vendredi 2 octobre 2009

Rencontre historique entre les USA et l’Iran

02/10/2009
Javier Solana et Saïd Jalili avant le début des négociations sur le programme nucléaire iranien, hier à Genève.Dominic Favre/AFP
Javier Solana et Saïd Jalili avant le début des négociations sur le programme nucléaire iranien, hier à Genève.Dominic Favre/AFP
Rencontre historique entre Américains et Iraniens à Genève ; Obama juge « constructives » les discussions, mais réclame des actes concrets de la part de Téhéran.
Les représentants des six grandes puissances en charge du dossier nucléaire iranien ont obtenu hier des avancées notables lors d'une journée-marathon de pourparlers à Genève, notamment la promesse d'une inspection du site d'enrichissement d'uranium de Qom (centre de l'Iran). Donnant satisfaction à l'une des principales demandes des Six, l'Iran s'est engagé à donner un accès d'ici à « deux semaines » à ce nouveau site d'enrichissement, dont l'existence n'a été révélée que la semaine dernière, a indiqué le représentant français Jacques Audibert. À Vienne, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a annoncé dans la foulée que son directeur général sortant, Mohammad el-Baradei, se rendrait « prochainement » à Téhéran « à l'invitation des autorités iraniennes ».
Par ailleurs, aux termes d'un « accord de principe (...), l'uranium faiblement enrichi en Iran sera exporté dans d'autres pays pour être totalement enrichi », reprenant une proposition avancée la veille par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Un responsable américain qui a requis l'anonymat a affirmé hier à Reuters que la majeure partie de l'uranium iranien sera envoyé en Russie pour y être enrichi. Un de ses collègues a ajouté qu'il s'agissait là d'une étape importante en vue de rétablir la confiance.
« Il y a eu un arrêt dans les discussions depuis juillet 2008, mais j'ai le sentiment que cette fois-ci il n'y aura pas d'arrêt dans les discussions et qu'elles vont se poursuivre », s'est félicité le chef de la délégation iranienne Saïd Jalili. Depuis New York, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a lui aussi salué l'atmosphère « constructive » des entretiens. Les délégations se sont d'ailleurs mis « d'accord pour intensifier le dialogue dans les prochaines semaines » et devraient se retrouver avant la fin du mois d'octobre, a expliqué de son côté le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana.
La journée de pourparlers dans une villa cossue de la banlieue de Genève a également permis un tête-à-tête entre le chef de la délégation américaine, le sous-secrétaire d'État américain William Burns, et son homologue iranien. C'était la première rencontre bilatérale à ce niveau depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, il y a une trentaine d'années.
À Washington, le président américain Barack Obama a jugé hier « constructives » les discussions menées avec l'Iran à Genève, mais a réclamé qu'elles soient suivies d'actes concrets de la part de la République islamique, faute de quoi il augmentera la pression sur elle. La Maison-Blanche a en effet menacé l'Iran de nouvelles sanctions s'il essayait d'utiliser le processus relancé à Genève pour gagner du temps et faire avancer son programme nucléaire. Excédées par des années de discussions stériles, les capitales occidentales avaient brandi la menace de nouvelles sanctions en cas d'échec à Genève, répétant que l'option militaire demeurait sur la table.
Confronté à une crise politique intérieure et à des besoins économiques grandissants, Téhéran, habitué à « gagner du temps » sans rien lâcher, semble donc s'être montré cette fois plus conciliant. Le négociateur iranien Saïd Jalili a cependant répété hier aux représentants des grandes puissances que Téhéran ne renoncerait jamais à ses « droits absolus » dans le cadre de son programme nucléaire, a rapporté l'agence iranienne ISNA.