lundi 26 octobre 2009

Mahmoud Abbas fait le pari risqué des élections

publié le dimanche 25 octobre 2009

Karim Lebhour
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, maintient la date des élections palestiniennes législatives et présidentielle au 24 janvier prochain. Le président palestinien a justifié sa décision devant le Conseil central de l’OLP ce samedi à Ramallah, malgré l’opposition du Hamas et le risque d’enterrer toute chance de réconciliation entre les deux factions.

En convoquant des élections au plus tôt, Mahmoud Abbas veut prendre le Hamas au jeu de la légalité. Car Hamas est très réticent à abandonner son pouvoir dans la bande de Gaza. Malgré les innombrables tentatives de réconciliation, les islamistes traînent les pieds. Mahmoud Abbas subit la pression des Etats-Unis qui ne veulent pas d’un retour du Hamas dans un gouvernement palestinien, tant qu’il n’aura pas reconnu Israël.

Pour le Fatah, convoquer des élections a l’avantage de marginaliser le Hamas dans son refus. Mais la tactique est risquée. Nul ne sait qu’elle sera l’issue de ces élections si elles sont maintenues. Dans les sondages, Hamas et Fatah sont au coude à coude. Mahmoud Abbas ne pourra garantir le scrutin qu’en Cisjordanie. Tout porte à croire que le Hamas organisera son propre scrutin dans la bande de Gaza. Les Palestiniens auront alors deux présidents dans deux territoires distincts et verront s’éloigner encore un peu plus la perspective d’un Etat palestinien indépendant. [1]

[1] voir aussi sur Radio Canada :

Mahmoud Abbas convoque des élections

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a décidé vendredi de convoquer des élections présidentielles et législatives pour le 24 janvier prochain.

Cette mesure, qui était attendue, vise à reprendre le contrôle du mouvement palestinien, profondément divisé entre le Fatah, le parti laïc dirigé par Mahmoud Abbas, et le Hamas, le parti islamiste qui voulait repousser le scrutin jusqu’au mois de juin.

« Le peuple palestinien est invité à des élections présidentielles et législatives, libres et au scrutin direct, à Jérusalem, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza le dimanche 24 janvier », selon un décret du président de l’Autorité palestinienne publié vendredi soir à Ramallah, en Cisjordanie.

Deux de ces trois endroits échappent toutefois au contrôle du Fatah. Jérusalem est en effet sous contrôle israélien, tandis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza, par la force, en juin 2007.

En vertu de la Loi fondamentale palestinienne, M. Abbas devait annoncer la date des élections générales trois mois avant leur tenue. Le 24 janvier 2010 est la date de l’expiration du mandat de quatre ans du Conseil législatif palestinien (le Parlement de l’Autorité palestinienne), élu en janvier 2006.

Le mandat du président Abbas, élu en janvier 2005, devait expirer en janvier 2009. Il a toutefois été prorogé d’un an par l’Autorité palestinienne, en vertu de la loi électorale qui prévoit la tenue des élections législatives et présidentielles en même temps.

Une mesure illégale, dit le Hamas

Le Hamas, vainqueur des législatives de 2006, a rapidement affirmé que cette mesure est « illégale et inconstitutionnelle ».

Un porte-parole du Hamas à Gaza, Fawzi Barhoum, a condamné une « tentative délibérée d’Abou Mazen [surnom de M. Abbas] de renforcer la division et d’accaparer la scène palestinienne ». « Le mandat du président de l’Autorité palestinienne a expiré et ce dernier n’est plus habilité à émettre de tels décrets (électoraux) », a-t-il affirmé.

Mardi, M. Abbas avait annoncé, au Caire, son intention d’émettre un décret présidentiel convoquant des élections pour le 24 janvier. Il n’avait alors pas exclu de modifier cette date s’il parvenait à un accord avec le Hamas en vue d’une « réconciliation nationale » sous l’égide de l’Égypte.

Les pourparlers entre le Hamas et le Fatah, parrainés par l’Égypte depuis des mois, n’a toutefois rien donné jusqu’à maintenant. Le Hamas refuse toujours de parapher un projet de compromis proposé récemment par Le Caire, et signé par le Fatah.

Le Hamas dit vouloir un délai « pour plus de consultations internes » au sujet de l’accord, laissant ainsi planer l’incertitude sur leurs intentions. Si le Hamas signait cette entente, M. Abbas a indiqué qu’il accepterait d’émettre un nouveau décret pour convoquer des élections le 28 juin, c’est-à-dire la date suggérée par l’Égypte.

Au cours des derniers jours, l’Égypte a accusé le Hamas d’empêcher de rétablir l’unité palestinienne. La réconciliation des factions palestiniennes est considérée comme une étape préalable à la reprise des négociations de paix avec Israël, suspendues depuis la fin 2008.

Radio-Canada.ca avec Agence France Presse, Associated Press et Reuters http://www.radio-canada.ca/nouvelle...