mercredi 8 juillet 2009

Un Ministre appelle à la prise de contrôle des territoires palestiniens en Israël

Palestine 48 - 07-07-2009

Par Jonathan Cook
La semaine dernière, le Ministre israélien du Logement a appelé à une ségrégation absolue entre les populations juives et arabes dans le pays, alors qu’il dévoilait des plans destinés à déplacer un grand nombre de religieux fondamentalistes Juifs dans le nord d’Israël afin d'éviter ce qu'il a décrit comme une «prise de contrôle de la région par les Arabes».

Ariel Atias a déclaré qu'il considérait cela comme une "mission nationale" : faire venir les juifs ultra-orthodoxes - ou Haredim, reconnaissables par leurs vêtements noir et blanc – dans les régions arabes, et a annoncé qu'il créerait également la première ville exclusivement Haredi du nord.

La nouvelle campagne de colonisation, selon Atias, est destinée à relancer les précédentes initiatives infructueuses de l'État pour «judaïser», ou créer une majorité juive dans le nord du pays à forte densité de population arabe.

Des analystes disent que l'annonce est une indication inquiétante que les Haredim, qui étaient traditionnellement hostiles au sionisme en raison de leur lecture stricte de la Bible, sont rapidement recrutés pour des projets de judaïsation en Israël et dans les Territoires Palestiniens Occupés (TPO).

Atias, du parti ultra-orthodoxe Shas, s’inspire du modèle déjà développé avec succès au cours de la dernière décennie en Cisjordanie, dans lequel les Haredim, le groupe de population qui a le plus fort taux de natalité en Israël, ont été encouragés à s'installer dans des colonies différentes qui ont avalé rapidement de grandes parties de territoire palestinien.

Plusieurs maires des villes du nord d'Israël ont fait appel à Atias pour les aider à "sauver" la judéité de leurs communautés d'une manière similaire par le recrutement des Haredim pour grossir le nombre de Juifs dans le Nord.

Atias a révélé jeudi sa nouvelle campagne alors qu’il s’exprimait lors d'une conférence de l'Association du Barreau d'Israël à Tel-Aviv pour y aborder des projets de réforme agraire. Il a déclaré aux délégués: «Nous pouvons tous être des sentimentaux, mais je pense qu'il n'est pas recommandé [aux Juifs et aux Arabes] de vivre ensemble."

Sa priorité, a t-il dit, est d'empêcher la «propagation» des citoyens arabes, qui représentent un cinquième de la population du pays et sont le plus souvent limités à leurs propres communautés surpeuplées dans deux régions du nord, la Galilée et le Wadi Ara.

En faisant référence à la Galilée, où les citoyens arabes sont une petite majorité de la population, il a déclaré: "Si nous continuons comme nous l'avons fait jusqu'à présent, nous allons perdre la Galilée. Les populations qui ne doit pas mélanger se développent là-bas."

Atias a également révélé que les maires de plusieurs villes du nord, où les citoyens arabes avaient commencé à s'installer dans les quartiers juifs, lui avaient demandé comment ils pourraient "sauver" leurs villes.

L’un d’eux, Shimon Lankry, le maire d'Acre, où il y a eu des affrontements intercommunautaires l'an dernier, a rencontré le ministre la semaine dernière. "Il m'a dit," Amenez une bande d’Haredim et nous sauverons la ville", a déclaré Atias.

"Il m'a dit que les Arabes vivaient dans des bâtiments juifs et qu’ils les (les Juifs) faisaient partir."

Les Haredim ont un taux de natalité - estimée à huit enfants par femme - qui est le double de celui de la population musulmane et sont de plus en plus considérés comme une arme démographique pour arrêter l'érosion de la majorité juive d'Israël.

Les commentaires d’Atias ont entrainé rapidement une condamnation de la part des hommes politiques Arabes d'Israël. Mohammad Barakeh, le chef du Parti Communiste, a déclaré au populaire site israélien Ynet: "Le racisme se répand dans l'ensemble du gouvernement et le Ministre Atias est le dernier en date à l'exprimer."

La principale initiative proposée par Atias est le développement d'une grande ville Haredi de 20.000 maisons dans la petite communauté existante d’Harish dans le Wadi Ara, une région proche de la Cisjordanie.

Harish a été créé au début des années 1990 par le Ministre du Logement de l'époque, Ariel Sharon, dans le cadre d'une grande campagne de colonisation à l’intérieur d'Israël et dans les TPO.

Harish et une douzaine de communautés appelées "points neutres" ont été construites sur la Ligne Verte - la frontière d'avant 1967 entre Israël et la Cisjordanie - comme moyen d'affaiblir sa signification politique.

Cependant, la plupart des communautés étaient situées dans des zones à forte densité de population arabe et n’ont pas réussi à attirer les Israéliens.

Jusqu'à récemment, la population des colons a refusé de s'installer en Israël et s’est établie soit dans des zones palestiniennes proches de Jérusalem soit dans des communautés frontalières, au fin fond de la Cisjordanie.

Cesar Yehudkin de Bimkom, un groupe d'urbanistes israéliens qui critique la politique d’urbanisme du gouvernement, a déclaré que l’objectif d’Harish était d'occuper une large bande de terre dans le Wadi Ara pour empêcher la «croissance naturelle» des localités arabes. "Harish est une option intéressante pour le développement rapide parce que l'infrastructure d'une grande ville y est déjà en place», a t-il dit.

Atias a déclaré à l'Association du Barreau d’Israël qu’Harish est un moyen essentiel pour arrêter "l’expansion arabe illégale» et que les Haredim "sont les seuls prêts à y vivre."

Il y a deux semaines, les médias israéliens avaient révélé les projets similaires de Shimon Gapso, le maire du Haut-Nazareth, une ville juive créée il y a 50 ans dans la région de la Galilée, pour limiter la croissance de la voisine ville arabe de Nazareth.

Il a annoncé que 3.000 maisons devraient y être construites l'année prochaine pour les Haredim afin d'accroître une domination juive sur la ville, qui a connu une migration constante des Arabes de Nazareth et des villages environnants recherchant désespérément un endroit pour vivre.

Les dures restrictions imposées à l’urbanisme des communautés arabes signifient qu'il reste peu de places aux citoyens arabes pour construire de façon légale et qu'ils sont exclus des centaines des communautés rurales juives par les comités de surveillance, a ajouté Yehudkin.

Gapso, qui est identifié avec le parti Yisrael Beiteinu du Ministre des Affaires Etrangères, Avigdor Lieberman, s'est plaint de la "menace démographique" posé par les Arabes qui s’installent dans le Haut Nazareth.

Il a récemment déclaré à la presse israélienne: "En tant qu’homme du Grand Israël, je pense qu'il est plus important à régler que de la Galilée, la Judée et la Samarie [Cisjordanie] ... J’exhorte les colons de venir ici."

600 familles ultra-orthodoxes se sont déjà inscrites pour venir vivre dans le nouveau quartier du Haut Nazareth, qui a le soutien d’Eli Yishai, le Ministre de l'Intérieur et chef du Shas.

Dans une campagne de judaïsation liée, Nefesh B'Nefesh, l'une des principales organisations faisant venir les immigrants juifs en Israël, a annoncé en Décembre un programme permettant d'offrir des subventions financières aux nouveaux immigrants qui viendront s'installer dans le nord d'Israël.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MG pour ISM