jeudi 17 septembre 2009

Israël décidé à enterrer le rapport de l’ONU sur Gaza

17/09/2009
Plus de 1 400 Palestiniens ont été tués lors de l’offensive israélienne contre Gaza (voir cette photo d’archives) au début de l’année.                        Mahmoud Hams/AFP
Plus de 1 400 Palestiniens ont été tués lors de l’offensive israélienne contre
Gaza (voir cette photo d’archives) au début de l’année.



























Mahmoud Hams/AFP
Le Hamas appelle la communauté internationale à traduire en justice les dirigeants israéliens pour crimes de guerre.
Israël a ouvert les hostilités hier contre les conclusions de la commission Goldstone de l'ONU l'accusant de crimes de guerre durant son offensive militaire à Gaza l'hiver dernier.
« Nous mobiliserons nos amis à l'ONU, notamment les États-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré », a déclaré à la radio militaire le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon.
Le porte-parole des Affaires étrangères, Ygal Palmor, a expliqué à l'AFP qu'Israël allait déployer des efforts tous azimuts « pour bloquer et contrer les effets nocifs et pervers du rapport de la commission Goldstone ».
Dans un document de 574 pages publié mardi à New York, une mission d'enquête de l'ONU, présidée par le juge sud-africain Richard Goldstone, accuse les forces armées israéliennes « d'actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l'humanité ».
La bande de Gaza a été la cible d'une offensive dévastatrice du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009 censée faire cesser les tirs de roquettes par des groupes armés palestiniens contre le territoire israélien. Plus de 1 400 Palestiniens ont été tués, d'après les services d'urgence palestiniens.
Israël craint qu'à l'initiative de pays arabes, ce rapport accablant soit soumis au Conseil de sécurité de l'ONU, et que ce dernier décide de le transmettre à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, indique un officiel anonyme cité par le quotidien Haaretz. Dans ce cas, la CIJ pourrait vouloir juger des dirigeants politiques ou des chefs militaires israéliens impliqués dans l'opération « Plomb durci » contre Gaza et émettre à cette fin des mandats d'arrêt internationaux.
« Nous allons faire tout notre possible pour empêcher qu'il y ait des suites juridiques à ce rapport en démontrant qu'il est malhonnête et politiquement biaisé », a affirmé à la radio publique Gabriela Shalev, l'ambassadrice d'Israël auprès de l'ONU.
Dés le début, Israël a refusé de coopérer avec la mission Goldstone, estimant, selon un communiqué des Affaires étrangères, que « son mandat était clairement partial ».
Dans un communiqué, le président Shimon Peres a estimé que ce rapport « se moque de l'histoire ». « Les auteurs ne distinguent pas les agresseurs et ceux qui se défendent. C'est le Hamas qui a engagé cette guerre en commettant des crimes horribles. Ce rapport confère une légitimité au terrorisme et ne tient pas compte du devoir d'Israël de se défendre », a affirmé M. Peres.
Neuf organisations de défense des droits de l'homme en Israël ont toutefois exhorté l'État hébreu à « prendre au sérieux » le rapport Goldstone et à « mener une enquête impartiale et indépendante ». En revanche, la majorité des médias israéliens s'élève contre « l'hypocrisie » de ce rapport « nauséeux ». Pour sa part, le mouvement islamiste Hamas a appelé hier la communauté internationale à traduire en justice les dirigeants israéliens pour crimes de guerre. « Le rapport de l'ONU constitue une preuve irréfutable que l'occupant sioniste a commis des crimes contre l'humanité », a déclaré le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, dans un communiqué. Enfin, les États-Unis sont « préoccupés par certaines recommandations » du rapport de la commission Goldstone, a indiqué hier un porte-parole du département d'État. Le porte-parole a rappelé que les États-Unis avaient critiqué le mandat, selon eux
« partial », donné initialement par la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour cette enquête.