappelle Alouf Ben, un autre éditorialiste du  Haaretz, des menaces moins explicites ont déclenché la crise qui a mené à  la guerre de juin 1967.
Dans une interview publiée par le New Yorker, le  président syrien a réagi à cette cacophonie avec un humour qui ne lui  est guère habituel : « Il faut un dictionnaire spécial pour comprendre  les intentions d’Israël. Ce pays n’a pas de dirigeants politiques de  valeur, comme l’a té par exemple Yitzhak Rabin, qui avait bien compris  la signification que peut avoir chaque déclaration politique pour les  différents acteurs Les Israéliens sont comme des enfants qui se  chamaillent et font du tort à leur pays. Ils ne savent tout simplement  pas quoi faire … Nous ne comprenons pas quelle est leur vision  concernant le Moyen-Orient. »
S’il est vrai qu’il y a quelque chose d’infantile et  d’immature dans la politique israélienne – ou plutôt dans a  non-politique – Bachar Al-Assad ne doit pas prendre à la légère les  menaces qui viennent de Tel-Aviv car c’est précisément quand le  gouvernement « ne sait pas quoi faire », quand sa vision des évolutions  politiques au Moyen-Orient se fait confuse, qu’il se met à aspirer à une  redistribution des cartes. C’est à dire à la guerre. Car le  rapprochement de Damas avec l’Europe et les Etats-Unis préoccupe le  gouvernement Netanyahou et il va tout faire pour pousser à nouveau la  Syrie dans les bras de l’Iran – dont elle voudrait bien se détacher – et  redonner vie à ce concept de guerre qu’est « l’axe du mal ». En  attendant le retour des néo-conservateurs à la Maison-Blanche.
publié par Siné Hebdo , "le journal mal élevé",  hebdomadaire en vente dans les kiosques (2 euros) tous les mercredis.
 
 
