vendredi 25 septembre 2009

Les conditions d’un règlement sont encore loin

publié le jeudi 24 septembre 2009

Hassan Abou-Taleb
Le processus du règlement politique du conflit au Moyen-Orient a toujours connu des régressions et de la rigidité. Et c’est là une raison qui nous amène à éviter de manifester un excès d’optimisme vis-à-vis des actions américaines, arabes et européennes en cours, en vue de ressusciter les négociations palestino-israéliennes qui pourraient éventuellement aboutir d’ici un an ou deux.

Pour ne pas tomber dans le piège de cet excès d’optimisme, il est question de suivre les idées proposées et celles que les sources israéliennes font circuler intentionnellement et qu’elles considèrent comme une sorte de ballon d’essai pour les parties arabes. Ceci outre les rumeurs qu’elles font passer en vue de perturber le négociateur arabe et palestinien.

Il est important pour nous, les Arabes, de ne tomber ni dans ce piège, ni d’ailleurs dans celui du désespoir. Les deux représentant un danger qu’il faut à tout prix éviter avant qu’il ne soit trop tard. Pour une meilleure compréhension de la situation, il faut mettre en lumière un nombre de variantes enchevêtrées.

La première est en rapport avec les limites de l’efficacité américaine. Les actions intensifiées et les tentatives d’entraîner les Palestiniens dans des négociations non définies avec la partie israélienne s’effectuent sur fond d’une position américaine manifestant un attachement au principe du règlement de la cause palestinienne selon la vision des deux Etats, et qui s’active dans plusieurs sens. Sans pour autant cristalliser une conception globale ou un plan de travail aux contours déterminés pour parvenir à l’objectif visé, celui de deux Etats voisins coexistant selon les engagements d’une paix convenue.

Malgré les efforts déployés par l’émissaire américain George Mitchell afin d’instaurer le climat convenable pour revenir aux négociations souhaitées, il est évident que l’arrêt des colonies israéliennes s’est accaparé de la plus large part de l’intérêt américain. Il est clair au même titre que les négociateurs palestiniens, arabes et israéliens ne sont pas parvenus à une formule qui faciliterait le retour à la table de négociations. Ceci vient prouver non seulement que les pressions exercées sur le gouvernement israélien en sont toujours à leurs débuts, mais qu’elles prennent en compte de nombreux changements liés à des équilibres américains internes, relatifs aux pressions exercées par les groupes et les organisations soutenant Israël, même si cela se fait aux dépens des intérêts américains suprêmes. Le résultat des entretiens effectués entre Mitchell et le premier ministre israélien a opéré un changement de plan. Au lieu de parler d’un gel total des opérations de colonisation, ils ont évoqué un gel partiel, et plus tard, il était question d’un gel partiel et temporaire, avant un gel partiel et temporaire n’excédant pas les 6 mois. En contrepartie, il devait obtenir pour Israël des mesures de normalisation avec certains pays arabes, sous prétexte qu’il est du droit de l’Etat hébreux d’obtenir en échange quelque chose qui le rendrait confiant en la paix !

Si la question est tellement enchevêtrée au niveau d’un seul dossier parmi tant d’autres relatifs aux négociations, au règlement et à la mise en place d’un Etat palestinien, comment alors pourrait-on prévoir ce qui adviendra pour les autres volets du règlement qu’ils soient palestinien, syrien ou arabe ?

La seconde variante concerne les limites de la force palestinienne à refuser les tergiversations israéliennes et les pressions américaines qui les accompagnent. A ce jour, le président Mahmoud Abbass a prouvé être capable de refuser la demande de revenir à la table de négociations avant l’arrêt total de toutes les activités de colonisation israélienne. Il n’en demeure pas moins que ce refus, à l’ombre de la persistance dans la division interne palestinienne et les obstacles à la réconciliation avec le mouvement Hamas, qui contrôle Gaza et refuse la formule des négociations avec Israël, est sur le point de régresser. A mon avis, l’épreuve à laquelle est confrontée l’Autorité palestinienne actuellement en vue de tenir une rencontre tripartite réunissant le président palestinien Mahmoud Abbass son homologue américain Barack Obama et le premier ministre israélien Netanyahu à New York en marge des réunions des Nations-Unies, mesure la capacité de l’Autorité à s’attacher à une position de principe qui deviendra plus tard un acquis sur le terrain. La position palestinienne affichée et répétée à maintes reprises est celle consistant à dire non aux rencontres et aux négociations s’il n’y a pas de gel total des activités des colonisations israéliennes. Cela à un moment où les efforts américains ont échoué de parvenir à un accord avec Israël pour geler les colonisations d’une manière qui attirerait le consentement palestinien. Si cet échec américain persiste, et si on ne parvient pas à un gel de la colonisation en la liant à des négociations sérieuses sur un calendrier déterminé tout en s’engageant à appliquer les résolutions internationales qui mèneront ultérieurement à la solution des deux Etats, toute rencontre entre le président Abbass et Netanyahu sera un point négatif dans la position politique du négociateur palestinien. Et cela aura de mauvaises répercussions sur sa position qui tente de faire une réconciliation globale avec le Hamas et le reste des factions palestiniennes.

Cependant, nous réalisons que l’administration d’Obama, qui s’investit beaucoup dans le processus de paix, n’acceptera pas moins qu’une rencontre tripartite. Et puisqu’elle n’a pas réussi à amener le gouvernement de Netanyahu à stopper la colonisation, elle déploiera les plus grandes pressions sur le pouvoir palestinien pour réaliser cette rencontre, et cela pour des raisons de propagande et de diplomatie plus qu’elle n’est disposée à servir des objectifs rendant service au processus de règlement. Les choses, selon cette version, représentent une impasse pour le président Abbass, et l’objectif sera de s’en sortir avec les moindres dégâts. Et puisqu’il est difficile d’ignorer les demandes américaines, il est probable qu’une rencontre tripartite ait lieu sans que de réelles tentatives de règlement soient lancées.

La troisième variante est relative aux capacités arabes de résister face aux opérations américaines qui ont commencé à émerger, et consistant à convaincre le monde arabe de changer sa vision du règlement. Au lieu que la création d’un Etat palestinien ne précède la normalisation américano-israélienne prônée. Des demandes sont mises en avant sous le label de la restauration de la confiance et du règlement graduel entre Tel-Aviv et les pays arabes sous prétexte que ceci serait la voie vers la paix et consisterait à convaincre les Israéliens que les Arabes les acceptent en tant que voisins et en tant que partie intégrante de la région.

Les Arabes, quant à eux, ont pour référence l’initiative arabe de la paix et ils tiennent au principe disant que les initiatives partielles ne présenteront pas de solutions globales. Les Arabes voient également que le fait de présenter des concessions au niveau de la normalisation en contrepartie de pas symboliques israéliens est une renonciation à tous les droits arabes et palestiniens. Ce qui est totalement rejeté.

Ces variantes sont décisives du cours que prendront les prochaines évolutions, mais le fait le plus important encore est la persistance palestinienne et la réconciliation entre les frères palestiniens .