mercredi 9 septembre 2009

Portrait complaisant d'un rabbin tueur d'enfants

Publié le 8-09-2009


Il faut le lire pour le croire. Le Jérusalem Post fait un portrait quasiment sympathique d’un monstre, qui met la religion au service du meurtre, et pousse l’armée israélienne à davantage de crimes. On appréciera la photo "sympa" et sa légende "sympa", le titre "positif", la place des guillemets et les expressions complaisantes utilisées tout au long de l’article. Essayez ensuite d’imaginer ce qu’aurait publié ce même journal s’il était agi d’un imam se comportant de la même façon !

"Avichaï Rontzki : le rabbin qui veut changer Tsahal

Par HÉLÈNE JAFFIOL

08.09.09

Agir sans pitié contre un ennemi "cruel". La croisade religieuse s’inscrit en noir et blanc sur des tracts. Impossible de les éviter à la sortie des synagogues des casernes militaires.

Avichaï Rontzki, un aumônier investi. Photo : Ariel Jerozolimski , JPost

En pleine opération "Plomb durci", ils sont distribués aux soldats en route vers le front.

Publiée à la une du quotidien de gauche Haaretz, la mystique religico-militaire provoque un malaise. Certains y voient la touche d’Avichaï Rontzki, rabbin militaire en chef au sein des forces armées israéliennes. Loin de rester à l’arrière, il fait partie des premiers à entrer dans la bande de Gaza. La Torah à la main.

Pour ses détracteurs, son objectif est de transformer un devoir perçu comme sécuritaire en une guerre sainte menée contre des "païens".

Les Palestiniens d’aujourd’hui assimilés aux Philistins d’hier, ennemis irréductibles du peuple juif des temps bibliques.

Cocktail détonant entre judaïsme et nationalisme

Depuis sa nomination en 2006, le rabbin en uniforme de Tsahal crée la polémique dans la société civile israélienne, attachée à la séparation du militaire et du religieux.

Avichaï Rontzki surfe sur cette ligne rouge. Loin de veiller au simple respect de la cacherout et d’offrir une assistance morale, le rabbin charismatique, au grade de brigadier général, revendique un rôle plus actif dans la politique de Tsahal.

Un cocktail détonant entre judaïsme et nationalisme, à l’intérieur d’un corps jusqu’à présent séculier, point d’appui d’une société aux multiples facettes.

Les plus alarmistes prédisent un futur militaire sous la coupe "d’intégristes religieux juifs". La classe politique entre dans le débat. Le député travailliste, Ophir Pines-Paz, demande au ministre de la Défense, Ehoud Barak, d’ouvrir une enquête sur les activités cachées du rabbinat militaire. Autrement dit : un prosélytisme dangereux auprès des soldats.

De son côté, Avichaï Rontzki balaye la polémique : ces tracts de guerre sainte ont été distribués sans son consentement. Mais la méfiance s’est installée.

En réalité, les activités du brigadier général sont examinées à la loupe depuis son entrée en fonctions en 2006. Avichaï Rontzki hérite d’un poste difficile, quelques mois après la douloureuse évacuation de la bande de Gaza.

En soutenant le retrait du Goush Katif, son prédécesseur, Israël Weiss, avait jeté le discrédit sur le rabbinat militaire dans les sphères religieuses et sionistes.

Pour inverser la tendance, l’armée fait un choix radical : confier ce poste à un rabbin de droite. Ce sera Rontzki.

Commando d’élite et fondateur d’Itamar

Le parcours Avichaï Rontzki est à la croisée entre un sionisme religieux fervent et un profond attachement à l’armée.

Né le 10 octobre 1951, Rontzki grandit dans une famille non religieuse d’Haïfa. A l’âge de 18 ans, il débute son service militaire par la grande porte : les commandos marins d’élite "Shayetet 13".

Mais le jeune soldat préfère la terre ferme et intègre une autre unité non moins prestigieuse, la "Sayeret Shaked". Une arme dans une main, la Torah dans l’autre, Rontzki fait un sans faute.

Lors de la guerre de Yom Kippour en 1973, il s’illustre en tant que commandant de brigade. Le prochain chapitre de sa vie, il l’inscrit dans un lieu chargé de tension : l’implantation ultra-orthodoxe d’Itamar, située près de Naplouse.

Avichaï Rontzki fait partie de ses fondateurs, l’idéologie sioniste cheville au corps dans sa version la plus radicale.

Le rabbin, ancien commando, est loin de faire partie de cette frange religieuse qui pense que la Torah ne s’étudie qu’entre quatre murs et juge avec dédain l’uniforme. Il dirige la yeshiva hesder d’Itamar, école talmudique qui combine études religieuses et service militaire écourté d’un an et demi.

Un pont entre deux mondes et l’émergence d’un nouveau phénomène : de plus en plus de Juifs religieux s’engagent dans les rangs de Tsahal. Selon certains spécialistes, près de 50 % des nouveaux officiers sont orthodoxes.

L’armée traîne des pieds pour établir des statistiques officielles mais c’est un fait maintenant établi. L’attachement des laïcs à Tsahal s’érode au fil des années et nombreux sont ceux qui cherchent à échapper à la conscription.

La montée en puissance du rabbinat militaire s’inscrit dans cette nouvelle donnée socio-religieuse de l’armée.

Conquêtes au sein de l’état-major

Avichaï Rontzki est une voix écoutée et redoutée au même titre qu’un haut gradé. Il le sait.

Dès son arrivée, il opère une mini-révolution au sein du rabbinat de l’armée. Ses fonctions éducatives sont étendues à travers le Département de la conscience juive. Il instaure chaque mois des discussions autour de la Torah. Cette initiative spirituelle fait grincer quelques dents.

Dans les colonnes du Haaretz, un ancien officier dresse un constat sans appel : Avichaï Rontzki ne fait rien d’autre qu’un "lavage de cerveaux" et représente "une menace pour le délicat équilibre entre religieux et laïcs au sein de Tsahal".

La polémique arrive jusqu’aux oreilles du chef d’état-major de l’armée israélienne, Gabi Ashkenazi. Il ordonne une enquête pour "redéfinir les frontières" entre le rabbinat militaire et les corps éducatifs laïcs de Tsahal.

Face à cette levée de boucliers, le grand rabbin militaire envoie un courrier en interne dans lequel il défend "un besoin crucial de connecter le soldat à ses racines et valeurs juives".

Néanmoins, une partie de l’état-major est conquise par l’approche active du rabbin charismatique. "Elle est tout à fait morale. Le guide spirituel doit être près de ses ouailles sur le champ de bataille. Il n’est pas normal que les soldats y soient et non pas les rabbins", estime le major-général (de réserve), Yaacov Amidror, en référence à l’opération "Plomb durci".

L’éducation n’est pas le seul sujet à polémique. Avichaï Rontzki fait pression pour que la radio de l’armée, coupe ses micros durant Shabbat. Mais surtout, le rabbin s’aliène la frange féminine de Tsahal.

Pour Rontzki, les femmes ne doivent pas servir dans des unités de combat. Ses arguments : une participation contre-nature qui affaiblit "l’ordre établi de la guerre".

http://fr.jpost.com/servlet/Satellite ?cid=1251804509944&pagename=JFrench/JPArticle/ShowFull

CAPJPO-EuroPalestine