mercredi 20 janvier 2010

Les roses et les fraises de Gaza enfin sur le marché européen

20/01/2010

Depuis décembre, environ 40 tonnes de fraises ont été exportées de Gaza et trois cargaisons de 150 000 fleurs franchissent chaque semaine la frontière avec Israël. Mohammad Abed/AFP
Depuis décembre, environ 40 tonnes de fraises ont été exportées de Gaza et trois cargaisons de 150 000 fleurs franchissent chaque semaine la frontière avec Israël. Mohammad Abed/AFP
Proche-Orient Cette année, plus d'un million de fleurs ont été exportées vers les Pays-Bas.

Il y a un an, le blocus israélien de Gaza obligeait Adham Hijazi à donner ses superbes œillets en pâture au bétail. Aujourd'hui, alors que l'étau se desserre quelque peu, l'horticulteur de Rafah espère que ses fleurs trouveront un débouché sur les marchés européens. « On nous a promis que les passages frontaliers (avec Israël) resteront ouverts pour nos exportations », se réjouit ce fermier palestinien de 33 ans, l'un des plus riches agriculteurs de la bande de Gaza.
Pour la première fois depuis la prise de pouvoir des islamistes du Hamas en juin 2007 à Gaza, les producteurs de fleurs et de fraises - principales sources de revenus agricoles de l'enclave palestinienne - comptent exporter cette année vers l'Europe grâce au soutien des Pays-Bas. Si Israël permet chaque mois à des centaines de camions d'entrer à Gaza avec des produits de première nécessité, l'État hébreu interdit quasiment toute exportation de Gaza, sauf les fleurs et les fraises.
Dans une vaste serre appartenant à Hijazi, près de Rafah (dans le sud de la bande de Gaza), les ouvriers coupent et empaquettent les précieux œillets dans des caisses. « L'an dernier, j'ai subi des pertes considérables, dans les 800 000 dollars. Les fleurs que nous avions cueillies ont servi à nourrir des vaches et des moutons », confie-t-il, amer.
En 2007, Israël n'a autorisé que des exportations limitées de fleurs et de fraises. En janvier 2008, la situation a encore empiré : les exportations ont été complètement stoppées, Israël excipant des attaques et des tirs de roquettes palestiniens pour boucler la frontière. Ce n'est qu'en février 2009, après l'offensive dévastatrice de son armée contre Gaza, qu'Israël a autorisé à titre exceptionnel un chargement de 25 000 fleurs de Gaza destiné aux Pays-Bas à transiter par son territoire. « Le problème, c'est que cette autorisation est venue bien trop tard dans la saison, c'était fini », se souvient, sous le couvert de l'anonymat, un responsable néerlandais impliqué dans le négoce des fleurs. Pour protester contre le blocus, des horticulteurs avaient alors brûlé 1 500 fleurs près du point de passage de Soufa, fermé, dans le sud de la bande de Gaza.
Cette année, en revanche, les autorisations israéliennes de transit sont arrivées à temps, dès le mois de décembre. Depuis, plus d'un million de fleurs - roses et œillets - ont été exportées vers les Pays-Bas, où une grande partie de la production a été revendue vers l'Europe et la Russie. Des horticulteurs de la région de Rafah ont planté 30 hectares de fleurs de bonne qualité avec l'aide des Pays-Bas, précise Saïd al-Raï, le coordinateur palestinien du projet. Avec l'objectif de vendre à l'étranger 35 millions de roses et d'œillets.
Les producteurs de fraises ont également repris, après deux ans d'arrêt, leurs exportations vers l'Europe, via Israël, par l'intermédiaire de la compagnie israélienne Agrexco qui distribue leurs fruits en Europe. Mais Israël n'a autorisé les exportations de fraises que début janvier, ce qui a fait perdre aux producteurs les deux premiers mois de la saison (qui dure quatre mois).
Depuis décembre, environ 40 tonnes de fraises ont pu être exportées, selon le responsable néerlandais. Ce sont les champs qui entourent le village de Beit Lahiya, dans le nord du territoire, tout près de la frontière avec Israël, qui fournissent les meilleures fraises de la région. Mais les cultures ont été endommagées par les bulldozers et les chars lors de l'opération « Plomb durci » de l'armée israélienne il y a un an.
Adel ZAANOUN (AFP)
http://www.lorientlejour.com/category/Moyen-Orient+et+International/article/644282/Les_roses_et_les_fraises_de_Gaza_enfin_sur_le_marche_europeen.html