samedi 24 octobre 2009

Uranium appauvri : les bébés morts en Iraq et en Afghanistan ne sont pas une blague

vendredi 23 octobre 2009 - 20h:44

Dave Lindorff - Counterpunch


L’impact réel de l’utilisation d’un armement à uranium appauvri sur les régions urbanisées ne sera connu qu’au fil des ans, quand les conséquences toxiques commenceront à apparaître dans l’accroissement du nombre de cancers, de malformations congénitales et autres troubles génétiques en Iraq et en Afghanistan.

Les armes à uranium appauvri

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Malformation congénitale chez un enfant irakien causée par l’UA
(Source : Planète Non Violence)

L’horreur de la campagne américaine Agent orange au Vietnam, sur laquelle j’ai écrit le 15 octobre, pourrait finalement être surpassée par l’horreur des armes à uranium appauvri que les USA ont commencé à utiliser pendant la Guerre du Golfe de 1991 (300 tonnes) et qu’ils ont utilisées plus massivement, surtout sur des secteurs beaucoup plus habités, pendant la guerre en Iraq et aujourd’hui pour l’intensification de la guerre en Afghanistan.

L’uranium appauvri, malgré sa dénomination plutôt atténuante, n’est pas appauvri de sa radioactivité ou de sa toxicité. Le terme appauvri se réfère à la réduction des isotopes U-235 nécessaires aux réactions de la fission dans les réacteurs nucléaires. Les déchets nucléaires provenant des centrales nucléaires, connus sous le nom d’uranium appauvri, sont essentiellement composés d’isotopes d’uranium U-238, ainsi que d’U-236 (produit de la fission du réacteur nucléaire, qu’on ne trouve pas dans la nature) et d’autres oligoéléments radioactifs. Il s’avère être un métal idéal pour un certain nombre d’emplois d’armements et il a été amassé par le Pentagone.

1,7 fois plus lourd que le plomb et beaucoup plus dur que l’acier, avec en plus la propriété de brûler à une température extrêmement élevée, l’uranium appauvri a prouvé qu’il était un pénétrateur idéal pour les ogives destinées à transpercer des blindages épais ou des blockhaus en béton compact faits de béton armé et d’acier. En conséquence, l’uranium appauvri a trouvé sa place comme munitions pour les mitrailleuses de 30 mm, surtout les Warthog A-10 des avions de combat pour attaques terrestres dont on se sert massivement en Iraq et en Afghanistan (tout comme au Kosovo).

C’est aussi une ogive de choix utilisée sur les chars d’assaut Abrams et elle le serait également pour les bombes anti-blockhaus GBU-28 et plus tard les GBU-37. L’uranium appauvri sert également comme ballast dans les missiles de croisière, il s’enflamme alors quand les missiles font exploser leurs charges d’explosifs conventionnels. Certains missiles de croisière sont également conçus pour atteindre des cibles renforcées et seraient équipés d’ogives à uranium appauvri à l’instar du missile air/sol AGM-130 qui porte une ogive pénétrante d’une tonne.

Alors que le Pentagone continue d’affirmer, contre toute évidence scientifique, que l’uranium ne pose aucun risque, les troupes US en Iraq auraient été informées d’éviter tous les sites sur lesquels ces armes ont été utilisées : les chars d’assaut iraquiens, les blockhaus explosés, etc. Bizarrement, les autorités sanitaires internationales ont été empêchées de faire des études sur les sites concernés par l’uranium appauvri.

(GIF)
Soldat US manipulant un obus à uranium appauvri.
(Source : Gulflink)

Une série d’articles datant de plusieurs années du Christian Science Monitor ont montré comment des journalistes de ce journal s’étaient rendus sur de tels sites avec des compteurs Geiger et avaient relevé un taux « élevé » de radioactivité. L’uranium appauvri est un grand danger non pas en tant que métal, mais une fois qu’il a explosé et brûlé, et que les particules d’oxyde d’uranium, qui est tout aussi radioactif que les isotopies purs, peuvent être inhalées ou ingérées. Même la plus petite particule d’uranium est tout aussi mortellement toxique qu’un produit chimique et peut être cause de cancer.

Des rapports font état d’augmentation spectaculaire dans la fréquence des bébés nés malformés à Fallujah, où des armes à uranium appauvri ont été largement utilisées durant l’agression de novembre 2004 sur cette ville, par les Marines US.

Mais l’impact réel de l’utilisation première d’un armement à uranium appauvri sur les régions urbanisées ne sera connu qu’au fil des ans, quand les conséquences toxiques de ce dernier crime de guerre états-unien commenceront à apparaître dans l’accroissement du nombre de cancers, de malformations congénitales et autres troubles génétiques en Iraq et en Afghanistan.

* Dave Lindorff est journaliste, basé à Philadelphie, et chroniqueur. Son dernier livre, The Case for Impeachment(Presse St Martin, 2006, est disponible maintenant en livre de poche). Il peut être contacté à l’adresse :dlindorff@mindspring.com

20 octobre 2009 - Counterpunch - traduction : JPP

http://info-palestine.net/article.php3?id_article=7504