jeudi 1 octobre 2009

Israel: la répression des manifestants anti-guerre de janvier continue

Publié le 30-09-2009


Plus de neuf mois après les manifestations non violentes de protestation contre la boucherie de Gaza, de nombreux citoyens de la minorité arabe (palestinienne) d’Israël sont encore en butte à la répression et emprisonnés, rapporte le journaliste Jonathan Cook (traduit de l’anglais par Carole Sandrel).

Nazareth, 28 septembre 2009 (par Jonathan Cook)

Neuf mois après avoir aidé à organiser une manifestation contre l’attaque d’Israël, Sameh Jabarine est assigné à résidence, à Jaffa, près de Tel Aviv, un bracelet électronique à la cheville pour avertir la police de ses moindres pas s’il franchit la porte.

A 40 ans, acteur et metteur en scène de théâtre, il fait partie de ces douzaines de militants politiques arabes en Israël a avoir affronté une peine de détention de longue durée pendant et depuis l’agression israélienne de cet hiver contre Gaza, - ce que les associations des droits de l’homme appellent intimidation politique et répression de la liberté de parole, conduites par les police et les tribunaux israéliens-.

Un rapport publié la semaine dernière par Adalah, association de défense des droits de l’homme en Israël, indique que 830 manifestants israéliens, dont une majorité écrasante de citoyens arabes, ont été arrêtés pour leur participation à des manifestations pacifiques au cours des 23 jours de l’opération contre Gaza.

Selon ce rapport, alors que c’est la police qui a eu le monopole de l’usage de la force, la plupart des manifestants se sont vu refuser leur liberté sous caution au cours des procès, en dépit de charges mineures.

Ce mois-ci, le rapport d’enquête des Nations Unies à Gaza, sous la conduite du juge Richard Goldstone, a consacré un chapitre aux évènements qui se sont déroulés à l’intérieur d’Israël, et a conclu pareillement qu’il y a eu répression à grande échelle contre des militants politiques, des organisations non gouvernementales et des journalistes d’Israël.

L’objectif, a déclaré la commission d’enquête, était de « réduire le droit de regard public sur la conduite d’Israël, tant au cours de ses opérations militaires à Gaza que sur les conséquences de ses opérations sur les habitants de Gaza.

Abir Baker, d’Adalah, affirme que la police et l’appareil judiciaire ont eu recours à des arrestations de masse et à une politique déclarée de « zéro tolérance » au titre des moyens les plus efficaces pour empêcher les manifestations pacifiques.

Selon les statistiques d’Adalah, un tiers des personnes arrêtées est âgé de moins de 18 ans, et contrairement aux procédure judiciaires normales, on a refusé à 80% d’entre eux la liberté sous caution pendant toute la procédure. La rétention est habituellement réservée aux gens considérés comme dangereux pour le public. La plupart des charges étaient liées à participation à un rassemblement interdit, ou trouble à la paix ou agression contre un officier de police. Des enfants ont été accusés d’avoir jeté des pierres.

Mme Baker précise que tous les détenus du nord d’Israël, où vivent la plupart des 1,3 millions de citoyens arabes, ont été maintenus en détention pendant les procédures, tandis qu’à Tel Aviv où ont eu lieu des manifestations conjointes de juifs et d’arabes, tous ceux qui ont été arrêtés ont été relâchés rapidement.

Elle a déclaré : « La police a utilisé son pouvoir d’arrestation non pour punir des conduites criminelles, mais comme arme pour décourager la population arabe d’organiser des manifestations totalement légales. C’est une tactique que nous avons déjà vu Israël utiliser dans le passé, surtout au cours de la première et de la seconde Intifada.

Elle souligne que cela rappelle les évènements d’octobre 2000, au début de la deuxième Intifada, quand les citoyens arabes avaient organisé des manifestations de solidarité avec les Palestiniens des territoires occupés. Treize manifestants sans armes avaient été tués et des centaines d’autres battus et arrêtés.

Plus tard une enquête officielle avait fustigé la police pour avoir traité la minorité arabe, un cinquième de la population israélienne, comme « un ennemi ». Contrairement à ce qui s’est passé en 2000, pourtant, les commandants de police n’ont pas cette fois utilisé de balles en caoutchouc ou de balles réelles.

M. Jabarine, figure politique éminente de Jaffa, a déclaré que durant l’assaut contre Gaza il avait été mis en résidence surveillée pendant trois jours et avait dû affronter une série d’interrogatoires au cours desquels on l’a averti qu’il serait emprisonné..

Trois semaines après la fin de l’agression contre Gaza, dans une petite manifestation au nord d’Israël, il a déclaré que la police l’avait piégé. « Quand je suis arrivé, le commandant de police savait clairement qui j’étais. Sept de ses hommes m’ont entouré. J’ai rapidement été jeté à terre et ils m’ont battu, frappé, et donné des coups de pied ».

M. Jabarine a été emprisonné trois semaines et assigné à résidence pendant huit mois. Il a dit que son traitement tranchait avec celui des Ultra Orthodoxes du quartier de Mea Sharim à Jérusalem qui se sont heurtés pendant des mois avec la police pour empêcher l’ouverture d’un parking le jour du Sabbat.

« On les a vus à la télé lançant des coups de poings contre la police et leur balançant des pierres. Il y a eu quelques arrestations, mais en dépit de leur très grande violence, ils ont presque toujours été relâchés le jour même ou le jour suivant. Comment puis-je être encore assigné à domicile depuis huit mois ? Il est clair qu’il y a des standards judiciaires différents »

Adalah a découvert qu’une nouvelle directive a été délivrée aux commandants de police sur la manière de s’y prendre avec les manifestations, bien que la police ait refusé d’en révéler le contenu. Mme Baker a dit qu’elle allait en appeler au procureur général pour obtenir des informations.

La Commission Goldstone a souligné les intimidations et les humiliations généralisées exercées contre les chefs de la communauté (arabe). Elle a aussi enregistré qu’au moins 20 leaders arabes ont été obligés de subir des interrogatoires illégaux de la part du Shin Bet qui les a questionnés sur leurs activités politiques.

La police a exigé qu’Ami Makhoul , coordinateur de l’ Ittijah (NdT : réseau d’ONG palestiniennes) en Israël, soit soumis à interrogatoire après un discours qu’il avait fait le 29 décembre à Haïfa. Après son refus, il a été escorté de force jusqu’au poste de police où il a été interrogé pendant des heures.

« Ils m’ont dit qu’ils me jetteraient en prison si je continuais mon activité politique et qu’ils pourraient s’arranger pour que je sois déporté à Gaza ».

La minorité arabe prépare une grève générale jeudi pour protester contre le climat croissant de durcissement.

CAPJPO-EuroPalestine

http://www.europalestine.com/spip.php?article4397