jeudi 28 janvier 2010

Palestine : l’an zéro du processus de paix

publié le mercredi 27 janvier 2010
Gilles Paris

 
Un an pour rien : c’est le sentiment laissé par l’émissaire américain pour le Proche Orient George Mitchell après sa dernière tournée à Jérusalem et à Ramallah.
En vérité, le bilan est même plus sombre puisque le désenchantement de 2010 a remplacé l’espoir de 2009, et ce ne sont pas les “idées” de micro-gestion laissées par l’émissaire américain avant son départ (transferts limités de souveraineté au profit des Palestiniens, libérations de prisonniers palestiniens) qui semblent de nature à ranimer le processus de paix.
Face à cet échec et alors que les institutions palestiniennes sont désormais toutes théoriquement “illégales” (la présidence de Mahmoud Abbas depuis le 9 janvier 2009 et le Conseil législatif depuis le 25 janvier), Stephen Walt, sur le site de Foreign Policy , plaide pour une démission de l’émissaire américain. A dire vrai, le mea culpa du président Barack Obama à Time suppose que des enseignements soient tirés. Car sur ce dossier, la nouvelle administration américaine ne partait pas, en apparence, dans l’inconnu. Le secrétaire général de la Maison Blanche, Rahm Emanuel , était réputé pour sa connaissance du jeu politique israélien, et le conseiller à la sécurité nationale, James Jones , venait de passer de longs mois dans les territoires palestiniens.
Dans le Monde daté du 25 janvier, Robert Malley, directeur du programme Moyen-Orient de l’International Crisis Group (ICG) et ancien conseiller du président Bill Clinton pour les affaires israélo-arabes a plaidé pour qu’il soit fait table rase du passé : “Que Barack Obama ait passé l’an I de sa présidence à vérifier la pertinence de conceptions périmées n’a rien de surprenant. On ne se défait pas facilement d’un héritage politique ou idéologique. C’est maintenant, alors que l’administration achoppe sur des réalités en décalage avec sa vision, que commence l’épreuve de vérité.”
Depuis les accords d’Oslo, le processus de paix a reposé sur des négociations bilatérales entre Israël et l’OLP en vue d’un statut final, dans le cadre de la solution des deux Etats. Cette vision est-elle encore pertinente ? Robert Malley, comme d’autres, pense que non.
L’échec actuel ne peut qu’apporter du crédit aux critiques qui, comme Giora Eiland, plaident pour une approche régionalisée. On en avait déjà parlé en septembre 2008 : cet ancien responsable du planning de l’armée israélienne, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Ariel Sharon, estime que la question palestinienne ne peut plus être réglée dans le cadre des frontières de la Palestine mandataire ni dans le format en vigueur depuis 1993.
Il plaide à nouveau, dans un rapport publié par le Besa Center for Strategic Studies , pour des échanges de terres entre Israël, l’Egypte et les territoires palestiniens, en coordination avec la Jordanie. Simple exercice de diplomatie virtuelle ? Ou début de remise en cause radicale ?
publié sur le blog du Monde "Nouvelles d’Orient"