jeudi 22 octobre 2009

Rapport Goldstone ; « Beaucoup reste à faire pour transformer les recommandations en mécanisme d’action »

publié le mercredi 21 octobre 2009

Entretien avec Hassan Nafaa
Hassan Nafaa, conseiller auprès du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, explique que seul un recours à l’Assemblée générale pourrait conduire à une saisie de la CPI.

Al-Ahram Hebdo : Que pensez-vous du vote par le Conseil des droits de l’homme de la résolution qui adopte le rapport Goldstone ?

Hassan Nafaa : Le fait qu’Israël soit accusé par le Conseil des droits de l’homme d’avoir commis des crimes de guerre durant la guerre de Gaza est une certification officielle des crimes d’Israël. C’est donc bien sûr une victoire politique et diplomatique pour les Palestiniens, le groupe arabe, l’Organisation de la conférence islamique, les pays africains, les pays non-alignés qui ont soutenu la résolution. Mais il est nécessaire que ces derniers exercent des efforts supplémentaires et entreprennent beaucoup de démarches pour que les recommandations du rapport, qui sont très fortes, se transforment en mécanisme d’action, et que des politiciens ou des membres de l’armée israélienne comparaissent devant la Cour Pénale Internationale (CPI). La question est donc : comment rendre les recommandations une réalité politique ?

— A votre avis, quels sont les recours possibles pour que les recommandations du rapport soient appliquées ?

— Il y a trois options. La première est de se rendre au Conseil de sécurité de l’Onu pour que ce dernier adopte le rapport et le transfère à la CPI, pour que cette dernière le prenne en charge et mène une enquête juridique. Mais à mon avis, cette option est impossible à cause du veto américain. La deuxième option est que le secrétaire général de l’Onu adopte cette résolution et la transfère à la Cour pénale. Là encore, cela ne risque pas de se produire, car souvent le secrétaire général suit les orientations des grandes puissances.

La dernière option est le recours à l’Assemblée générale et que cette dernière fasse appel à la résolution « union pour la paix » (utilisée par exemple lors de la crise de Suez en 1956 et qui permet à l’Assemblée générale d’acquérir des pouvoirs exécutifs). L’Assemblée générale pourrait faire appel à la CPI. Si c’est le cas, ce serait un grand pas en avant pour que des Israéliens comparaissent devant la cour. L’image d’Israël serait alors encore pire qu’elle ne l’est déjà.

— Que pensez-vous de la position européenne vis-à-vis du rapport ?

— La France et la Grande-Bretagne n’ont pas voté, mais ont présenté une lettre à Israël lui demandant d’ouvrir une enquête indépendante. Elles recherchent en fait des mesures, loin des pressions internationales, contre Israël. Ce qui indique que les pays européens sont conscients que l’adoption de cette résolution représente une pression contre Israël. Ils sont censés être des défenseurs des droits de l’homme, mais deviennent les ennemis de ces droits, dès lors qu’il s’agit d’Israël.

— Les relations entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, déjà mal au point, se sont davantage détériorées lorsque le vote du rapport Goldstone a été reporté. Aujourd’hui, la réconciliation est encore une fois reportée …

— Certaines parties ont utilisé le report Goldstone pour compromettre la réconciliation. Le Hamas avait tout d’abord déclaré être engagé par le document de réconciliation, avant de déclarer avoir des réserves sur certains points. Le Hamas a donc utilisé le rapport Goldstone comme un moyen pour entraver le processus de réconciliation.

Propos recueillis par Heba Zaghloul

publié par al Ahram hebdo en français

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