vendredi 2 octobre 2009

Israël accorde une petite chance à la diplomatie américaine

02/10/2009
Les Israéliens ont baissé le ton contre Téhéran en dépit de la révélation d'un second site d'enrichissement d'uranium.
Si Israël a plusieurs fois rappelé que ses avions étaient prêts à frapper les installations nucléaires iraniennes, ses diplomates, eux, sont restés relativement silencieux ces derniers jours en dépit de la révélation de l'existence d'un nouveau centre d'enrichissement d'uranium et de tirs de missiles capables d'atteindre Israël. Comme de nombreux pays occidentaux, Israël accuse la République islamique de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'activités nucléaires civiles. Des accusations constamment démenties par Téhéran.
Mais, à en croire la plupart des experts, le gouvernement israélien semble pour le moment disposé à laisser sa chance à l'option diplomatique du président américain Barack Obama. « Les Israéliens donnent sa chance à Obama. Ils vont attendre fin 2009 avant de réévaluer la situation », explique Efraïm Inbar, directeur du centre Begin-Sadate pour les études stratégiques à l'Université Bar Ilan près de Tel-Aviv. Israël a d'ailleurs fait preuve de retenue à l'approche de la reprise, hier à Genève, des négociations entre l'Iran et les grandes puissances, suspendues depuis 14 mois. « Je crois qu'à Washington, dans les capitales occidentales et ailleurs, on a de plus en plus conscience que l'élaboration ou l'acquisition par l'Iran d'armes nucléaires mettraient en danger la paix mondiale », a déclaré la semaine dernière le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Les craintes internationales ont été renforcées par la divulgation de l'existence en Iran d'une seconde usine d'enrichissement au sud de Téhéran. Pour certains observateurs, cette découverte est une raison supplémentaire pour Israël de modérer le ton, d'autant que les responsables iraniens ont en partie justifié la construction du site par des menaces planant sur les installations existantes, dont le centre d'enrichissement de Natanz. « Il est possible qu'il y ait encore d'autres sites à découvrir, des sites de secours en cas de bombardement des autres installations », analyse Aluf Ben, un expert des questions de défense dans le quotidien Haaretz (gauche). « Et qui oserait attaquer une ville considérée comme l'une des plus saintes du chiisme, au risque de provoquer un soulèvement religieux dans toute la région ? » s'interroge-t-il.
Israël n'en demeure pas moins sceptique quant à l'issue des discussions. « C'est une perte de temps », a estimé le vice-Premier ministre Sylvan Shalom. « Les Iraniens ne renonceront jamais à leur projet de devenir une puissance nucléaire. » Il est également illusoire, selon lui, de croire que le Conseil de sécurité de l'ONU imposera des sanctions efficaces contre l'Iran. Moscou et Pékin ne l'autoriseront jamais, soutient-il. Pour ce faucon, il appartient aux capitales occidentales et au Japon d'imposer leurs propres sanctions. Même si, selon certains analystes, cela ne suffira pas. « Les dirigeants israéliens savent que les sanctions ne suffiront pas et que seules des frappes aériennes seront efficaces », explique M. Inbar.
L'État hébreu n'a du reste pas totalement remisé ses menaces. « Israël n'écarte aucune option de la table », a déclaré cette semaine le ministre de la Défense Ehud Barak à son homologue britannique Bob Ainsworth. « Israël pense ce qu'il dit et recommande aux autres pays d'agir de la même façon », a plaidé M. Barak.
Gavin RABINOWITZ (AFP)