jeudi 15 octobre 2009

Une crise nouvelle se développe en Palestine

mardi 13 octobre 2009 - 12h:00

Kathleen et Bill Christison
CounterPunch


Le sionisme n’a aucune place dans sa pensée, et les dirigeants israéliens n’ont aucune place dans leur politique, pour laisser le moindre non juif, le moindre Palestinien vivre en Palestine en liberté et à égalité.

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Enfant palestinien assassiné dans un bombardement israélien lors de l’attaque sur Gaza de décembre et janvier dernier - Une absence de toute pression sur Israël pour aller vers une solution conduira inévitablement à plus de guerre et plus de morts.


Les tensions montent du fait du manque de fermeté de l’Administration Obama

L’article qui suit est basé pour une grande part sur une partie du nouveau livre que viennent de publier Kathleen et Bill Christisson, qui contribuent à Counterpunch. Leur livre, La Palestine en morceaux est édité par Pluto Press. Il donne une description complète de tous les aspects de l’occupation israélienne des territoires palestiniens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est. Il apporte des points de vue personnels et illustrés, expliquant les façons dont Israël domine et entrave la vie des Palestiniens, et il va même au-delà en abordant les intentions d’Israël pour le long terme. Illustré de plus de 50 photos, le livre soutient que l’occupation fait partie intégrante d’une volonté ultime d’Israël de maintenir sa mainmise sur l’ensemble de la Palestine et de fragmenter les territoires occupés de sorte que toute présence durable des Palestiniens sur ce territoire, en tant que nation, sera réduite à néant.


Nous nous sommes rendus en Palestine de multiples fois, et plus particulièrement à huit reprises depuis 2003, et nous avons pu assister de près à des changements de grande ampleur que le sionisme impose en permanence à la terre et au peuple, et aucun pour le meilleur. Les Palestiniens subissent des niveaux toujours plus élevés dans la persécution et la maltraitance venant d’un régime israélien de droite qui en a eu la possibilité et qui y a été encouragé par l’échec lamentable de l’Administration Obama à exercer sur lui une véritable pression. (Voir Jonathan Cook, How Israel Buried the UN’s War Crime Probe - Counterpunch, 6 octobre 2009).

On ne peut revenir même d’un simple voyage dans toute la Cisjordanie sans s’être rendu compte que le sionisme n’est pas une simple philosophie politique abstraite mais qu’il est au contraire un mouvement juif d’épuration, agressif, exclusif et prévu depuis le début pour retirer de sa route tout ce qui n’est pas juif. A chaque voyage que nous avons fait depuis 2003, les choses avaient été de mal en pis pour les Palestiniens. Vous pouvez véritablement voir ces implantations juives à travers le territoire - tout le territoire de Palestine -, concrètement, vous pouvez véritablement voir que le sionisme n’a aucune place dans sa pensée, et que les dirigeants israéliens n’ont aucune place dans leur politique, pour laisser le moindre non juif, le moindre Palestinien vivre en Palestine en liberté et à égalité.

Peu après qu’Israël ait mis fin unilatéralement à l’opération Plomb durci, son agression violente début 2009 contre Gaza, Obama était investi et promettait de substantiels changements dans la politique étrangère des Etats-Unis et dans la sensibilité et le ton des relations états-uniennes avec le monde et particulièrement le monde musulman. Les décisions politiques d’Obama jusqu’à présent, s’agissant de la Palestine/Israël, semblent cependant démontrer clairement que sur cette question, il n’y aura guère ou pas de changement.

(JPG)La conjonction du massacre de Gaza et de l’élection d’un gouvernement très à droite en Israël, avec le début de la présidence d’Obama a surtout placé le conflit israélo-palestinien au point mort. L’appel plutôt mou d’Obama pour un arrêt de l’expansion de la colonisation israélienne et son échec dans sa pression sur Israël pour cette question confirment bien l’impasse. Ces développements ont clairement montré, pour quiconque n’avait pas déjà noté la tendance ou qui avait espéré qu’on y résiste, qu’Israël n’a aucunement l’intention de renoncer à son contrôle sur toute la Palestine et, de plus, qu’il a manifestement celle de détruire la Palestine en tant que nation, en massacrant et en expulsant son peuple, en s’appropriant sa terre et en étranglant son économie. Obama ne montre aucune inclination à affronter ou à essayer de modifier cette réalité et il a déjà été confronté à des obstacles presque insurmontables ne serait-ce que pour essayer. Les dirigeants israéliens ont travaillé étroitement avec le lobby proisraélien et le système militaro-industriel aux Etats-Unis pour enserrer les Etats-Unis dans un partenariat rigoureux avec Israël et pour veiller à ce que les dirigeants politiques des USA, dont Obama et le Congrès, ne puissent considérer l’occupation israélienne comme une violation insupportable des droits humains et politiques palestiniens.

Les évènements de 2009 jusqu’à présent ont également mis une contrainte psychologique lourde sur toute avancée vers une résolution du conflit. Après Gaza, un grand nombre d’Israéliens manifestent de façon de plus en plus explicite leur haine absolue des Arabes et des Palestiniens, une réaction qui se reflète dans la poussée à droite aux élections. Quant aux Palestiniens, en dépit des années où ils se sont accrochés à un engagement de vivre pacifiquement dans un petit Etat indépendant à côté d’Israël, un grand nombre d’entre eux sont aujourd’hui profondément désabusés et ont perdu le désir de toute réconciliation avec leur occupant. Et aux Etats-Unis, de nombreux secteurs du discours public, sous l’influence du lobby proisraélien et d’une aggravation inquiétante du sentiment anti-arabe et anti-musulman, sont devenus véhémentement encore plus partisans d’Israël, et fermés à toute préoccupation, ou même à toute prise de conscience, des conséquences humaines et nationales pour les Palestiniens d’une occupation toujours plus dure de la part d’Israël et de la dévastation implacable par ses agressions, comme celle de Gaza.

La question cruciale pour l’avenir est de savoir si Obama va affronter le barrage mis sur son chemin par l’opération de Gaza et la poussée à droite d’Israël, ou s’il va simplement reculer devant ces obstacles au progrès. Une absence de toute pression sur Israël pour aller vers une solution conduira inévitablement Israël à poursuivre le renforcement de l’occupation - plus de colonies, plus d’entraves à la croissance palestinienne, et plus de lamentables réalités de toutes sortes pour les Palestiniens. Cela ne signifie pas qu’Israël « gagnera » au bout du compte - quoi que veuille dire « gagner » dans ce contexte. Il est tout aussi probable que les Etats-Unis et Israël seront obligés finalement de modifier leurs propres politiques. Pendant ce temps, il y aura - et toujours plus absurdes - plus de guerre et plus de morts à se perpétrer indéfiniment dans l’avenir. Et tant la responsabilité des Etats-Unis dans ces développements, que la compréhension mondiale de l’origine de cette responsabilité, pèseront de plus en plus au même rythme.

(JPG)Bill Christison est ancien responsable de haut niveau à la CIA.Kathleen Christison est l’auteur dePerceptions of Palestine et The Wound of Dispossession.

Ils sont joignables à l’adresse mél : kb.christison@earthlink.ne.

Edition du week-end du 9/11 octobre 2009 - CounterPunch - traduction : JPP