vendredi 14 août 2009

Des volontaires reconstruisent les maisons démolies dans Jérusalem

jeudi 13 août 2009 - 06h:23

Ronen Medzini - YnetsNews



Chaque année, des dizaines de volontaires viennent à Anata, dans Jérusalem-Est, pour reconstruire des maisons détruites par Israël. Un conseiller municipal de Jérusalem participe également à ce processus de reconstruction, dans l’espoir qu’il « posera les fondations pour nous aider à vivre ensemble dans la paix ».

Avec comme toile de fond, l’expulsion de familles arabes de Jérusalem-Est et les tensions avec les Etats-Unis et l’Occident, un groupe de quelque quatre-vingts Israéliens, Palestiniens et militants étrangers s’est lancé dans une unique mission, celle de reconstruire les maisons qui ont été démolies.

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Des volontaires à Anata. "La démocratie ce n’est pas seulement le droit de voter".
(photo Gil Yohanan)


Les militants, qui viennent chaque année au « camp d’été » à Anata, un quartier dans le nord-est de Jérusalem, reconstruisent actuellement les maisons de deux familles, détruites durant l’expulsion des familles par les autorités israéliennes.

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Jeff Halper

« Quelquefois, il existe des situations où les civils doivent se dresser contre l’injustice et faire des choses que le gouvernement refuse de faire, » dit Jeff Halper, directeur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD), à Ynet.

Cette activité n’est pas légale, mais Halper dit qu’elle est néanmoins vitale et importante : « Ce n’est pas juste une action humanitaire pour aider des Palestiniens dans le malheur. C’est un acte de résistance politique contre l’occupation. Nous le faisons au grand jour. Si vous agissez comme un voleur dans la nuit, ce n’est plus une protestation, » dit Halper.

« Comme frères et sœurs »

Soixante des quatre-vingts militants qui sont au camp d’été cette année sont des volontaires venus de l’étranger, dont quarante d’Espagne. Le gouvernement espagnol apporte tout son soutien à leur participation au projet.

« La démocratie ce n’est pas seulement le droit de voter. Elle est une conscience sociale et une opposition à l’injustice, » explique l’un des volontaires. « L’opinion publique d’Israël ne sait pas vraiment ce qui se passe ici. Tout se fait loin du regard du public. Les Palestiniens ne peuvent pas être chassés du territoire. Même si le gouvernement continue les destructions, nous viendrons, et nous reconstruirons. »

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Au grand jour.
(photo : Gil Yohanan)


Sur une colline face au site de construction, se tient Younis Sabiyah, il regarde sa maison démolie en train d’être reconstruite. Sabiyah a habité Anata pendant 16 ans avec huit des membres de sa famille. L’an dernier, sa maison a été démolie. Depuis, il est en location.

« Si Dieu le veut, je crois que la maison sera reconstruite et qu’ils ne la détruiront pas. Les gens ici ne sont pas seulement des amis, ils sont comme des frères et des sœurs pour moi, » dit Sabiyah.

« Construire des ponts pour coexister »

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Meir Margalit

Les jeunes volontaires ont reçu un soutien surprenant, celui d’un conseiller municipal de Jérusalem. Meir Margalit (Meretz [parti laïc et sioniste - ndt]) vient aider le groupe à la reconstruction. « Je n’essaie pas de me cacher. J’agis ouvertement contre la politique municipale et j’aide à construire les maisons qu’elle a démolies. C’est mon profond attachement aux valeurs humanitaires, » dit Margalit à Ynet.

« A chaque fois que l’Etat détruit une maison, il sape les piliers porteurs sur lesquels il est basé. Ce que je fais, c’est tenter désespérément de sauver le pays de lui-même, de démanteler le mécanisme d’autodestruction qui est en mouvement de ce pays depuis 1967. Ma motivation essentielle est d’essayer de remettre l’Etat d’Israël sur le chemin du bon sens, » explique Margalit.

Margalit prend une part active dans le projet de reconstruction et participe à la construction. « L’objectif principal n’est pas juste la philanthropie. En plus de la maison, nous construisons aussi un pont pour coexister. Nous vivrons en fin de compte côte à côte dans des Etats indépendants et actuellement nous posons les fondations de ce qui nous aidera à vivre dans la paix, » dit le conseiller municipal.

4 août 2009 - YnetNews et publié également sur le site de l’ICAHD - traduction : JPP