samedi 16 janvier 2010

Ramener les optimistes à la réalité

Israel - 15-01-2010
Par Khaled Amayreh 
Démentant de récentes suggestions sur le fait qu’il pourrait avoir modéré ses positions extrémistes vis-à-vis des principaux points litigieux avec les Palestiniens, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé l’orientation de rejet de son gouvernement, disant qu’Israël ne se retirerait jamais de Jérusalem Est, ni ne reviendrait aux frontières de 1967, ni n’autoriserait que les réfugiés palestiniens soient rapatriés chez eux dans ce qui est maintenant « Israël ».




















Des Palestiniens observent la “bonne volonté” sioniste en action dans un village de Cisjordanie. (Photographe : Ahmad Gharabli/AFP/Getty images)


La déclaration de Netanyahu répond aux critiques de ses collègues d’extrême-droite qui l’ont accusé d’avoir franchi les lignes rouges politique du gouvernement lors de sa visite récente au Caire. Selon certains rapports, le premier ministre israélien a dit à ses interlocuteurs égyptiens qu’il était disposé à discuter « de toutes les problèmes en suspens dans un esprit de bonne volonté. »

En privé, Netanyahu a expliqué que ses paroles au Caire avaient été mal interprétées et mal comprises par les Egyptiens, et qu’il était simplement prêt à « discuter », pas à « faire des concessions » sur ces questions. « Discuter ne signifie pas faire des concessions, » aurait-il dit à ses détracteurs.

Le Ministre des Affaires étrangères égyptien, Ahmed Abul-Gheit, a suscité quelque espoir la semaine dernière lorsqu’il a suggéré que Netanyahu revenait sur sa position d’antan et qu’il était désireux de discuter de la possibilité de faire de Jérusalem Est la capitale d’un éventuel Etat palestinien.

Les remarques du responsable égyptien, conjuguées à des activités diplomatiques accrues à Washington et dans plusieurs capitales arabes, ont donné une certaine impression que les eaux stagnantes du processus de paix au point mort s’agitaient. Cependant, faire bouger le processus de paix est une chose, obtenir des résultats tangibles en est une autre.

Même les soi-disant nouvelles idées états-uniennnes, à savoir le contournement de la question centrale de l’expansion coloniale juive en Cisjordanie, ont été rejetées par Israël. Le gouvernement israélien n’a diffusé aucune réaction officielle aux propositions états-uniennnes, probablement parce qu’elles n’ont pas été formulées officiellement, ou officiellement transmises à Israël.

Cependant, l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Michael Oren, a qualifié d’« irréaliste » l’objectif états-unien d’établissement de la paix dans les deux ans.

« Nous savons d’expérience que l’établissement d’un Etat prend beaucoup de temps, » aurait dit Oren, cité par le quotidien Ha’aretz. Toutefois, les Palestiniens soutiennent qu’Israël veut prolonger les négociations aussi longtemps que possible pour gagner plus de temps pour voler davantage de terre palestinienne, judaïser Jérusalem et construire davantage de colonies exclusivement juives aux dépens des Palestiniens.

Ayant jusqu’à maintenant échoué à arracher la moindre « concession » à Netanyahu, l’administration Obama a fait pression sur ses prétendus alliés arabes pour faire pression sur l’incroyablement vulnérable direction de l’Autorité Palestinienne (AP) pour qu’elle accepte de reprendre les pourparlers de paix avec Israël sans conditions préalables. Les Etats-Unis ont suggéré qu’ils offriraient au leader de l’AP Mahmoud Abbas toute une série de récompenses pour le pousser à accepter de reprendre les négociations de paix avec Israël.

Cependant, les incitations suggérées – ainsi que la pression arabe – semblent avoir échoué à faire changer d’avis Abbas, du moins pour l’instant.

Cette semaine, le Conseil central du Fatah a réaffirmé le refus de l’AP de reprendre les négociations de paix avec Israël tant que ce dernier ne gèlerait pas toutes les constructions de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est. Néanmoins, le ton de la déclaration du Fatah était relativement faible, qui suggérait que la direction de l’AP pourrait éventuellement accepter de contourner la question du gel des colonies en échange d’un « prix satisfaisant ».

Tel que rapporté par les médias israéliens, ce prix satisfaisant pourrait comprendre la suspension des assassinats des activistes du Fatah par l’armée israélienne, l’assouplissement du blocus de la Bande de Gaza, l’autorisation d’entrée des matériaux de construction permettant la reconstruction à Gaza et la cession de davantage de territoire sous contrôle de l’AP en Cisjordanie. Israël pourrait également libérer quelques prisonniers du Fatah, comme Marwan Barghouti.

Les dirigeants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) ont refusé de commenter ces rapports, mais Mohammed Dahlan, ancien homme fort et maintenant membre du puissant Comité Exécutif du Fatah, a été cité par l’agence de presse locale Maan News disant qu’il pensait que les négociations de paix avec Israël reprendraient bientôt.

Entre temps, l’envoyé pour la paix au Moyen-Orient George Mitchell doit arriver dans la région dans quelques jours pour vendre sa vision de la fin du conflit arabo-israélien dans deux ans. Mitchell essaiera de convaincre la direction palestinienne de commencer des discussions « de proximité » avec Israël dans le but de réduire l’écart entre les positions respectives d’Israël et des Palestiniens. La plupart des responsables de l’AP considèrent les discussions proposées comme « futiles et vaines ».

« Nous n’avons pas besoin de discuter des mêmes choses dont nous discutons depuis 18 ans. Il est maintenant temps de prendre des décisions, pas de se lancer dans d’autres discussions stériles avec un gouvernement qui est plus intéressé par la construction de colonies et la judaïsation de Jérusalem que par la paix, », a dit l’ancien négociateur en chef de l’AP Saeb Erekat.

Le ton d’Erekat reflète la frustration et l’exaspération grandissantes de l’AP, qui se rend compte que l’administration Obama n’a pas tenu ses promesses et ses engagements de faire pression sur Israël pour qu’il gèle l’expansion des colonies et qu’il adopte la voie de la paix. En effet, les récentes déclarations de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton appelant à « des négociations sans conditions préalables » entre Israël et l’AP – impliquant qu’Israël n’aurait pas à geler la colonisation, du moins pour le moment – ont considérablement déplu aux leaders palestiniens.

Erekat a dit : « Ce n’est pas la question de conditions préalables, il s’agit de remplir les obligations et les engagements de la feuille de route » – le plan de paix conçu il y a quelques années par Washington et par Israël.

L’Autorité Palestinienne a presque complètement rempli ses obligations selon la feuille de route, y compris combattre « le terrorisme », lutter contre l’incitation anti-Israël et collaborer activement avec Israël contre « les ennemis de la paix ». Mais, pour sa part, Israël a non seulement refusé d’exécuter sa partie du plan, mais a continué sans relâche à construire des colonies juives en Cisjordanie, en particulier à Jérusalem Est. Ce fait cause beaucoup d’amertume et de déception dans les cercles de l’AP, dont beaucoup de responsables se sentent maintenant trahis par les Etats-Unis.

De fait, loin de remplir ses obligations selon la feuille de route, Israël continue ses provocations quotidiennes en Cisjordanie. Au début de la semaine, l’armée israélienne d’occupation a démoli pas moins de 20 maisons dans le nord de la Cisjordanie. Un fonctionnaire israélien a suggéré que les démolitions de masse des maisons palestiniennes visaient à « dédommager les colons juifs » pour le gel bref et malhonnête de l’expansion coloniale en Cisjordanie.

Enfin, Israël a réagi avec colère aux suggestions de Mitchell selon lesquelles l’administration Obama pourrait se servir des prêts états-uniens consentis à Israël pour faire pression sur l’Etat juif pour parvenir à la paix avec les Palestiniens et se retirer des territoires qu’il occupe. Le ministre des finances israélien aurait dit qu’Israël n’avait plus besoin de l’aide financière états-unienne. D’autres responsables israéliens ont fait preuve d’encore moins de tact.

La querelle sur les remarques de Mitchell, faites récemment lors d’un entretien avec la chaîne publique états-unienne de TV PBS, coïncidait avec la visite en Israël de deux puissants inconditionnels états-uniens pro-Israël, les sénateurs Joseph Lieberman et John McCain. Les deux sénateurs ont dit aux responsables israéliens de ne pas s’inquiéter des sanctions financières états-uniennes. « De telles sanctions ne passeront pas au Congrès, » ont assuré les deux sénateurs aux dirigeants israéliens.
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13266&type=analyse&lesujet=Sionisme