mercredi 20 janvier 2010

Vers la pose de l’ultime verrou dans le blocus imposé aux Palestiniens

publié le mardi 19 janvier 2010
Kharroubi Habib

 
Les Européens ont ces jours-ci averti la communauté internationale qu’ils ne maintiendraient pas leur très haut niveau d’aide à l’Autorité palestinienne - environ un milliard d’euros annuellement - sans progrès dans le processus de paix.
La mise en garde européenne se veut une pression sur les Etats-Unis qui ne parviennent pas à relancer ce processus de paix bloqué par le refus d’Israël à donner suite aux exigences préalables à sa poursuite posées par l’Autorité palestinienne et soutenues par l’ensemble de la communauté internationale. Sauf que si l’Union européenne met à exécution son intention, ce ne sont ni les Etats-Unis ni Israël qui en pâtiront mais le peuple palestinien.
Il est normal que les Européens demandent « des avancées politiques » dans le conflit israélo-palestinien en contrepartie de leur contribution financière. L’on comprend qu’ils doivent rendre compte à leurs opinions publiques du pourquoi de leur important engagement financier dans l’affaire.
Mais est-ce le seul moyen dont dispose l’Union européenne pour faire pression sur le cours des évènements en Palestine ? Pourquoi ne met-elle pas dans la balance la menace de réviser ses contributions à l’égard de l’Etat hébreu et de sa coopération avec lui ? Ce qui serait en cohérence avec la logique qu’il faut faire pression sur la partie qui bloque ce processus de paix qu’elle voudrait voir relancé. A tout prendre, le désengagement financier de l’Union européenne à l’égard de l’Autorité palestinienne arrange les affaires du gouvernement sioniste.
Au sens où il affaiblirait encore plus cette Autorité qui serait alors en situation d’être contrainte de céder aux diktats israéliens. N’est-ce pas là finalement la motivation secrète de l’avertissement européen ?
Un tarissement de l’aide européenne en faveur de l’Autorité et du peuple palestiniens aura pour effet de rendre encore plus dramatique la situation dans les territoires occupés, d’autant que, comme le reconnaissent ses porte-parole, celle des Etats arabes « n’est pas à la hauteur de leurs promesses ». Privés de l’aide internationale, les Palestiniens seront totalement dépendants pour leur survie de l’ennemi sioniste, dont on mesure le degré d’inhumanité dans ses rapports avec eux.
Répétons-le : l’Union européenne et la communauté internationale ont toutes raisons d’exprimer de l’impatience devant le blocage qui empêche la reprise du processus de paix au Proche-Orient. Mais elles doivent agir non sur les victimes que sont les Palestiniens, mais sur l’entité sioniste [1] qui en est la cause. Elles ne font rien dans ce sens, si ce n’est déplorer l’entêtement du gouvernement Benjamin Netanyahu qui ne tient nullement compte de leur état d’âme, sachant que cela ne s’accompagne d’aucune sanction dissuasive à l’encontre de l’Etat hébreu.
Après les Etats-Unis qui ont franchement baissé pavillon face à l’obstination israélienne, les Européens s’apprêtent à faire de même, mais en prétextant qu’ils le font pour la « bonne cause », qui est qu’ils exerceraient ainsi la pression et sur Israël et sur l’Amérique pour les amener à réviser leur comportement dans le dossier palestinien. Tant pis si les Palestiniens seront les seuls à faire les frais dramatiques de leur désengagement. Il ne reste que le blocus financier pour contraindre les Palestiniens à aller là où Israël veut les mener par ses conditions. C’est peut-être les Européens qui ont décidé de mettre cet ultime verrou. [2]
[1] "entité sioniste", "Etat hébreu", termes employés par diverses personnes pour désigner Israël et qui sont à la fois réducteurs et erronés, en terme d’histoire et de politique, dans leur globalisation d’une société bien plus morcelée, antagoniste et complexe que ces termes ne le laissent croire
[2] voir par ailleurs

Blocus israélien « Une punition collective intolérable »

selon Amnesty International
Amnesty International a demandé à Israël la levée du blocus qu’il impose à la bande de Ghaza, estimant que cette mesure qui affecte près de 1,5 million d’habitants constitue une « punition collective » intolérable.
L’organisation de défense des droits de l’Homme a réitéré cette demande à l’occasion de la publication d’un rapport intitulé « L’asphyxie de Gaza soumise au blocus israélien ». Ce document rassemble des témoignages de Palestiniens qui tentent de reconstruire leur vie après l’opération israélienne dévastatrice « Plomb durci », (décembre 2008-janvier 2009) qui a fait 1 400 morts et plusieurs milliers de blessés parmi les Palestiniens.
« Ce blocus constitue une punition collective aux termes du droit international et doit être immédiatement levé », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty. « Israël soutient que le blocus (...) répond aux attaques à la roquette sur le sud de son territoire menées sans discrimination par des groupes armés palestiniens. Le fait est qu’au lieu de les viser, ce blocus punit toute la population de la bande de Ghaza », a-t-il souligné.
notes : C.Léostic, Afps