mardi 29 septembre 2009

Photo souvenir aux Nations-Unies

lundi 28 septembre 2009 - 06h:52

Rami G. Khouri
The Jordan Times


On n’attendait aucun résultat concret de la rencontre du 22 septembre aux Nations-Unies entre le Président des Etats-Unis Barack Obama, le Premier ministre d’Israël Benjamin Netanyahu et le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Ceci marque la fin de la phase 1 de la curieuse irruption d’Obama dans les discussions de paix israélo-arabes.

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Il s’agit surtout d’une photo d’adieu pour certains des personnages.


Je ne partage pas le sentiment largement répandu selon lequel la réunion de mardi était surtout l’occasion de faire une photo. Je pense qu’il s’agit d’avantage d’une photo souvenir d’adieu pour certains de ses personnages. J’ai bien l’impression que la paix entre Palestiniens et Israéliens ne sera pas conclue par le trio ci-dessus. On ne sait pas cependant lequel de ces trois va quitter la scène. Ils sont tous vulnérables.

Cela fait exactement huit mois, le deuxième jour de sa présidence, qu’Obama s’est rendu au Département d’Etat et a annoncé à la fois son intérêt personnel axé sur la réalisation de la paix au Moyen-Orient et la désignation de George Mitchell en tant que son envoyé spécial pour le processus de paix. Les deux autres - Netanyahu et Abbas - ont persisté dans leur type traditionnel de comportement personnel et d’orientations politiques.

Netanyahu s’est braqué, conforté par la connaissance qu’il avait que son gouvernement de coalition de droite et peut-être une petite majorité d’Israéliens partageaient ses positions radicales, spécialement pour résister aux pressions américaines. Abbas et son gouvernement, grandement déconnectés de leurs concitoyens, sont presque mystiquement absents du processus de négociations, lequel définit existentiellement le bien-être futur du peuple palestinien.

La grande question maintenant est de savoir comment l’équipe Obama va répondre aux réalités qu’il rencontre depuis janvier. Dont notamment la résistance israélienne, brutale et publique, à l’appel américain pour un gel total des colonies israéliennes et de la colonisation sur les territoires palestiniens occupés ; la réponse molle des Arabes à l’appel américain pour des gestes vers une normalisation arabe avec Israël ; et un refus catégorique saoudien officiel de cet appel.

Obama a mis sa crédibilité et celle de son pays en jeu dans son exigence répétée pour qu’Israël gèle sans condition les colonies. Netanyahu a répondu par un refus, et simultanément, il a étendu des colonies. Les Etats-Unis ne peuvent pas maintenant lever les mains par exaspération, et dirent qu’ils ont essayé mais n’ont pas réussi.

Que peut-il arriver maintenant ?

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Je suis prêt à parier qu’il a des plans en réserve et d’autres options politiques.

Obama est nouveau dans l’arène, mais Mitchell et quelques autres de l’Administration au Moyen-Orient sont des négociateurs chevronnés avec une expérience directe dans la diplomatie israélo-arabe. Il paraît logique de supposer que Washington s’était préparé à ce scénario et qu’il détient de multiples options pour activer la phase 2. Le caractère dont Obama a fait preuve, sa performance pour gagner la présidence et ses actions politiques sur de multiples fronts, intérieurs et internationaux, depuis janvier, montre qu’il ne prend pas de telles initiatives à la légère. Au contraire, lui et ses collaborateurs qualifiés calculent avec méthode leur actif et leur passif, et conçoivent ensuite une stratégie pour réussir, s’attendant à des résistances et à des rejets.

Obama fait face à un blocage momentané, mais pas surprenant. Il a bougé de façon décisive le deuxième jour de travail parce qu’il avait compris combien la paix israélo-arabe pouvait avoir un impact positif sur plusieurs questions majeures auxquelles il est confronté, dont l’Iraq, l’Afghanistan, l’Iran et le terrorisme.

Le conflit israélo-arabe est juste un défi politique de plus pour Obama, comme l’économie, la santé, l’industrie automobile, l’Iraq, l’Afghanistan et d’autres, mais une très grande priorité en politique étrangère.

Sur la réalisation de la paix au Moyen-Orient, Obama est confronté à une opposition intérieure malfaisante qui ne fait pas que lui résister, mais qui essaie aussi de le faire tomber. Les groupes de lobby proisraéliens aux Etats-Unis qui ont gardé profil bas jusqu’à présent vont probablement montrer une opposition ouverte aux pressions d’Obama sur Israël pour le gel des colonies, le sentant vulnérable surtout à cause des multiples défis qu’il a à relever, sur l’assurance santé, l’Afghanistan et d’autres questions politiques pressantes.

Mitchell a fait l’expérience de telles tactiques sans scrupule auparavant et Obama a prouvé que lui-même était un maître de la politique stratégique. Lui et son équipe doivent maintenant mettre en œuvre l’une de leurs stratégies pour le Plan B. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils ont à l’esprit à cet égard, mais je suis prêt à parier la présidence qu’ils ont - contrairement à Clinton et Bush ces dernières années - des plans en réserve et d’autres options politiques à mettre en œuvre après que la phase 1 de leur diplomatie au Moyen-Orient ait abouti à ce blocage prévisible d’aujourd’hui.

Sachant qu’il est bien servi en défis politiques immédiats, Obama ne va probablement pas pousser fort pour lancer la phase 2 pour la paix israélo-arabe, aussi ne nous attendons pas à des changements spectaculaires. Plus probablement, je suppose, ce sera un processus lent par lequel Obama se dégagera de certaines questions urgentes - santé et économie devraient être en bonne voie en décembre - pour se tourner à nouveau vers le Moyen-Orient, probablement avec deux personnages différents sur la photo.


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25 septembre 2009 - The Jordan Times - traduction : JPP