vendredi 14 août 2009

« La Palestine aux Palestiniens et le Liban aux Libanais », martèle Abbas

14/08/2009

Le président de l’Autorité palestinienne a présidé, hier à Ramallah, la première réunion de la nouvelle direction du Fateh.Abbas Momani/AFP
Le président de l’Autorité palestinienne a présidé, hier à Ramallah, la première réunion de la nouvelle direction du Fateh.Abbas Momani/AFP
PROCHE-ORIENT Le chef de l'Autorité palestinienne a réaffirmé son attachement au « droit de retour » en déclarant que « la Palestine est la patrie des Palestiniens, tout comme le Liban est aux Libanais ».

Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a exclu hier, après avoir présidé la 1re réunion de la nouvelle direction de son parti, une reprise des négociations avec Israël sans un arrêt de la colonisation, et souligné le droit de son peuple à la « légitime défense ». « Toute négociation doit être basée sur le respect par les parties, surtout Israël, des engagements pris dans le cadre de la feuille de route (..) et en premier lieu l'arrêt de la colonisation, sous toutes ses formes et sans exception, à Jérusalem et dans le reste des territoires occupés », a déclaré M. Abbas à l'issue d'une réunion du nouveau comité central du Fateh, la principale instance dirigeante du mouvement. « Notre peuple est attaché à l'option de la paix, mais se réserve le droit de recourir à la résistance légitime, garantie par le droit international, contre l'occupation et la colonisation et pour atteindre ses objectifs qui sont la liberté, l'indépendance et la création de son État », a-t-il ajouté. Il a également réaffirmé son attachement au droit de retour des réfugiés palestiniens, en déclarant que « la Palestine est la seule patrie du peuple palestinien, tout comme l'Égypte est pour les Égyptiens, le Liban pour les Libanais et la Jordanie pour les Jordaniens ».
M. Abbas a aussi salué les « efforts du président (américain) Barack Obama et son insistance sur la nécessité de la création d'un État palestinien et l'arrêt total de la colonisation ». Le gel de la colonisation, réclamé par M. Obama et rejeté par le gouvernement israélien de droite dirigé par Benjamin Netanyahu, a provoqué de sérieuses tensions entre les États-Unis et Israël.

M. Abbas a en outre affirmé que le Fateh refusait un « État aux frontières temporaires », une solution souvent évoquée pour surmonter la difficulté de parvenir à un accord définitif. Il a par ailleurs affirmé que le congrès du Fateh, qui a injecté du sang neuf dans sa direction pour la première fois en vingt ans, a été « un grand succès ».
Le congrès, qui s'est ouvert le 4 août à Bethléem, en Cisjordanie, doit officiellement s'achever après l'annonce des résultats de l'élection d'une autre instance du Fateh, le Conseil révolutionnaire, attendue aujourd'hui. « Ce congrès marque le début d'un processus de réforme et de renouvellement au sein du Fateh », a dit M. Abbas, qui a été plébiscité à la tête du mouvement fondé par le leader historique Yasser Arafat à la fin des années 1950. Le Fateh monopolisait le pouvoir au sein de l'Autorité palestinienne avant d'être battu aux législatives en 2006 par le mouvement islamiste Hamas, qui l'a ensuite délogé par la force de la bande de Gaza en 2007. Son pouvoir se limite depuis à la Cisjordanie occupée par Israël. Le parti était en outre miné par des luttes de clans et un manque de discipline qui ont accéléré son déclin depuis la mort de Arafat en 2004. M. Abbas s'en est pris dans ses déclarations au Hamas pour avoir empêché des centaines de délégués du Fateh à Gaza d'assister au congrès, dénonçant « la répression pratiquée par les putschistes ».
Les élections du Fateh ont permis une entrée en force à sa direction de cadres de la nouvelle génération au profit de caciques, avec l'élection notamment de Marwan Barghouthi, figure de proue du mouvement emprisonné à vie en Israël, et d'hommes à poigne issus des services de sécurité comme Mohammad Dahlane et Jibril Rajoub. Un ténor du Fateh, l'ancien Premier ministre et ancien négociateur Ahmad Qoreï, qui a perdu son siège, a dénoncé des « manipulations » ayant selon lui entaché le scrutin, dans une interview au quotidien al-Quds al-Arabi publié à Londres. M. Abbas a minimisé ces propos, excluant toute « scission » au sein du parti.
l'orient le jour