mercredi 7 octobre 2009

Le conflit sur l’esplanade des Mosquées menace de dégénérer

07/10/2009
De jeunes palestiniens ont jeté des pierres contre la police israélienne, hier, dans le quartier arabe Ras al-Amud de Jérusalem-Est. Jonathan Nackstrand/AFP
De jeunes palestiniens ont jeté des pierres contre la police israélienne, hier, dans le quartier arabe Ras al-Amud de Jérusalem-Est. Jonathan Nackstrand/AFP
La police israélienne arrête le chef islamiste cheikh Raed Salah.
La police israélienne s'est à nouveau déployée en force hier à Jérusalem après deux jours de heurts sporadiques avec de jeunes Palestiniens, déclenchés par le conflit autour de l'esplanade des Mosquées, une poudrière politico-religieuse au cœur de la Ville sainte. Aucun incident majeur n'a été signalé pendant la journée à Jérusalem où des milliers de personnes, dont des chrétiens évangélistes prosionistes, ont défilé dans les rues de Jérusalem à l'occasion de la fête juive de Soukkot, la fête des Cabanes (appelée aussi fête des Tabernacles).
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu « suit les récents événements de chez lui et est constamment informé, en consultation avec le ministère de la Sécurité intérieure et les autres organismes de la Sûreté », a indiqué son bureau. « La bataille est engagée pour la souveraineté (israélienne) sur Jérusalem », a assuré de son côté à la radio le ministre du Développement régional Sylvan Shalom (droite). Côté palestinien, le principal négociateur Saëb Erakat a accusé Israël d'« allumer la mèche en faisant monter délibérément la tension dans Jérusalem-Est occupée. C'est d'autant plus dangereux qu'il y a un vide (politique) provoqué par l'absence d'un véritable processus de paix ».
L'esplanade, qui héberge les mosquées al-Aqsa et du Dôme du Rocher, est le troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l'an 70 de l'ère chrétienne, dont le principal vestige est le Mur des Lamentations, elle est aussi l'endroit le plus sacré pour les juifs qui l'appellent le Mont du Temple. La police a maintenu hier les restrictions d'accès au site, autorisant seulement l'entrée aux musulmans âgés de plus de 50 ans, à condition qu'ils soient arabes israéliens ou résidents de la partie orientale annexée par Israël après sa conquête en juin 1967.
« Nous avons dû maintenir l'état d'alerte et notre déploiement massif à cause d'une série d'incidents lundi soir qui ont conduit à l'arrestation d'une vingtaine de Palestiniens », a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police locale, Shmuel Ben Rubi. « Deux mille hommes, des policiers et des gardes-frontières, ont été déployés à Jérusalem-Est » afin d'éviter tout affrontement avec des Palestiniens, a-t-il précisé.
En outre, la police israélienne a arrêté hier soir le chef islamiste radical cheikh Raed Salah pour incitation à la violence. « Cheikh Raed Salah a été arrêté en raison de ses appels incendiaires au cours des derniers jours et pour incitation à la violence », a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police locale, Shmuel Ben Rubi. Il a été interpellé au cours de heurts entre des Palestiniens et la police dans le quartier arabe de Wadi Joz à Jérusalem-Est. Cheikh Raed Salah est le leader de l'aile radicale du Mouvement islamique en Israël, un groupe extrémiste, accusé par les autorités israéliennes d'être derrière les récents incidents dans les quartiers musulmans de Jérusalem.
Des forces de police ont été mobilisées pour assurer en outre la sécurité de la « marche de Jérusalem », une manifestation annuelle qui attire des dizaines de milliers de participants israéliens et étrangers. Cet évènement sportif et populaire a pris une tournure de plus en plus nationaliste ces dernières années, marquant l'attachement d'Israël à la Ville sainte, décrétée en 1981 « capitale indivisible d'Israël », malgré l'opposition de la communauté internationale.