dimanche 10 janvier 2010

Une vision sioniste du défi du Hamas et du rôle de l’Egypte dans une frappe israélienne à venir


[ 10/01/2010 - 00:20 ]
Liban – CPI=

Un an après la guerre agressive israélienne menée contre Gaza, d’anciennes questions s’imposent encore : "Israël" entamera-t-elle encore une nouvelle agression contre la bande de Gaza ? Et jusqu’où cette agression ira-t-elle ?

Pour ne pas sortir de la logique, il est à supposer que la situation actuelle du mouvement du Hamas, sa capacité militaire et sa solidité économique, un an après l’agression, constituent des fortes incitant les occupants israéliens à réattaquer militairement la bande de Gaza.

En plus de cela, l’alternative au choix militaire pour faire tomber le Hamas, ou du moins le contenir, reste le blocus israélien imposé sur la bande de Gaza (depuis trois ans), avec une participation arabe active depuis un an. On assiège Gaza, mais on porte au Hamas ses conséquences comme les tragédies desquelles souffrent le peuple palestinien, en reliant ces résultats aux choix du mouvement dont surtout la résistance.

On sait que malgré tout, le Hamas a pu développer ses dispositions militaires, en tirant des leçons de l’agression de fin 2008. Elles arrivent à des niveaux records par rapport à la veille de l’agression, selon des rapports israéliens. Cette capacité affermie aggrave la crise israélienne et l’impossibilité d’ignorer le Hamas. Le Hamas continue à être un véritable obstacle devant toute régularisation que les Israéliens veulent faire avaler aux Palestiniens, sous une forte assistance américaine.

Par contre, plusieurs raisons et données peuvent freiner les ardeurs poussant les Israéliens à une nouvelle opération militaire de grande envergure, au moins actuellement. On énumérera plusieurs raisons, entre autres.

Tout d’abord, les Israéliens attendent ce que le régime égyptien peut faire pour éviter la guerre, tant coûteuse. Ils parient sur la construction du « mur d’acier » qui pourrait limiter la possibilité de la résistance dans la bande de Gaza de développer ses aptitudes militaires menaçant encore plus la sécurité israélienne.

Puis Benyamin Netanyahu, le premier ministre israélien, se trouve obligé de n’être en opposition à la priorité américaine qui consiste à pousser l’opération de paix avec les Palestiniens. Cette priorité pourrait freiner toute volonté d’une escalade militaire sur le front qui pourrait donner des résultats concrets et politiques inconnus.

Par ailleurs, les Israéliens s’occupent à focaliser toutes les lumières sur le programme nucléaire iranien qui est déjà arrivé à un stade critique. Toute la direction israélienne, politique et militaire, ainsi que les services de renseignements croient (ou veulent faire croire) que l’Iran possède toute l’expérience et tous les produits nécessaires à la fabrication d’armes nucléaires.

Et toute agression contre la bande de Gaza pourrait dévier les priorités de l’administration américaine, et cela sera loin de la volonté d’"Israël" pour qui l’Iran représente la menace pesant sur sa sécurité nationale.

Afin d’entamer une nouvelle guerre de grande envergure contre la bande de Gaza, il manque à la direction israélienne une légitimité aussi bien intérieure qu’internationale. Le calme, même précaire, freine toute impulsion dans cette direction, au moins à ce stade.

L’opération de paix se trouve dans une impasse, sous un gouvernement plutôt d’extrême droite, une raison supplémentaire pour stopper l'ardeur israélienne.

Et sur le terrain proprement dit, "Israël" devra bien délimiter ses objectifs pour toute nouvelle agression contre la Bande, surtout que le choix militaire a été trop usé durant la dernière agression.

Ainsi, la direction israélienne devra bien choisir ses objectifs pour bien en connaître les résultats, selon les expériences du passé. Des objectifs comme la réoccupation de la bande de Gaza, la destruction des forces militaires du Hamas et des autres factions, ou du moins il faudra les modeler politiquement, ou enfin imposer des mesures sur le terrain les empêchant de continuer à se renforcer militairement.

En tout cas, actuellement, les Israéliens misent beaucoup sur le régime égyptien et sur ce qu’il pourra faire dans ce domaine, en attendant les développements régionaux au niveau du dossier de la paix (avec les Palestiniens) et du dossier nucléaire iranien.

Les médias rapportent une suggestion faite par le premier ministre israélien, pendant sa visite au Caire, il y a une semaine. Il demande à l’Egypte d’organiser une réunion au sommet entre lui et Mahmoud Abbas. On dit que ce dernier regarde cette suggestion d’un œil conciliant.

Mais que pourra-t-on tirer de la suggestion de Netanyahu ? Peut-on dire que cette suggestion soit le début d’une nouvelle tournée de négociations israélo-palestiniennes ? Mais en regardant bien cette demande de Netanyahu, on pourra voir trois objectifs :

Premièrement : isoler et affaiblir le Hamas, détesté pour des différentes raisons, par "Israël" comme par le Fatah guidé par Mahmoud Abbas, en Cisjordanie, ainsi que par l’Egypte.

"Israël" trouve le défi du Hamas insupportable. Et Abbas, de son côté, voit dans le Hamas un concurrent dangereux à la direction palestinienne. Et pour le régime égyptien, le mouvement islamique palestinien, ayant un fort lien avec le groupe des Frères Musulmans de l’Egypte, représente un danger pour la sécurité dans le Sinaï.

Deuxièmement : il y a quelques appréhensions accompagnant la pression pratiquée par "Israël" et les Etats-Unis sur l’Egypte pour qu’elle participe au projet essayant d’empêcher les Palestiniens de creuser des tunnels reliant la bande de Gaza et les territoires égyptiens, en construisant un mur métallique très profond sur les frontières.

Troisièmement : Il se pourrait que Netanyahu voudrait voler la lumière de George Mitchell, l’envoyé spécial d’Obama au Moyen-Orient. Ce dernier ne cesse depuis un certain temps d’inciter les Israéliens et les Palestiniens à reprendre les négociations gelées. Il est sûr que Netanyahu n’a aucune volonté d’entamer des négociations sérieuses, avec sa politique provocatrice de construction de colonies.

De plus, la lacune entre les opinions de Netanyahu concernant les négociations et les opinions des Palestiniens est très large. Cette lacune ne laisse aucune chance à toute négociation de réussir. Elle reflète par contre son inutilité. "Israël" a une grande appréhension, beaucoup plus qu’autre chose, vis-à-vis d’une intervention internationale dans le conflit israélo-palestinien.

Elle sait bien qu’il pourrait y avoir un consensus rassemblant les Etats-Unis, la Russie, l’Union Européenne et l’ONU sur la solution à deux Etats.

"Israël", par la suggestion de son premier ministre, veut dépasser toute tentative internationale visant à mettre un cadre pour les négociations ou à appeler à une conférence internationale.

Finalement, l’objectif de Netanyahu est d’imposer aux Palestiniens vaincus ses conditions, dans des négociations bilatérales, sans aucun médiateur.
Article paru dans le journal libanais Al-Akhbar, le 6 janvier 10
Traduit par le CPI