mercredi 8 juillet 2009

L’exhortation de Steinmeier aux voisins « difficiles » d’Israël, « en Syrie et au Liban »...

mardi 7 juillet 2009 - 14h:36

L’Orient-le-Jour



L’Allemand Frank-Walter Steinmeier arrive aujourd’hui à Beyrouth dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient.

Bachar el-Assad doit comprendre qu’il « ne peut pas recevoir sur un plateau d’argent le Golan (occupé depuis 1967), et continuer dans le même temps à être en relations avec l’Iran et renforcer le Hezbollah ».

Ces mots sont ceux que le président israélien Shimon Peres a utilisés au cours de son entretien hier avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. « Nous sommes prêts à participer immédiatement à des négociations de paix directes avec la Syrie, mais sans condition préalable », a-t-il ajouté selon un communiqué publié par le bureau du chef de la diplomatie allemande.

Ce dernier, qui a insisté sur le fait que l’Europe et l’Allemagne pouvaient assumer un rôle crucial dans le processus de paix régional, a exhorté les voisins « difficiles » d’Israël, « en Syrie et au Liban, à participer de façon constructive aux efforts en vue de la solution à deux États. Si c’est un succès, toute la région en profitera », a-t-il assuré, espérant que « nous sommes en train de donner un nouveau départ (au processus de paix) grâce à l’initiative du président américain (Barack Obama), qui a lancé un fervent appel pour une solution à deux États, adressé non seulement à l’État hébreu et aux Palestiniens, mais aussi à leurs voisins arabes. Nous devons agir pour que les pays arabes modérés œuvrent en faveur de cet objectif », a martelé le ministre Steinmeier. En écho, le négociateur palestinien Saëb Erakat a affirmé que l’Europe joue « un rôle majeur pour aider à la paix entre Palestiniens et Israéliens, à la construction d’institutions, aux réformes, à la responsabilité et à la transparence de l’Autorité palestinienne ».

Frank-Walter Steinmeier, qui sera l’un des rivaux de la chancelière Angela Merkel aux élections générales prévues en septembre, effectue sa 14e tournée au Proche-Orient depuis sa prise de fonctions en novembre 2005. Outre ses entretiens avec Shimon Peres et Saëb Erakat, il a été reçu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et par son homologue Avigdor Lieberman. Il sera à Damas ce matin, où il rencontrera son homologue syrien Walid Moallem ainsi que Bachar el-Assad puis se rendra immédiatement à Beyrouth pour des entretiens avec le président Michel Sleiman et le Premier ministre désigné Saad Hariri. Il regagnera Berlin dans la soirée.

Les menaces de Netanyahu

Nul doute que les menaces directes à l’encontre du Liban proférées il y a deux jours par Benjamin Netanyahu seront au menu des discussions du chef de la diplomatie allemande dans la capitale libanaise.

Des sources diplomatiques bien informées en poste à Beyrouth et citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane estiment que ces menaces doivent être clairement prises au sérieux, en raison notamment d’un nouveau facteur qui « encouragerait » le gouvernement israélien à frapper l’Iran ; même le vice-président US Joseph Biden a fait part de l’incapacité de son pays à empêcher l’État hébreu de mener une telle action.

En outre, ces sources relèvent que les menaces du PM israélien ont pour objectif, totalement vain, de « pousser les Libanais à exiger du Hezbollah qu’il livre ses armes à l’État ». Elles recommandent aussi à la diplomatie libanaise de mobiliser les grandes capitales aussi bien que le secrétaire général des Nations unies afin qu’ils fassent comprendre à Benjamin Netanyahu la gravité de ses menaces. Surtout que toute éventuelle frappe israélienne contre l’Iran serait accompagnée (ou précédée) par une attaque contre des objectifs militaires du Hezbollah au Liban-Sud.

Ces sources pressent en outre les responsables libanais de cesser d’abuser de termes éculés, du genre : « Israël agresse et viole la résolution 1701 » ou « Le Liban est contre l’implantation des réfugiés palestiniens », et de passer à une nouvelle étape dans l’action diplomatique. Cela consiste selon elles à convaincre les grandes puissances de ne pas avoir peur d’exercer sur Israël les pressions nécessaires afin qu’il ne concrétise pas ses menaces.

Pour ces milieux en poste à Beyrouth, prévenir vaut mille fois mieux que guérir...

7 juillet 2009 - L’Orient-le-Jour