vendredi 6 novembre 2009

Abbas ne se représentera pas

06/11/2009

Une décision qui intervient après les déclarations d'Hillary Clinton et alors que le Hamas et le Fateh n'arrivent pas à se réconcilier.
Le président Mahmoud Abbas a annoncé hier soir qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de l'Autorité palestinienne lors des élections générales prévues le 24 janvier. « J'ai dit au comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et au comité central du Fateh que je ne souhaite pas me présenter à la prochaine élection (présidentielle) », a affirmé M. Abbas lors d'une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie. « Ce n'est pas une manœuvre. J'espère que tout le monde comprendra cette décision et je vais m'efforcer de la faire comprendre », a-t-il ajouté.
« Le président Abbas a dit plus d'une fois qu'il ne veut pas être un candidat (à la présidentielle) en raison de son sentiment de grande frustration devant la position américaine sur le processus de paix », a expliqué un dirigeant du Fateh (le parti de M. Abbas), Nabil Chaath.
Le week-end dernier, lors d'une visite à Jérusalem, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a exprimé son soutien à la position du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui veut une reprise des pourparlers sans préconditions et ne propose qu'un gel partiel de la colonisation. Même si Mme Clinton a fait marche arrière depuis, ses propos à Jérusalem ont suscité une immense surprise et de l'incompréhension, sinon de la colère, dans le camp palestinien.
Illustration de son mécontentement face à la concession aux Israéliens par Hillary Clinton, Abbas a salué les efforts de l'administration Obama pour la cause de la paix, tout en ajoutant : « Nous avons été surpris de voir (les Américains) pencher pour la position israélienne. »
« Les Américains ont abandonné leurs obligations », a déploré Nabil Chaath, soulignant que les Palestiniens avaient de leur côté respecté tous les engagements envers la communauté internationale depuis l'adoption de la « feuille de route » en 2003. Hier soir, la Maison-Blanche a salué en Mahmoud Abbas un « vrai partenaire » des États-Unis. « Je dirais simplement que, quelle que soit sa décision, nous comptons continuer à travailler avec lui », a dit le porte-parole du président Obama, Robert Gibbs, à la presse sans s'exprimer sur l'impact d'une telle décision sur un processus de résolution du conflit israélo-palestinien qui est déjà bien mal en point et dont M. Abbas était un acteur primordial.
Le geste fort de M. Abbas intervient aussi alors que le camp palestinien est profondément divisé, le Fateh et le Hamas (qui contrôle la bande de Gaza) étant incapables de se réconcilier en dépit d'une médiation de l'Égypte. Le Hamas s'est abstenu de commenter « une décision interne du Fateh », mais il a fait porter la responsabilité de la décision de M. Abbas sur les États-Unis et Israël. « Nous interprétons cette initiative (de M. Abbas) comme un message de désaveu envers ses amis israéliens et américains après qu'ils l'ont ignoré et instrumentalisé », a déclaré à l'AFP un porte-parole du Hamas. Les deux principaux mouvements palestiniens sont à couteaux tirés depuis la violente prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, en juin 2007, au détriment du Fateh, après 18 mois de coexistence houleuse au pouvoir. Mahmoud Abbas, 74 ans, plus connu auprès des siens sous son nom de guerre d'Abou Mazen, avait pourtant été triomphalement élu à la présidence de l'Autorité palestinienne le 9 janvier 2005. Depuis, il n'a eu de cesse de répéter qu'il œuvrerait à la création d'un État palestinien indépendant, avec Jérusalem comme capitale, au règlement du problème des réfugiés et la libération des détenus palestiniens. Mais ce négociateur infatigable à la réputation de pragmatique n'a pas réussi à faire fléchir Israël.