publié le              vendredi 19 février 2010            
Lina Sankari
Lina Sankari
Une collégienne a été exclue durant trois  jours pour « prosélytisme ». Elle portait un tee-shirt « Palestine  libre » [1]
Ce pourrait presque être un  sujet de philosophie. Où donc s’arrêtent la citoyenneté et le débat  politique ? La direction du collège Claude-Bernard de  Villefranche-sur-Saône (Rhône) a visiblement tranché : ce sera à la  porte de la classe. À la mi-février, Zeyneb D., élève de troisième, est  exclue de son établissement pour trois jours pour avoir porté un  tee-shirt sur lequel il était inscrit « Palestine libre ». Après la loi  de 2004 qui réglementait le port de signes religieux ostentatoires dans  le milieu scolaire, peut-être pourrait-on suggérer d’adapter la  législation aux tee-shirts.
Selon le collectif caladois pour le peuple palestinien  (CCPP), qui compte parmi ses membres des enseignants, actifs ou  retraités, ainsi que des organisations syndicales (FSU), et soutient la  jeune fille, le « professeur d’histoire-géographie avait, dans un cours  précédent, fait l’éloge d’Israël et repris à son compte et devant les  élèves toute la rhétorique justifiant la colonisation de la Palestine ».  Le lendemain, Zeyneb revient en cours avec son tee-shirt ; son  professeur pousse des cris d’orfraie et la somme de le cacher ou de  prendre la porte. Elle choisit de quitter la salle.
Plus intéressant encore, le professeur s’est sans doute  senti contraint d’expliquer « politiquement » son geste. Le CCPP  rapporte ainsi qu’il s’en serait « pris aux défenseurs de la cause  palestinienne, les taxant de charlots et de charlatans ».
Dans la foulée, la direction de l’établissement rédige  une notification de la mesure disciplinaire dans laquelle elle tient à  peu près ce langage : « Considérant que les faits commis, à savoir  l’acte de prosélytisme et le départ d’un cours sans autorisation avec  refus d’obéissance, constituent une faute justifiant une sanction, une  exclusion provisoire est prononcée à l’encontre de Zyneb. » Reste à  savoir comment interpréter la référence au « prosélytisme » qui renvoie  de fait au religieux. Est-ce à dire que la question de la création d’un  État palestinien est circonscrite au conflit interreligieux ? Voire que  Zeyneb, par extension et du fait de ses origines, distille, par la voie  de son tee-shirt, une propagande promusulmane ? Et, par là même,  peutêtre extrémiste ?
Le collectif caladois pour le peuple palestinien  interroge de son côté : « Estce là l’enseignement ? L’humiliation et la  violence traumatisantes infligées à une adolescente, est-ce là la  pédagogie ? Nous entendons dénoncer une faute grave, et professionnelle  et humaine, une attitude indigne d’un enseignant responsable. » Le  collectif ainsi que la mère de Zeyneb réclament le retrait de la  sanction. « Ma fille porte ce tee-shirt depuis deux ans. Cela n’a jamais  posé de problème. Nos enfants ont le droit de s’exprimer. Palestine  libre, c’est un message de paix. »
[1] Cette décision politique de la  direction de l’établissement a déclenché de très nombreuses réactions.  De nombreuses lettres ont été adressées à la direction du Collège, dont  celle de Hind Khoury, déléguée générale de Palestine en France :
 

 
