vendredi 2 juillet 2010

Le boycott culturel d’Israël : un acte incontournable pour faire cesser le calvaire des Palestiniens

Publié le 1er-07-2010

Ci-dessous une analyse du Palestinien Omar Barghouti, porte-parole de la campagne BDS réclamée par l’ensemble des associations, syndicats et partis représentant la société civile palestinienne
"Après le massacre de la flotille : essor du boycott culturel d’Israël
La campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël (PACBI), lancée en avril 2004 par un petit groupe d’universitaires et d’intellectuels palestiniens, et largement soutenue par des associations, des syndicats et des réseaux majeurs de la société civile (1), connait un essor sans précédent depuis les dix-huit derniers mois, depuis la guerre d’agression contre Gaza.
Actuellement, des campagnes pour le boycott universitaire et culturel d’Israël existent notamment aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en France, en Italie, en Espagne, en Afrique du Sud, en Australie, en Allemagne, en Belgique, au Canada, en Norvège.
Lorsque des artistes ou des groupes d’artistes annoncent qu’ils se produiront en Israël, le PACBI et ses partenaires à travers le monde en appellent directement à eux, si un canal de communication directe le permet. Sinon, nous diffusons des lettres ouvertes et nous nous connectons avec d’autres groupes afin d’exercer une pression morale sur ces artistes ou orchestres et de les convaincre d’annuler leurs représentations et expositions en Israël.
Inspiré par le boycott culturel anti-apartheid de l’Afrique du Sud, le PACBI en appelle à la conscience des artistes concernés et de leurs fans. Quand rien d’autre n’aboutit, ces admirateurs organisent parfois des manifestations protestataires lors de concerts internationaux d’artistes qui ont obstinément refusé de répondre à nos appels. Notre principal argument est que se produire dans un Etat qui pratique l’occupation, la colonisation et l’apartheid ne peut être considéré comme un acte purement artistique – si tant est que cela existe. Abstraction faite des intentions, il s’agit d’une forme délibérée de complicité, qui est manipulée par Israël dans sa tentative frénétique de blanchiment ses violations récurrentes du droit international et des droits des Palestiniens.
C’est pourquoi les manifestations artistiques en Israël promeuvent une attitude de « banalité des affaires courantes » qui normalise et hygiénise un état qui a perpétré des crimes de guerre tout au long de plusieurs décennies – à Gaza, à Jérusalem, au Néguev, et maintenant en haute mer contre des volontaires de l’aide humanitaire à bord de la Flotille de la Liberté.
Un artiste qui se produit en Israël aujourd’hui – tout comme n’importe quel artiste qui violait le boycott et se produisait à Sun City, en Afrique du Sud au temps de l’apartheid – ne peut être perçu par les Palestiniens et par les personnes de conscience à travers le monde que comme motivé par le profit personnel bien plus que par des principes moraux.
On sait que les promoteurs de concerts en Israël proposent de fortes sommes d’argent pour attirer des notoriétés internationales, ceci faisant partie de la campagne de promotion d’Israël (2) conçue explicitement pour dissimuler les violations israéliennes des droits de l’homme sous une sorte de lustre artistique et scientifique, et donner une image spécieuse de l’excellence culturelle et du « libéralisme ».
En 1965, le Comité américain sur l’Afrique, suivant le mouvement impulsé par d’éminentes associations artistiques britanniques, a patronné une déclaration historique contre l’apartheid sud africain, signé par plus de 60 personnalités de la culture. Elle disait : « Nous disons NON à l’apartheid. Nous prenons cet engagement d’une résolution solennelle de refuser de la part de l’actuelle république d’Afrique du Sud tout encouragement et bien entendu tout partenariat ; et ce jusqu’au jour où ses habitants jouiront dans l’égalité des avantages éducatifs et culturels de ce riche et beau pays » (3).
Le PACBI espère atteindre le même niveau d’engagement de la part d’artistes internationaux pour isoler Israël, pays d’apartheid.
A ce stade, le principal impact du boycott est de faire d’un Etat qui viole le droit, un Etat pariah, de l’isoler tant qu’il a choisi d’étranger le peuple palestinien, de lui faire ainsi payer le prix de son occupation et de ses massacres, en refusant la complicité internationale dans la perpétuation de l’occupation et de la ségrégation.
En réaction au massacre par les Israéliens de la Flotille de la Liberté, qui a conduit au meurtre de 9 Turcs non armés (dont l’un avec la double nationalité turque et américaine), travailleurs humanitaires et militants des droits de l’homme, et qui en a blessé des douzaines d’autres originaires de plusieurs pays, des artistes et des groupes de réputation majeure ont réagi de manière prompte et résolue.
Prenant parti pour un boycott culturel d’Israël, l’écrivain britannique de célébrité mondiale, Iain Banks, a écrit dans le quotidien britannique "The Guardian" que pour les artistes, écrivains et universitaires du monde entier, le meilleur moyen de « convaincre Israël de sa déchéance morale et de son isolement éthique » est « simplement de ne plus rien avoir à faire avec cet état hors-la-loi » (4) Cette prise de position de Banks a été ensuite adoptée par Stephane Hessel (5), l’un des rédacteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, survivant de l’Holocauste et ancien diplomate français.
Le caricaturiste Martin Rowson a traduit le choc partagé par des millions de personnes dans une bande dessinée (6) du Guardian. Il y montre des commandos israéliens d’allure effrayante, lourdement armés prenant d’assaut l’arche de Noé, en train d’emprisonner tous les animaux terrifiés, tandis que l’un des soldats écrase férocement une colombe de la paix – rameau d’olivier – et justifie cet acte devant un Noé accablé en disant « La colombe avait clairement l’intention de piquer du bec des civils innocents ».
Bien avant le dernier bain de sang causé par Israël, de nombreuses figures internationales de la Culture avaient porté attention ou directement apporté leur appui aux appels au boycott culturel émanant du PACBI et amplement approuvés par la société civile palestinienne. Nombreuses sont les personnalités culturelles qui soutiennent explicitement et factuellement le boycott d’Israël. Parmi d’autres : l’écrivain suédois Henning Mankell (qui se trouvait à bord de la Flotille), l’auteure américaine Alice Walker, le chanteur américain de folk Devendra Banhart, les groupes Klaxons, Gorillaz Sound System, the Pixies…
Avant l’attaque de la Flotille, des artistes du calibre d’Elvis Costello, Gil Scott-Heron et Carlos Santana avaient tous annulé leurs concerts en Israël après avoir été sollicités par les acteurs de la campagne BDS.
Et avant eux, des artistes, écrivains, intellectuels ont explicitement soutenu le boycott culturel d’Israël.
La pétition de 500 "Artistes contre l’Apartheid" à Montréal a été particulièrement impressionnante.
En 2006, le célèbre écrivain britannique John Berger a fait une déclaration publique en faveur du boycott d’Israël qui a été reprise par 93 autres intellectuels et artistes.
Sans parler de Ken Loach, Judith Butler, Naomi Klein, The Yes-Men, Sarah Schulman, Aharon Shabtai, Udi Aloni, Adrienne Rich, et John Williams (peut-être le plus grand guitariste classique vivant).
En 2008, à l’occasion des célébrations en l’honneur des 60 ans d’Israël, la campagne BDS a recuilli des dizaines de signatures prestigieuses qui ont signé un article dans le International Herald Tribune, le 8 mai de cette année-là. Parmi eux, Mahmoud Darwish, Augusto Boal, Roger Waters, Andre Brink, Vincenzo Consolo, et Nigel Kennedy.
Il y a aussi les grandes têtes d’affiches de la culture qui refusent les invitations à se rendre en Israël ou annulent leur venue, sans donner d’explications publiques. C’est le cas de Bono, U2, Bjork, Jean-Luc Godard, Snoop Dogg, et d’autres.
Quelques artistes objectent que, au lieu de boycotter, ils préfèrent se rendre en Israël et saisir l’occasion de leur prestation pour exprimer leur point de vue sur les injustices commises par Israël. Cette idée apparemment noble, est contre-productive. Une position si hypothétiquement courageuse ne peut compenser ou neutraliser le dommage bien plus substantiel que cause le fait que ces prestations aient lieu, dès lors qu’Israël, avec la formidable influence qu’il exerce sur les principaux médias occidentaux, les exploite cyniquement pour diffuser une fausse image de normalité qui lui donne la capacité de maintenir occupation et ségrégation.
On attend d’un artiste doté de conscience qu’il soit attentif aux appels des opprimés quant à ce qu’ils estiment susceptibles de contribuer efficacement à leur lutte pour mettre fin à l’injustice et à l’oppression coloniale. Ce qui était également vrai dans la lutte contre l’apartheid sud africain.
Quant à l’argument communément invoqué selon lequel « l’art devrait être au-dessus de la politique », il est manifestement anhistorique et politique par excellence. Les artistes sont des êtres humains, dont on attend qu’ils soient plus —et non pas moins— sensibles que les autres pour entrer en empathie avec la souffrance humaine et rejeter l’oppression. Quand, pour de l’argent ou d’autres avantages matériels, aux dépens d’un engagement fondamental pour les droits de l’homme, ils font le choix de se ranger du côté d’oppresseurs hégémoniques, ils en arrivent à vendre leur âme et à révéler leur totale corruption morale. Des artistes tels que Elton John (7), qui ont violé le boycott culturel de l’apartheid et ont diverti les Sud-Africains à Sun City, ont été vus comme franchissant une ligne rouge. Il en va de même pour ceux qui insistent pour divertir aujourd’hui l’apartheid israélien.
La grande majorité des personnalités intellectuelles palestiniennes appuient fermement l’appel à un boycott culturel d’Israël (8), comme le font l’ensemble des principales institutions et associations culturelles. Même si des artistes palestiniens peuvent indirectement pâtir d’un boycott mondial, ils l’envisagent et l’acceptent comme le prix minimal à payer afin d’apercevoir une lumière au bout du long tunnel de l’occupation israélienne, du nettoyage ethnique, de l’apartheid et du refus raciste de nos droits de réfugiés.
Dans ce contexte, des artistes palestiniens ont souvent exprimé le point de vue communément partagé que les artistes du monde entier ont une obligation morale de cesser, au minimum, d’être complices de l’oppresseur, pour aider à mettre un terme à cette oppression et introduire la liberté et une paix juste."
[1]http://pacbi.org/etemplate.php ?id=869
[2]http://www.israel21c.org/opinion/jewish-week-marketing-a-new-image
[3]http://www.tcg.org/publications/at/MayJune08/positions.cfm
[4] http://www.guardian.co.uk/world/2010/jun/03/boycott-israel-iain-banks
[5] http://www.huffingtonpost.com/stephane-frederic-hessel/gaza-flotilla-global-citi_b_612865.html
[6] http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cartoon/2010/jun/05/martin-rowson-gaza-flotilla-attack
[7]http://www.pacbi.org/etemplate.php ?id=1176
Omar Barghouti - 30 juin 2010.
(Traduit par Anne-Marie PERRIN pour CAPJPO-EuroPalestine)
CAPJPO-EuroPalestine

Le drapeau palestinien sur la mairie de Vaulx en Velin (Vidéo)


Publié le 1er-07-2010

Merci Monsieur Bernard GENIN, maire (PCF) de la mairie de Vaulx en Velin, une ville de 40 000 habitants dans le département du Rhône en France, qui, en accord avec son conseil municipal a fait installer le drapeau palestinien sur sa mairie, pour réagir à l’agression de la flotille de la liberté et protester contre tout ce que le terrorisme d’Etat israélien fait subir aux Palestiniens. Vidéo de la cérémonie accompagnée de l’hymne palestinien.

jeudi 1 juillet 2010

Dexia va-t-il quitter Israël pour des « raisons politiques » ?

trends.rnews.be
publié le mercredi 30 juin 2010.
Dexia chercherait à revendre les 65 % qu’il possède dans sa filiale, leader du prêt aux municipalités en Israël, pour 125,5 millions d’euros. Soit moitié plus que sa valorisation boursière. Le groupe franco-belge serait déjà en contact avec deux banques israéliennes. En Belgique, le « no comment » prévaut. A Tel-Aviv, on dément fermement.

Dexia serait prêt à revendre les 65 % qu’il détient dans sa filiale Dexia Israel Bank, écrit le quotidien financier israélien Globes. La valeur boursière de cette filiale atteint 435 millions de shekels, soit 91 millions d’euros. La maison mère franco-belge souhaiterait néanmoins en tirer 600 millions de shekels (125,5 millions d’euros), soit moitié plus que sa capitalisation.
Dexia aurait d’ores et déjà contacté deux banques israéliennes, notamment Mizrahi Tefahot Bank, en vue d’un éventuel rachat, souligne encore Globes. Selon une des sources du quotidien, le prix de départ est « très élevé, inacceptable et uniquement destiné à débuter les négociations sur une base plus importante ».
Quant au choix d’une banque locale, Globes souligne que Dexia souhaite accélérer ainsi l’approbation de l’opération par les autorités de régulation du pays. Pour faciliter la vente, le groupe franco-belge serait par ailleurs prêt à acheter des actions de Dexia Israel, dont le solde du capital (35 %) est actuellement ouvert au public.
Interrogé par Globes, David Kapah, CEO de Dexia Israel, a démenti ces informations : « Les rumeurs sur une vente de la banque sont sans fondement. Dexia considère sa filiale israélienne comme un bras important, et l’activité business entre la maison mère et Dexia Israel continue comme d’habitude. »
En Belgique, Ulrike Pommee, porte-parole de Dexia, contactée par nos soins, ne fait « pas de commentaires », tout comme Mizrahi Tefahot Bank, contacté par Globes.
Le départ d’Israël : simple recentrage de Dexia sur ses marchés-clés ou lobbying interne pour des raisons politiques ?
Les raisons de ce désinvestissement sont de deux ordres, avance enfin le quotidien. Primo, le départ de Dexia relève de sa nouvelle stratégie, qui vise notamment au recentrage du groupe sur ses marchés-clés, « qui n’incluent pas Israël ». Secundo, il pourrait s’agir d’une conséquence d’un lobbying mené en interne pour que Dexia quitte le pays, « pour des raisons politiques ».
L’activité de prêt menée par Dexia en Israël fait grincer bien des dents chez nous. Mi-mai, des militants détenteurs d’actions de la banque avaient par exemple troublé l’assemblée générale du bancassureur pour dénoncer sa politique. La banque s’était en effet engagée, dans une déclaration de son président Jean-Luc Dehaene, lors de l’AG de mai 2009, à ne plus prêter d’argent à des colonies juives.
« Aucun engagement nouveau n’a été pris par rapport aux colonies », avait alors répété Jean-Luc Dehaene devant les critiques. Selon ces militants, ces promesses n’ont cependant pas été respectées puisque, le 31 mai 2009, soit deux semaines après l’AG, un prêt de 6,8 millions de shekels (1,4 million d’euros) aurait été accordé à une colonie juive établie au sud de Bethléem.
Dexia Israel est certes une « petite » filiale à l’échelle du groupe, mais elle occupe la 1ère place dans le pays en matière de crédit aux municipalités, avec une part de marché de 37 %, devant Bank Hapoalim (31 %) et Bank Leumi (25 %).
V.D.
http://trends.rnews.be/fr/economie/actualite/banque-et-finance/dexia-va-t-il-quitter-israel-pour-des-raisons-politiques/article-1194763975748.htm
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Ce feu est toujours au rouge

Par Jerrold Kessel et Pierre Klochendler (IPS News)
publié le mercredi 30 juin 2010.
SHEIKH SA’AD, Jérusalem-Est occupée, 25 juin 2010 (IPS)
Des feux de signalisation pour régler la circulation, mais pas de circulation du tout. En fait, des feux de signalisation... rien que pour les piétons. Et même eux se déplacent peu. Sortir de ce village (3 000 habitants) à pied est soumis à des restrictions.
Les 1 200 villageois détenteurs de papiers d’identité palestiniens n’ont aucun moyen de franchir la barrière pour quitter le village. C’est un privilège réservé aux 1 800 personnes qui ont une carte d’identité israélienne. Elles peuvent, en principe, franchir la barrière à pied. Mais même çà peut s’avérer difficile.
C’est que nous sommes dans l’arrière-cour de Jérusalem, l’arrière-cour de l’occupation de Jérusalem-Est par Israël.
À côté des feux de signalisation, il y a un panneau de fortune qui dit : "Passage des voitures autorisé uniquement quand le feu est au vert". Mais le feu est toujours au rouge.
Accrochées au poteau des feux de signalisation, d’autres couleurs flottent : le bleu-et-blanc du drapeau israélien. Le checkpoint est gardé par des policiers et policières des frontières israéliens, en tenue de combat de la tête au pieds.
Voilà [la vie] à Sheikh Sa’ad, littéralement pris entre marteau et enclume.
Le village se situe entre Wadi Nar, la profonde vallée biblique de Josaphat qui le borde sur trois côtés, et le mur de sécurité d’Israël à l’est. Un segment supplémentaire spécial de cette barrière coupe à travers Sheikh Sa’ad et empêche l’accès à la partie de Jérusalem occupée par Israël depuis 1967.
Il y a quelques années, Israël a construit le mur de sécurité pour tenir à l’écart les aspirants kamikazes palestiniens.
Depuis, les Palestiniens de Sheikh Sa’ad sont doublement enfermés. Ils sont à la fois isolés du reste de la Cisjordanie ; qui est sous le contrôle de l’Autorité Palestinienne, et de Jérusalem.
Même si le soulèvement palestinien de l’Intifadah s’est éteint, les barrières demeurent intactes.
Les gens d’ici sont toujours arbitrairement coupés du village voisin de Jabel Mukaber par la barrière. Contrairement à Sheikh Sa’ad, Jabel Mukaber relève entièrement de la juridiction municipale de Jérusalem-Est.
Les gens de Jabel Mukaber bénéficient des services que les autorités israéliennes de Jérusalem accordent aux Palestiniens de la partie orientale occupée de la ville. S’ils ont, eux, la carte d’identité israélienne, ce n’est pas le cas de leurs voisins de Sheikh Sa’ad.
Une décision de la Cour Suprême Israélienne en leur faveur n’a pas amélioré la difficile situation des habitants de ce village isolé.
En mars de cette année, la Cour a refusé leur requête, —déplacer de l’autre côté du village la partie supplémentaire de la barrière qui sépare Sheikh Sa’ad de Jabel Mukaber. Mais elle a en revanche décidé que les autorités israéliennes doivent autoriser aux résidents l’accès à Jérusalem 24 heures sur 24.
Mais le feu rouge est toujours là. Il ne passe pas au vert, même pour les ambulances ou les camions de pompiers. Fait absurde, la circulation des véhicules d’urgence doit être coordonnée à l’avance avec les autorités d’occupation israélienne.
Aucun véhicule commercial venant de Jérusalem n’est autorisé à franchir la barrière. Cela signifie que toutes les marchandises doivent être transportées à la main par ceux qui ont l’autorisation d’effectuer le trajet à pied.
Les bénévoles de l’ONG MachsomWatch (Surveillance des Checkpoints), groupe d’Israéliennes qui surveille les checkpoints, rapportent plusieurs incidents où des femmes enceintes et des enfants malades ont été retenus longtemps par les gardes-frontières israéliens. "Ils n’avaient absolument aucune raison de faire çà", a dit à IPS Shulamit, une des "observatrices". "J’ai vu des cas où les femmes n’étaient même pas autorisées à passer à pied. Elles étaient obligées de faire un énorme détour pour aller à l’hôpital en passant par la zone sous contrôle palestinien de la Cisjordanie, tout au bout du mur de sécurité. Çà prend des heures".
Ziad, qui habite Sheikh Sa’ad, raconte un autre cas où un villageois avait fait une crise cardiaque. "Nous avons appelé l’ambulance. Il lui a fallu longtemps pour atteindre le checkpoint. Même là, les gardes n’étaient pas disposés à la laisser passer. Un secouriste a demandé à traverser à pied. Les gardes ont même refusé çà. Finalement, on lui a dit qu’il pouvait passer tout seul, sans le matériel qu’il y avait dans l’ambulance. Quand le secouriste est enfin arrivé vers l’homme, il était déjà décédé."
Les habitants de Sheikh Sa’ad ont droit aux établissements de santé et d’éducation classiques, mais uniquement à ceux de Jabel Mukaber. Cela signifie qu’ils ne peuvent pas y accéder.
Certaines des maisons de Sheikh Sa’ad sont techniquement classées par Israël comme dépendantes de Jérusalem, comme faisant partie de la zone annexée il y a 43 ans. Les habitants sont donc redevables des taxes municipales. Mais ils n’ont en revanche pas le droit d’entrer en voiture dans la ville —leur propre ville d’après le registre des impôts israélien— pour aller payer ces taxes.
Voilà un mois, sous la pression, l’armée a finalement annoncé que les véhicules qui avaient le permis adéquat seraient autorisés à passer. Les habitants disent cependant qu’ils attendent toujours de voir le changement. Ils projettent de redéposer une requête au tribunal pour alléger leur isolement. D’après leur avocat, Nasser Iyyat, les autorités militaires n’ont pas cessé de tromper la cour : "Depuis mars et malgré la décision, aucun véhicule n’est autorisé à passer".
S’il est saisi de l’affaire, il est fort possible que le tribunal de grande instance se prononce à nouveau en faveur des Palestiniens, mais, comme si souvent par le passé, les autorités militaires pourraient bien trouver un moyen d’ajouter une raison "de sécurité" à leur liste pour être sures que cette décision de justice ne soit pas appliquée dans la pratique.
"Quelqu’un de l’appareil de la défense a clairement décidé de faire fi de [ce que dit] la justice, a écrit Avi Issacharoff dans Haaretz . "Où est la menace pour la sécurité ? Tout le monde se cache derrière la décision du tribunal. D’une certaine manière, cependant, on ne veut pas savoir ce qui se passe sur le terrain."
Tr. MC.
http://www.ipsnews.net/news.asp?idnews=51951
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Des députés européens mettent en garde Peres devant la montée de la dynamique de boycott

David Lipkin, Maariv
publié le mercredi 30 juin 2010.

Les membres du lobby européen proisraélien mettent en garde : la détérioration du climat politique encourage les boycotts des produits, entreprises et hommes d’affaires israéliens ; ces membres demandent à Peres d’utiliser sa stature internationale et d’intervenir devant le Parlement européen.
Le Parlement européen : « Le phénomène de boycott contre Israël gagne en dynamique »
Les dirigeants de EFI (European Friends of Israel - les Amis européens d’Israël), le lobby européen en faveur d’Israël et de son économie, ont mis en garde hier contre la détérioration d’un climat politique en Europe à l’encontre Israël, et une montée du phénomène de boycotts des produits et du monde des affaires israéliens à travers l’Europe. Ils insistent sur l’existence d’un phénomène croissant de financements d’investissements européens qui se retirent des entreprises israéliennes, les raisons invoquées étant « l’éthique des affaires ».
Ronny Bruckner, leader de ce lobby qui comprend des membres du Parlement de l’Union européenne et des hommes d’affaires européens de premier plan, a demandé hier au président Shimon Peres d’utiliser sa réputation internationale exceptionnelle et d’intervenir devant le Parlement européen. Bruckner a également demandé au président d’intensifier son activité en direction des institutions de l’UE et d’investir dans les petits Etats européens qui ont récemment rejoint l’UE.
Selon Bruckner, le développement important de la population arabe dans les grands pays européens peut pousser les organismes musulmans à se joindre aux coalitions radicales et au boycott des produits venant d’Israël, et pas seulement des produits venant de l’est de la Ligne verte. Il indique que les militants se sont déjà mis à harceler des hommes d’affaires et que, récemment, des entreprises qui se lancent dans des relations commerciales avec des entreprises israéliennes ont reçu des menaces.
Les principaux dirigeants d’EFI ont dit au président Shimon Peres qu’un mouvement s’amplifie où de plus en plus de fonds d’investissements européens annoncent leur retrait de sociétés israéliennes, avançant comme raison, « l’éthique des affaires ». Et d’après ces dirigeants, il y a à craindre que ce phénomène ne prenne encore plus d’ampleur.
Michelle Gorari, directeur général d’EFI, a dit à Asakim que le boycott économique d’Israël s’accélérait en Europe en raison des dernières évolutions politiques. Il croit que suite à des pressions croissantes, le boycott des exportations israéliennes affecte quelque 30% de ces exportations vers l’Europe. Il y a une tendance dangereuse à vouloir imposer une interdiction totale de vente des produits israéliens sur certains marchés européens.
Goari souligne que le lobby proisraélien a réussi à contrecarrer un courant qui émergeait et qui montrait que le Parlement européen envisageait de ne pas ratifier un nouvel accord dans le domaine aéronautique entre Israël et l’UE. EFI a multiplié les efforts pour obtenir un soutien à Israël, et l’accord a finalement été approuvé par une majorité de 465 voix contre 65. EFI se demande actuellement si c’est le bon moment pour solliciter du Parlement européen son approbation à un accord sur l’harmonisation des normes entre Israël et l’UE, car il est à craindre, étant donné l’atmosphère anti-Israël actuelle, qu’il soit difficile d’atteindre une majorité pour l’obtenir.
29 juin 2010 -
Coteret -
traduction : JPP
http://coteret.com/2010/06/29/maariv-meps-warn-peres-of-gathering-boycott-momentum/
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Qui a peur du nucléaire civil iranien ?

30 juin 2010
par Thierry Meyssan*
Pour Thierry Meyssan, le débat sur l’existence d’un éventuel programme militaire nucléaire iranien n’est qu’un écran de fumée. Les grandes puissances ont arrêté leur transfert de technologie dès la chute du Shah et la Révolution islamique a condamné le principe de la bombe atomique. Les prétendus soupçons occidentaux ne sont que des artifices utilisés pour isoler un Etat qui remet en cause la domination, militaire et énergétique, des puissances nucléaires et leur droit de veto au Conseil de sécurité.
La Maison-Blanche a diffusé un dossier de presse expliquant aux journalistes ce qu’est la résolution 1929 du Conseil de sécurité [1]. Le contenu de ce document — et la vaste campagne de communication qui l’a soutenu — a été repris comme à l’habitude par les grands médias occidentaux sans la moindre réflexion critique.
Selon la presse occidentale — c’est-à-dire selon la Maison-Blanche dont elle est s’est fait pour l’occasion le perroquet — la résolution a été adoptée par « une base très large » et constitue « une réponse au refus constant de l’Iran de se plier à ses obligations internationales relatives à son programme nucléaire ». Voyons ce qu’il en est.
Sur 15 membres du Conseil de sécurité, 12 ont voté pour (dont les 5 membres permanents), 1 s’est abstenu, et 2 ont voté contre [2]. Cette « base très large » masque en réalité un nouveau clivage : pour la première fois dans l’histoire du Conseil, un bloc de nations émergentes (le Brésil et la Turquie, soutenus par l’ensemble des pays non-alignés) s’est opposé aux membres permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie) et à leurs vassaux. Ainsi, cette « unanimité moins deux voix » exprime en réalité une fracture entre le directoire des Cinq Grands et ce que l’on doit à nouveau appeler le Tiers-monde (par analogie avec le Tiers état [3]), c’est-à-dire ceux dont l’avis ne compte pas.
Le Brésil a joué un rôle central dans l’élaboration du traité de Tlatelolco, qui fait de l’Amérique latine une « zone exempte d’armes nucléaires ». La Turquie œuvre activement à faire du Proche-Orient une autre « zone exempte d’armes nucléaires ». Personne ne doute que ces deux Etats soient sincèrement opposés à la prolifération des armes nucléaires. Personne ne doute non plus que la Turquie, qui partage une frontière commune avec l’Iran, soit particulièrement vigilante pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.
Alors pourquoi ont-ils voté contre la résolution 1929 ? Comme nous allons le voir, la problématique posée par les grandes puissances n’est qu’un écran de fumée pour masquer un débat de fond dans lequel l’Iran et les non-alignés mettent en cause leurs privilèges.
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L’ayatollah Rouhollah Khomeini (1902-1989). Il déclare les armes de destruction massive incompatibles avec l’islam.

Le mythe de la bombe iranienne

A l’époque du Shah Reza Pahlevi, les Etats-Unis et la France mirent en place un vaste programme visant à doter Téhéran de la bombe atomique. Il était admis, au vu de l’histoire du pays, que l’Iran n’est pas un Etat expansionniste et que de grandes puissances pouvaient lui confier sans risque cette technologie.
Ce programme fut interrompu par les Occidentaux au début de la Révolution islamique et donna lieu à un long contentieux financier autour de la société Eurodif. Selon les autorités iraniennes, il n’a jamais été repris.
L’ayatollah Khomeini et ses successeurs ont condamné la fabrication, le stockage, l’utilisation, et la menace d’utilisation de l’arme nucléaire comme contraires à leurs valeurs religieuses. Selon eux, il est moralement inacceptable d’utiliser des armes de destruction massive qui tuent indistinctement civils et militaires, partisans et adversaires d’un gouvernement. Cette prohibition a pris force de loi avec le décret émis par le Guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Khamenei, le 9 août 2005.
Les dirigeants iraniens ont déjà montré leur obéissance à ce principe et le peuple iranien l’a déjà payé très cher. C’était au cours de la guerre lancée par l’Irak contre le pays (1980-88). Saddam Hussein fit tirer des missiles non guidés sur les villes iraniennes. L’armée iranienne riposta à l’identique jusqu’à ce que l’imam Khomeini intervienne. Il fit cesser les tirs, en vertu de ce principe, interdisant de tirer à l’aveuglette sur les villes ennemies. Le pays fit le choix d’endurer une guerre plus longue plutôt que de la gagner en utilisant des armes non ciblées [4].
Compte tenu du mode de fonctionnement du pays, il ne paraît pas possible que des individus aient passé outre cet avis théologique et la mémoire des martyrs de cette guerre pour mettre en place un vaste programme secret de recherche et de fabrication de la bombe atomique.
La position iranienne anticipe le droit international. Ce n’est en effet qu’en 1996 que la Cour internationale de Justice de La Haye a mis en évidence que toute destruction massive est criminelle, et que le principe même de la dissuasion nucléaire, c’est-à-dire la menace de perpétrer un crime, constitue un crime en lui-même [5]. Cependant, l’avis de la Cour n’étant pas contraignant, mais uniquement consultatif, les grandes puissances n’en ont que faire [6].
Le mythe d’un programme militaire nucléaire iranien a été forgé par les Anglo-Saxons après leur invasion de l’Afghanistan et de l’Irak. Leur plan stratégique prévoyait de prendre ultérieurement l’Iran en tenaille à partir de ses deux voisins. Dans cette période, les services états-uniens et britanniques ont disséminé de fausses informations à ce sujet comme ils le firent à propos du prétendu programme d’armes de destruction massive de Saddam Hussein. Les données transmises aux alliés et à la presse étaient le plus souvent fournies par un groupe d’exilés iraniens, les Moujahidines du Peuple. Il s’est avéré depuis que ces exilés inventaient leurs informations au fur et à mesure des besoins. Au demeurant, ils vivaient en Irak et, même avec des soutiens familiaux locaux, ils n’étaient pas en mesure de pénétrer en Iran l’organisation très cloisonnée des Gardiens de la Révolution. Aujourd’hui les experts US reconnaissent que cette source était sans valeur. Seuls les néo-conservateurs et les services secrets français, qui protègent en France le siège mondial des Moujahidines, continuent à y croire [7].
Cette intox servit de référence au vote des résolutions 1737 (23 décembre 2006) [8] et 1747 (24 mars 2007) [9].
Les accusations à l’encontre de l’Iran furent abandonnées par Washington, le 3 décembre 2007, lorsque le directeur national du Renseignement le vice-amiral John Michael McConnell rendit public un rapport de synthèse. On y apprenait que l’Iran avait cessé tout programme nucléaire militaire depuis des années et que, s’il le relançait, il ne pourrait de toute manière pas produire de bombe atomique avant 2015 au moins [10]. En publiant ce rapport McConnell ne visait pas simplement à clore la polémique, il entendait surtout — dans la ligne d’un groupe d’officiers supérieurs réunis autour du vieux général Brent Scowcroft — suspendre le projet de guerre contre l’Iran, les Etats-Unis n’en ayant temporairement plus les moyens économiques et militaires [11]. Nos lecteurs se souviennent que j’ai analysé cet événements dans nos colonnes, en annonçant le changement de politique à Washington six heures avant la publication surprise de ce rapport [12].
Un accord fut conclu entre le commandant du CentCom, l’amiral William Fallon, et ses homologues iraniens, avec l’assentiment du secrétaire à la Défense Robert Gates sous la supervision du maître à penser des officiers supérieurs, le général Scowcroft. Un scénario de détente avait été convenu pour permettre aux Etats-Unis de sortir d’Irak la tête haute. Cependant, le clan Bush-Cheney, qui espérait encore cette guerre, réussit à faire voter de nouvelles sanctions contre l’Iran avec la résolution 1803 (3 mars 2008) [13], immédiatement suivie de la démission de l’amiral Fallon [14]. Là encore, nos lecteurs se souviennent de cet épisode que j’ai décrit en détail dans nos colonnes [15].
Enfin, il y a eu la tentative du clan Bush-Cheney de contourner l’opposition de l’état-major états-unien en sous-traitant l’attaque de l’Iran à Israël. Dans cette perspective, Tsahal avait loué deux bases militaires aériennes à la Géorgie, d’où des bombardiers auraient pu frapper l’Iran sans avoir besoin de ravitaillement en vol. Las ! ce projet fut soudainement interrompu par la guerre d’Ossétie du Sud et le bombardement des bases israéliennes de Géorgie par la Russie.
En définitive, le général Scowcroft et son poulain, Barack Obama, ont récupéré cette polémique et l’ont utilisée pour faire avancer leurs plans. Il ne s’agit plus de préparer une guerre contre l’Iran, mais d’exercer une forte pression sur Téhéran pour l’obliger à coopérer avec les Anglo-Saxons en Afghanistan et en Irak. En effet, les forces occidentales se sont embourbées dans ces deux théâtres d’opération, alors que les Iraniens ont de puissants leviers parmi les populations azéries afghanes et chiites irakiennes.
Ainsi, le général Scowcroft, qui dégonfla le mythe du nucléaire iranien en décembre 2007 et reçu comme une gifle les sanctions contre l’Iran en mars 2008, est devenu le propagandiste de ces mêmes sanctions en 2010.
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Mohammad Mossadegh (1882-1967), renversé par un coup d’Etat fomenté par la CIA et le MI6.

L’indépendance énergétique des Etats émergents

Depuis 60 ans, l’Iran se préoccupe de son indépendance énergétique. Sous la monarchie impériale, le Premier ministre Mohammad Mossadegh, nationalisa l’Anglo-Iranian Oil Company, et expulsa la plupart des conseillers et techniciens britanniques. Dans son esprit et celui des autres sujets du Shah, il ne s’agissait pas tant de récupérer une manne financière que de s’approprier les moyens du développement économique. Le pétrole iranien assurerait la croissance d’une industrie iranienne.
Londres s’estimant lésé porta l’affaire devant la Cour de Justice internationale de La Haye. Et perdit. Les Britanniques sollicitèrent alors les Etats-Unis pour organiser un coup d’Etat [16]. A l’issue de l’« opération Ajax », Mossadegh fut arrêté tandis que le général ex-nazi Fazlollah Zahedi lui succèda. Le régime du Shah devint alors le régime le plus répressif de la planète.
La Révolution islamique, qui renverse le Shah, reprend à son compte cette exigence d’indépendance énergétique. Anticipant l’épuisement de ses ressources pétrolières, Téhéran intègre dans son vaste programme de recherche scientifique et technique des travaux sur le nucléaire civil. D’autant que, selon les géologues iraniens, le pays regorgerait d’uranium exploitable, une richesse plus importante que le pétrole.
Ne disposant pas de combustible nucléaire, Téhéran s’en fournit grâce au président Raúl Alfonsín. Trois accords sont signés avec l’Argentine, en 1987 et 1988. Les premières livraisons d’uranium enrichi à 19,75 % ont lieu en 1993 [17]. Mais ces accords sont interrompus par les attentats de Buenos-Aires, en 1992 et 1994, imputés à l’Iran, mais probablement perpétrés par le Mossad qui s’était installé dans le pays durant la dictature du général Videla [18].
En 2003, l’Iran signe le Protocole additionnel du Traité de non-prolifération, qui tient compte des avancées scientifiques. En vertu des nouvelles dispositions, les signataires doivent notifier à l’Agence internationale de l’énergie atomique les installations nucléaires en cours de construction, alors que par le passé, ils ne devaient les notifier que six mois avant la mise en service. Du fait du changement de règles, Téhéran confirme la construction en cours de nouvelles unités à Natanz et Arak. Le Protocole additionnel ne prévoyant pas de mesures transitoires pour passer d’un système juridique à l’autre, le président Mohammed Khatami accepte de discuter des modalités avec un groupe de contact composé par l’Union européenne, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (UE+3), et suspend l’enrichissement de l’uranium en signe d’apaisement.
Elu président de la République à la mi-2005, Mahmoud Ahmadinejad estime que son pays a accordé un délai suffisant à l’AIEA pour mener les inspections nécessaires à la transition, et que le Groupe des Trois fait volontairement traîner les choses pour prolonger indéfiniment le moratoire iranien. Il décide donc de reprendre le processus d’enrichissement de l’uranium.
A partir de ce moment, les Européens — qui considèrent avec mépris l’Iran comme le « régime des mollahs » [19]— reprochent aux Iraniens d’avoir failli à leur parole. L’administration Ahmadinejad affirme quant à elle que, comme tous les gouvernements du monde, elle est liée par les Traités ratifiés par son Parlement, mais pas par la politique de l’administration précédente. C’est le début du conflit juridique. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni obtiennent le soutien du G8 et convainquent le Conseil des gouverneurs de l’AIEA de porter le litige devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le vote du Conseil des gouverneurs (4 février 2006) préfigure celui du Conseil de sécurité du 9 juin 2010. Les grandes puissances font bloc, tandis que Cuba, la Syrie et le Venezuela votent contre.
Furieuse d’être humiliée, l’administration Ahmadinejad décide de retirer la signature iranienne du Protocole additionnel. Ce retrait rend caduques les engagements de l’administration Khatami et clôt la polémique avec le groupe UE+3. Le Conseil de sécurité réplique en exigeant une nouvelle suspension de l’enrichissement de l’uranium (résolution 1696 du 31 juillet 2006) [20]. Au regard du droit international cette résolution n’a pas de fondement juridique. La Charte des Nations Unies ne donne pas compétence au Conseil de sécurité pour exiger d’un Etat membre qu’il aliène un de ses droits pour « rétablir la confiance » des autres à son égard.
Dès lors, l’Iran —soutenu par 118 Etats non alignés— refuse de se conformer aux exigences successives du Conseil en vertu de l’article 25 de la Charte. Celui-ci stipule en effet que les Etats membres ne sont tenus d’accepter les décisions du Conseil que si celles-ci sont conformes à la Charte. Insensiblement, le débat juridique international est passé du contrôle par l’AIEA du programme iranien à un bras de fer entre les grandes puissances et les puissances émergentes. Ou plutôt, il est revenu au point de départ des années 50 ; la question du contrôle par l’AIEA n’étant qu’un épisode dans la lutte opposant les puissances dominantes au Tiers Monde.
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Un exemple à suivre : Mohandas K. Gandhi (1869-1948) défie l’Empire britannique en brisant le monopole de la Couronne. Il tisse lui-même le coton indien.

Après le pétrole, l’uranium

La comparaison entre le comportement des grandes puissances face au pétrole iranien hier et leur comportement face à l’uranium iranien aujourd’hui est frappante.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Anglo-Saxons avaient imposé des contrats léonins à l’Iran pour extraire son pétrole sans en payer le juste prix [21]. Ils avaient aussi empêché l’Iran de se doter de grandes raffineries pour le transformer. De telle sorte que les Iraniens devaient importer au prix fort l’essence que la British Petroleum avait produite, en raffinant à l’étranger le pétrole qu’elle leur avait volé.
Aujourd’hui, les grandes puissances voudraient interdire à l’Iran d’enrichir son uranium pour en faire un combustible. De la sorte, le pays n’aurait pas la possibilité d’utiliser ses propres richesses minérales et serait contraint de les vendre à bas prix. En 2006, les Anglo-Saxons ont fait adopter par le Conseil de sécurité une résolution exigeant que Téhéran suspende ses activités liées à l’enrichissement, y compris la recherche-développement. Puis, ils ont proposé aux Iraniens de leur acheter de l’uranium brut et de leur vendre de l’uranium enrichi.
La réaction de Mahmoud Ahmadinejad à ce chantage est exactement la même que celle de Mohandas K. Gandhi dans une situation similaire. Les Britanniques interdisaient aux Indiens de filer le coton. Ils leur achetaient donc à bas prix une matière première qu’ils ne pouvaient utiliser, puis ils leur revendaient au prix fort des tissus filés avec leur coton à Manchester. Le Mahatma Gandhi viola la loi impériale et fila lui-même le coton sur un rouet rudimentaire, qui devint le symbole de son parti politique. Identiquement, les Anglais s’étaient arrogés un monopole d’exploitation du sel et appliquaient une taxe exorbitante sur ce produit de première nécessité. Gandhi viola la loi impériale, traversant le pays dans une marche épique, il alla lui- même récolter le sel. C’est par ce type d’action que l’Inde recouvra sa souveraineté économique.
Les déclarations fracassantes de Mahmoud Ahmadinejad lors de la mise en service de centrifugeuses doivent être comprises dans ce contexte. Elles expriment la volonté de l’Iran d’exploiter lui-même ses ressources minières et de se doter ainsi de l’énergie indispensable à son développement économique.
Au demeurant, rien dans le Traité de non prolifération n’interdit à quiconque d’enrichir de l’uranium [22].
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Signature du Protocole de Téhéran (17 mai 2010). De gauche à droite : Celso Amorim, Luiz Inácio Lula da Silva, Manouchehr Mottaki, Mahmoud Ahmadinejad, Recep Tayyip Erdoğan et Ahmet Davutoğlu.
© Présidence iranienne

Le Protocole de Téhéran

A l’occasion du sommet de Washington sur la sécurité nucléaire (12 et 13 avril 2010), le président brésilien Lula da Silva présente ses bons offices à son homologue états-unien. Il lui demande quelle mesure serait à même de rétablir la confiance et d’arrêter la spirale des résolutions du Conseil de sécurité.
M. Lula da Silva, qui ambitionne de devenir secrétaire général des Nations Unies, agit comme intermédiaire entre les grandes et les petites puissances. Surpris, le président Obama réserve sa réponse, Finalement, il lui adresse une lettre, le 20 avril [23]. Il y indique qu’une mesure négociée en novembre 2009, puis abandonnée, ferait l’affaire. L’Iran pourrait échanger de l’uranium insuffisamment enrichi contre de l’uranium faiblement enrichi. Cet échange pourrait avoir lieu dans un pays tiers, la Turquie par exemple. Téhéran pourrait alors alimenter en combustible son réacteur à usage médical sans avoir besoin d’enrichir lui-même l’uranium. Une lettre similaire a été envoyée par M. Obama à son homologue turc, mais n’a pas été rendue publique.
Le président brésilien se rend immédiatement à Moscou où, lors d’une conférence de presse commune (14 mai) le président Medvedev confirme que du point de vue russe cette mesure serait aussi considérée comme une solution acceptable [24]. M. Lula da Silva rejoint le Premier ministre turc à Téhéran et signe le document attendu avec le président Ahmadinejad (17 mai) [25].
Ceci étant fait, Mahmoud Ahmadinejad confirme que, si l’accord est appliqué, son pays n’aura pas besoin de procéder à l’enrichissement, mais que pour se prémunir d’une éventuelle rupture du Protocole, il doit apprendre à maitriser cette technique. L’Iran poursuivra donc ses recherches.
Faisant volte-face, Washington dépose au Conseil de sécurité un projet de résolution qu’il avait négocié à l’avance avec les autres membres permanents. Après trois semaines de psychodrame, ce texte à peine amendé est débattu par le Conseil. Pour la forme, les négociateurs occidentaux faxent à Téhéran leurs observations sur le Protocle quatres heures avant d’entrer en séance [26]. Ils ne veulent plus d’un accord provisoire, ils exigent que l’Iran renonce à la technique de l’enrichissement. La résolution 1929 est adoptée, y compris par la Russie et la Chine (9 juin) [27].
Pour le Brésil, la Turquie, l’Iran et les 118 non alignés qui les soutiennent, le choc est rude. Il est tout à fait clair que le souci des grandes puissances n’est pas d’empêcher l’Iran d’enrichir de l’uranium pour fabriquer des bombes, mais de de l’empêcher de maîtriser un savoir-faire qui garantirait son indépendance.
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Suite aux sanctions unilatérales des Etats-Unis, Total est contraint de cesser d’approvisionner l’Iran en essence (ici : Christophe de Margerie, le Pdg).

Les conséquences de la résolution 1929

Dans les jours qui suivent, les dirigeants russes laissent entrevoir leurs désaccords internes. Une cascade de déclarations contradictoires confirme et infirme que l’embargo prévu par la résolution 1929 s’applique aussi aux missiles sol-air S-300 russes en cours de livraison. Finalement le président Medvedev tranche : les livraisons d’armes anti-aériennes sont interrompues, ce qui implique que, d’un point de vue technique, un possible bombardement de l’Iran restera une option militaire crédible.
Continuant sur sa lancée, Washington ajoute aux sanctions onusiennes ses propres sanctions, et l’Union européenne lui emboite le pas. Ce nouveau dispositif vise à priver l’Iran de l’énergie nécessaire à son économie. Il fait interdiction aux sociétés ayant des intérêts en Occident de livrer de l’essence raffinée ou tout autre carburant à Téhéran [28]. Première conséquence de ces mesures unilatérales, Total est contraint de se retirer d’Iran. Le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim annonce, quant à lui, que les sociétés agro-industrielles de son pays ne peuvent pas prendre le risque de fournir de l’éthanol à l’Iran. Autant de ruptures qui sont des catastrophes économiques non seulement pour les Iraniens, mais pour les Français et les Brésiliens aussi.
Moscou entre en ébullition. Les partisans de Premier ministre Vladimir Poutine s’estiment floués. Pour eux, les sanctions contre l’Iran ne doivent pas déstabiliser le pays. Ils avaient admis la position du président Dmitry Medvedev de coopération avec les Etats-Unis à la condition que les sanctions se limitent à celles de l’ONU. Ils se trouvent désormais face au fait accompli : la résolution du Conseil de sécurité sert de justification à des mesures unilatérales de Washington et de Bruxelles visant à asphyxier l’Iran. Auditionné par le Sénat, le secrétaire US à la Défense Robert Gates se gausse de la confusion qui règne au Kremlin et de son « approche schizophrénique » de la question iranienne.
Poursuivant sur la lancée, l’Allemagne fait du zèle. La chancelière Angela Merkel fait confisquer des matériels destinés à la construction de la centrale nucléaire civile de Busher et fait interpeller les ingénieurs russes qui les rassemblaient. La tension monte à Moscou et l’ambassadeur Churkin appelle ses partenaires du Conseil de sécurité à la raison.
A Pékin, les choses ne sont pas plus claires. La Chine a accepté de voter la résolution 1929 en échange d’un renoncement de Washington à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. Pékin, qui ne se pensait pas en mesure de défendre à la fois Téhéran et Pyongyang, a inutilement cédé du terrain car les Etats-Unis resservent le couvert lors du G8 de Toronto.
Dans une déclaration, le Suprême conseil (iranien) de sécurité nationale souligne que le Conseil de sécurité des Nations Unies n’avait pas compétence pour adopter la résolution 1929 [29]. En écho, le président du Venezuela, Hugo Chávez, annonce que son pays n’appliquera pas une décision sans fondement juridique. Concrètement, Caracas approvisionnera Téhéran en essence et lui proposera les services bancaires qui lui sont aujourd’hui refusés.
L’Iran décide de manifester sa mauvaise humeur en reportant d’un mois toute nouvelle négociation et en posant des conditions à la reprise des pourparlers. Renversant la rhétorique dominante, Téhéran accepte de discuter sur l’application du Traité de non-prolifération afin de « rétablir la confiance » avec les Occidentaux, à la condition que ceux-ci « rétablissent la confiance » avec l’Iran et les non-alignés. Pour ce faire, le président Ahmadinejad exige que les négociateurs fassent une déclaration qui ne devrait pas poser de problème s’ils sont de bonne foi et lèverait le soupçon du « deux poids, deux mesures » : ils doivent exiger qu’Israël signe le TNP (et par conséquent accepte le régime des inspections de l’AIEA et la dénucléarisation progressive) et s’engager à appliquer à eux-mêmes le TNP (c’est-à-dire qu’ils commencent dès à présent à détruire leurs stocks d’armes nucléaires).
Vu du côté occidental, cette réponse paraît dilatoire : Téhéran pose des conditions irréalistes qui manifestent sa volonté de rupture. Vu du Tiers Monde, Téhéran pointe la contradiction fondamentale du TNP qui permet depuis une quarantaine d’années aux grandes puissances de conserver leur avantage nucléaire, militaire et civil, pour dominer le monde tout en empêchant les puissances émergentes de rejoindre le club nucléaire.
Sans surprise, Washington réagit en relançant la polémique. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, déclare dans une émission de grande écoute que, selon de récents renseignements, l’Iran aurait désormais assez d’uranium faiblement enrichi pour fabriquer des bombes [30].
L’accusation est loufoque, dans la mesure où l’Iran ne dispose que d’uranium enrichi à moins de 20 % alors que les bombes atomiques sont fabriquées avec l’uranium enrichi à 70, voire 85 %.
Peu importent les faits et la logique, « La raison du plus fort est toujours la meilleure ».
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Mahmoud Ahmadinejad plaide à la tribune de l’ONU pour un Proche-Orient exempt d’armes nucléaires.

Conclusion

31 ans après le début de la Révolution islamique, l’Iran n’a pas dévié de sa trajectoire. Malgré la guerre par procuration que les grandes puissances lui ont livré, malgré les embargos et les sanctions de toutes sortes, il continue à questionner l’architecture des relations internationales et à se battre pour son indépendance et celle des autres nations. Si l’on relit rétrospectivement les interventions des diplomates et dirigeants iraniens à l’ONU, on observe qu’elles n’ont cessé de dénoncer le directoire que les grandes puissances exercent sur le reste du monde au moyen de leur siège permanent et de leur droit de veto au Conseil de sécurité. Et si l’on relit la presse occidentale, on observe qu’elle met en scène des scandales successifs pour ne pas avoir à rendre compte des propos des diplomates et dirigeants iraniens [31]
Dans ce cadre, la position iranienne sur le nucléaire n’a pas varié, mais s’est approfondie. L’Iran a proposé de faire du Proche-Orient une zone dénucléarisée et Téhéran n’a cessé de porter ce projet qui vient seulement maintenant d’être examiné par l’ONU malgré l’opposition farouche d’Israël [32]. L’Iran a pris de nombreuses initiatives pour que les Etats du Tiers-Monde rapprochent leur point de vue sur le nucléaire, la dernière en date étant la Conférence internationale sur le désarmement nucléaire qu’il a organisé en avril 2010 [33].
Dans cet affaire, le problème central n’est pas l’Iran, mais le refus des grandes puissances de se conformer à leurs obligations de signataires du Traité de non-prolifération : détruire au plus vite leurs stocks d’armes nucléaires. Or, loin de s’engager sur cette voie, l’administration Obama a publié sa nouvelle doctrine nucléaire dans laquelle elle prévoit de faire usage de l’arme nucléaire non pas seulement pour riposter à une attaque nucléaire, mais en première frappe contre des Etats non-nucléaires qui lui résistent. 


Thierry Meyssan
Analyste politique français, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Il publie chaque semaine des chroniques de politique étrangère dans la presse arabe et russe. Dernier ouvrage publié : L’Effroyable imposture 2, éd. JP Bertand (2007).



[1] « White House Fact Sheet on the new UN Security Council Sanctions on Iran », Voltaire Network, 10 juin 2010.
[2] Voir le procè-verbal de séance relatif à la Résolution 1929, Réseau Voltaire, 9 juin 2010.
[3] En France, sous l’Ancien Régime, la société était divisée en trois ordres : la noblesse, le clergé et le tiers état. Ce dernier était privé de tout pouvoir politique bien qu’il représenta 95 % de la population.
[4] « Iran does not need military coalition », par Kourosh Ziabari, Voltaire Network, 2 avril 2010.
[5] « Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires », Avis consultatif du 8 juillet 1996, Cour internationale de Justice, C.I.J. Recueil 1996, p. 226.
[6] « La dissuasion nucléaire est contraire au droit international », par Francis Boyle, Réseau Voltaire, 21 octobre 2009.
[7] Voir notre dossier « Mujahedin-e Khalq ».
[8] « Résolution 1737 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 23 décembre 2006.
[9] « Résolution 1747 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 24 mars 2007.
[10] « Iran : intentions et possibilités nucléaires », extraits du National Intelligence Estimate (NIE), Réseau Voltaire/Horizons et débats, 17 décembre 2007.
[11] « Pourquoi McConnell a-t-il publié le rapport sur l’Iran ? », Réseau Voltaire/Horizons et débats, 17 décembre 2007.
[12] « Washington décrète un an de trêve globale », par Thierry Meyssan. Réseau Voltaire, 3 décembre 2007.
[13] « Résolution 1803 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 3 mars 2008.
[14] « Pourquoi William Fallon a-t-il démissionné ? », Réseau Voltaire/New Orient News, 14 mars 2008.
[15] « La démission de l’amiral Fallon relance les hostilités en Irak », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 13 mars 2008.
[16] All The Shah’s Men : An American Coup and the Roots of Middle East Terror, par Stephen Kinzer (John Wiley & Sons, 2003).
[17] « Iran looks to Argentina for nuclear fuel », par Kaveh L Afrasiabi, Voltaire Network, 9 novembre 2009.
[18] « Washington veut réécrire les attentats de Buenos-Aires », par Thierry Meyssan ; « Des attentats sous fausse bannière en Argentine : 1992 et 1994 », par James Fetzer et Adrian Salbuchi ; Réseau Voltaire, 13 juillet 2006 et 9 novembre 2009.
[19] Cette expression fait sourire. En effet, Mahmoud Ahmadinejad représente les vétérans de la guerre Irak-Iran et absolument pas le haut clergé chiite qui lui est majoritairement opposé.
[20] « Résolution 1696 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 31 juillet 2006.
[21] « BP-Amoco, coalition pétrolière anglo-saxonne », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 10 juin 2004.
[22] « Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », Réseau Voltaire.
[23] « Letter to Lula da Silva », par Barack Obama, Voltaire Network, 20 avril 2010.
[24] « Joint News Conference », par Dmitry Medvedev et Luiz Inácio Lula da Silva, Voltaire Network, 14 mai 2010.
[25] « Joint Declaration by Iran, Turkey and Brazil on Nuclear Fuel », Voltaire Network, 17 mai 2010.
[26] « Vienna Group’s Answer to Joint Declaration of Teheran », Voltaire Network, 9 juin 2010.
[27] « Résolution 1929 du Conseil de sécurité », Réseau Voltaire, 9 juin 2010.
[28] L’Iran est un Etat exportateur de pétrole, mais —compte tenu de l’embargo dont il fait l’objet depuis le début de la Révolution islamique—, il ne dispose pas de raffinerie et est obligé d’importer de l’essence.
[29] « The Islamic Republic of Iran’s Declaration in Response to Resolution 1929 », Voltaire Network, 18 juin 2010.
[30] Entretien de Leon Panetta avec Jake Tapper, This Week, ABC, 27 juin 2010.
[31] Le lecteur se souvient probablement de la manière dont la France avait créé un secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme dont la principale activité aura été de saboter la participation iranienne à la conférence de Genève contre le racisme (dite « Durban II »). La secrétaire d’Etat Rama Yade avait fait attribuer des badges diplomatiques à des militants sionistes pour qu’ils perturbent le discours du président iranien, tandis que les ambassadeurs des puissances européennes quittaient la salle selon un scénario préétabli. Le lecteur pourra relire le discours de M. Ahmadinejad et l’apprécier au regard de ce qui vient d’être analysé. Il porte sur le rôle du Conseil de sécurité dans l’impunité de l’apartheid israélien (Voir : « Discours à la conférence de Durban II », par Mahmoud Ahmadinejad, Réseau Voltaire, 20 avril 2009.
Afin que la censure soit complète, le haut fonctionnaire français Bruno Guigne, qui s’était indigné publiquement de la présentation médiatique de cette affaire a été immédiatement relevé de ses fonctions par le président Sarkozy (lire : « Quand le lobby pro-israélien se déchaîne contre l’ONU », par Bruno Guigne, Réseau Voltaire, 24 mars 2008.
[32] « Capacité nucléaire israélienne », Résolution adoptée à la dixième séance plénière de l’AIEA, Réseau Voltaire, 18 septembre 2009. « Application des garanties de l’AIEA au Moyen-Orient », Résolution adoptée à la neuvième séance plénière, Réseau Voltaire 17 septembre 2009. « Création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient », Rapport présenté par la République islamique d’Iran à la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non prolifération des armes nucléaires 2010, Réseau Voltaire, 4 mai 2010.
[33] « Message à la première conférence internationale sur la désarmement nucléaire », par Ali Khamenei ; « Address at the International Conference on Nuclear Disarmament », par Mahmoud Ahmadinejad ; « Address at the International Conference on Nuclear Disarmament », par Saeed Jalili ; Réseau Voltaire, 17 avril 2010.
 

500 millions de dollars contre le Hezbollah

mercredi 30 juin 2010, par Alain Gresh
Jeffrey D. Feltman, assistant de la secrétaire d’Etat américaine et responsable du bureau des affaires du Proche-Orient, et Daniel Benjamin, coordinateur du bureau de lutte contre le terrorisme, ont témoigné devant une commission du Sénat le 8 juin 2010. Il s’agissait d’évaluer la force du Hezbollah.
Concluant leur témoignage, ils ont déclaré :
« Les Etats-Unis continuent de prendre très au sérieux les menaces que le Hezbollah fait peser sur les Etats-Unis, le Liban, Israël et l’ensemble de la région. Nous avons déployé de grands efforts diplomatiques, à travers la lutte antiterroriste et une aide matérielle, pour réduire cette menace et cette influence du Hezbollah dans la région et promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité à travers le Proche-Orient. »
L’ensemble du développement reprend les analyses de l’administration précédente sur le Hezbollah, définissant celle-ci comme une organisation terroriste responsable notamment de la guerre de l’été 2006. Elle est aussi « l’une des milices les mieux armées et les plus dangereuses dans le monde ».
Mais le plus intéressant, c’est la reconnaissance de l’aide directe apportée par les Etats-Unis aux forces libanaises qui luttent contre le Hezbollah.
« Les Etats-Unis fournissent une assistance et un appui à tous ceux qui, au Liban, travaillent pour créer des alternatives à l’extrémisme et réduire l’influence du Hezbollah dans la jeunesse. (...) A travers l’USAID et la Middle East Partnership Initiative (MEPI), nous avons contribué depuis 2006 à hauteur de plus de 500 millions de dollars à cet effort. Cette assistance substantielle représente l’une des facettes de notre soutien inaltérable au peuple libanais et à l’instauration d’un Liban fort, souverain, stable et démocratique. Depuis 2006, notre aide totale au Liban a dépassé le milliard de dollars. Si nous laissions tomber les millions de Libanais qui veulent un Etat représentant les aspirations de tous les Libanais, nous créerions les conditions par lesquelles le Hezbollah pourrait remplir le vide et devenir encore plus fort. »
Que des pays étrangers s’ingèrent dans les affaires libanaises, on s’en doutait. Le Liban est, depuis longtemps, un champ d’affrontements de puissances régionales, de l’Iran à Israël, de la Syrie à l’Arabie saoudite. Plus inhabituel est le fait qu’une grande puissance reconnaisse ouvertement qu’elle mène une action permanente contre l’une des principales forces du pays, force qui participe, par ailleurs, au gouvernement. Ces pratiques américaines rappellent les interventions des Etats-Unis en France ou en Italie durant la guerre froide contre les partis communistes.
Le Hezbollah, qui a rendu public son nouveau programme le 1er décembre 2009, est la seule force libanaise qui maintient une milice armée.
La déclaration américaine a soulevé un vif débat au Liban quand elle a été connue, à partir du 22-24 juin. Le Hezbollah a affirmé qu’il déposerait plainte contre les Etats-Unis devant les tribunaux.
Dans le quotidien libanais Al-Safir du 29 juin, Nabil Haitam affirme qu’une liste de 700 noms de personnes et d’organisations ayant bénéficié de l’aide américaine circule, et que certains ont reçu des sommes comprises entre 100 000 et 2 millions de dollars. Le journaliste s’interroge :
« Quelles clauses du code pénal ces groupes ou personnes ont-ils violées ? Est-ce que contacter ou agir avec un Etat étranger, et travailler avec cet Etat en échange d’argent à une campagne visant l’une des composantes de la société libanaise – une campagne qui pourrait avoir déstabilisé la société –, est légal ? » (...)
Et Haitam se demande pourquoi Feltman a rendu cette information publique, d’autant qu’elle risque d’embarrasser des alliés des Etats-Unis au Liban. Selon lui, l’ambassade américaine à Beyrouth a rassuré ses alliés en leur affirmant que Feltman voulait simplement montrer au Congrès que les Etats-Unis agissaient au Liban et qu’il n’est pas question qu’ils révèlent des noms.
Autre son de cloche avec l’éditorial de Tariq Alhomayed, rédacteur en chef du quotidien panarabe pro-saoudien Al-Sharq Al-Awsat (23 juin) : « Hezbollah wants transparency ? ». Il cite le député Nawaf Al-Moussaoui, qui a déclaré que « si l’ambassade américaine veut être transparente, alors qu’elle donne la liste des noms de ceux qui ont reçu la plus grande partie de cet argent, dont il est dit qu’il a aidé le peuple libanais ».
Alhomayed soulève la question du financement du Hezbollah, que le secrétaire général de ce parti, Hassan Nasrallah, qualifie « d’argent pur ».
« Comment cet argent arrive-t-il au Liban ? Qui le reçoit ? Qui le distribue ? Combien a été dépensé pour les médias et pour acheter des journalistes et des politiciens ? Combien a été dépensé pour acheter des armes ? Combien a été dépensé pour dédommager les victimes de la guerre de 2006, comme le Hezbollah s’y était engagé ? »
Questions intéressantes venant d’un journal notoirement financé par l’Arabie saoudite, qui a arrosé le Liban pour y acheter journalistes et responsables politiques...
Et Alhomayed pose un autre problème :
« Si le Hezbollah veut la transparence, alors il devrait y avoir la transparence sur tous les sujets. (...) Et le Hezbollah doit faire ce qu’il demande aux Américains. » Le journaliste demande que le Hezbollah fasse la lumière sur un scandale financier lié à l’homme d’affaires Salah Ezzedine, dont la faillite a provoqué la ruine de nombreux Libanais. Or, cet homme d’affaires, selon le journaliste, avait de nombreuses connexions avec des membres du Hezbollah.
Notons aussi qu’aux Etats-Unis, certains se prononcent pour un dialogue avec le Hezbollah. Ainsi, William Crocker, ancien ambassadeur en Irak entre 2007 et 2009 (nommé par le président George W. Bush), s’est prononcé en ce sens devant le comité des affaires étrangères du Sénat (« Former US envoy favors talking to Lebanese resistance », The Daily Star, 10 juin).
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Les négociations avec Israël sont inutiles

Jeudi, 01 Juillet 2010 10:24 
IRIB - Le secrétaire général de l'Initiative nationale palestinienne a déclaré que la poursuite des négociations avec Israël était inutile. Selon l'agence de presse palestinienne Mustafa Barghouthi en évoquant les rencontre de Georges Mitchell émissaire américain au Moyen-Orient avec les dirigeants israéliens et ceux de l'Autorité autonome  a souligné que tant que  les Etats-Unis soutenaient les politiques expansionnistes du régime sioniste ces négociations n'auraient aucun acquis. Cet activiste palestinien a estimé que  l'intensification des attaques de l'armée israélienne contre  les régions palestiniennes et la colonisation dans ces régions étaient les plus grands obstacles sur le chemin du compromis entre les Palestiniens et le régime sioniste. Barghouthi  a souligné que  le régime sioniste et les Etats-Unis en profitant de l'occasion créée après le nouveau tour des négociations de compromis poursuivent leur expansionnisme dans la région.  
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Ahmadinejad ordonne le boycott des produits israéliens

Jeudi, 01 Juillet 2010 10:49 
IRIB - Le Président de la République a ordonné l’application de la loi, votée, au mois de juin, par le Majlis islamique, sur le boycott des produits israéliens. Suite à cet ordre du Président de la République islamique, le Ministère des Affaires étrangères doit proposer le plan de boycott des produits israéliens, aux instances mondiales, y compris, l’Organisation de la Conférence islamique et le Mouvement des Non-alignés.  
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Sionisme et antisémitisme, judaïsme et sionisme

Mercredi 30 Juin 2010
Les sionistes ont deux points communs avec les antisémites: le premier est l'assimilation du sionisme au judaïsme. Ce qui sépare principalement sionistes et antisémites, c'est que ces derniers affublent le judaïsme et ses adhérents de toutes sortes d'autres turpitudes inscrites dans ce qu'ils considèrent comme la "race" juive. Cette conception du judaïsme comme autre chose qu'une religion est justement l'autre point commun entre sionistes et antisémites.
S'il est évident que le judaïsme entretient une relation avec le sionisme, il serait erroné de concevoir cette relation comme nécessaire et elle n'est qu'une des virtualités  à laquelle des circonstances politiques particulières, celles des 19ème et 20ème siècles européens, ont permis de prendre corps.
Ce caractère non nécessaire et contingent du lien entre judaïsme et sionisme est clairement démontré par le caractère récent de l'époque qui a vu naître et se développer le sionisme politique. Il est également démontré par le scepticisme voire la franche hostilité rencontrée initialement par le sionisme dans de nombreuses communautés juives. L'opposition juive au sionisme se manifeste dès les origines de ce mouvement politique à visée étatique, traduisant ainsi le sentiment de nombreux Juifs surtout en Occident, au point d'en freiner l'implantation.
Les choses ont certes changé, surtout grâce ou à cause de la seconde guerre mondiale et à la politique de l'Allemagne nazie envers les Juifs. Cependant l'opposition au sionisme reste encore présente dans le judaïsme. On a souvent parlé des Juifs ultra orthodoxes de Naturei Karta, mais cette organisation n'est pas la seule à affirmer une opposition au sionisme d'un point de vue religieux. C'est également le cas des Juifs de Satmar, d'autres ultra orthodoxes qui sont tout de même autre chose qu'un groupuscule marginal.
Le New York Times nous présente de son côté une autre mouvance juive antisioniste incarnée par l'American Council for Judaïsm. Une présentation qui donne l'occasion à ce journal de rappeler que l'opposition au sionisme était quelque chose de tout à fait commun dans les organisations juives d'Outre Atlantique, jusqu'aux années 1940 qui ont vu le sionisme l'emporter.
Si Samuel G. Freedman nous parle de ce Council tout à fait anecdotique sur le plan de ses effectifs d'adhérents, c'est simplement à titre de témoin d'une époque de l'histoire idéologique juive très différente de celle que nous connaissons aujourd'hui. Et aussi, parce que comme le perçoivent les observateurs, si des Juifs ne se sont jamais intéressés vraiment à l'entité sioniste, les agressions commises par l'entité sioniste, dont la récente attaque contre la flottille pour Gaza, amènent de plus en plus de juifs aux USA à s'interroger voire à se détourner du sionisme. L'histoire ne se répète pas, dit-on, et si le Council for American Judaïsm n'a pas forcément un bel avenir en tant qu'organisation, tout ou partie des idées qu'il incarne sont de plus en plus d'actualité.  
par SAMUEL G. FREEDMAN, New York Times (USA) 25 juin 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Un jour, il y a près de vingt ans, Stephen Naman se préparait à assister le rabbin de son temple du juif réformé à transférer la congrégation dans de nouveaux locaux. M. Naman n'avait qu'une seule requête: Le rabbin pouvait-il cesser de disposer le drapeau israélien sur l'autel?
 "Nous n'allons pas à la synagogue pour prier un drapeau," se souvient avoir dit M. Naman, 63 ans, lors d'une récente interview par téléphone.
Ce rabbin avait accepté la requête. Donc, après avoir été muté six ou sept ans plus tard en Caroline du Nord et avoir rejoint un temple là-bas, M. Naman avait demandé au rabbin de retirer le drapeau israélien. Cette fois, la réaction fut plus prévisible.
"Le rabbin dit que ce serait terrible," raconte M. Naman, un cadre en retraite d'une société de papeterie qui réside maintenant près de Jacksonville en Floride, "et qu'il serait gêné d'être le rabbin d'une telle congrégation."
Aussi choquante que puisse paraître l'insistance de M. Naman à séparer Israël du judaïsme, elle correspond en réalité à une tendance cohérente à l'intérieur du débat juif. Qu'on l'appelle antisionisme ou non sionisme - tous ces termes sont contestés et chargés- la volonté de séparer l'Etat juif de l'identité juive a des racines séculaires.
Ces 68 dernières années, cette position a été la plate forme officielle de l'organisation dont M. Naman est le président, l'American Council for Judaïsm. Et si l'instauration de l'Etat d'Israël et sa centralité pour les Juifs Américains a marginalisé cette organisation des décennies durant, les vives critiques d'Israël qui se développent en ce moment chez nombre de Juifs Américains ont donné un caractère significatif, voire prophétique, à l'organisation de M. Naman.
Ce n'est pas que les adhésions affluent à l'American Council. La liste de diffusion électronique de l'organisation atteint à peine le millier de contacts, et son site web a reçu seulement 10 000 visiteurs uniques l'an dernier. Son budget n'est que de 55 000 dollars. Comme M. Naman l'admet, l'histoire d'opposition au sionisme de son organisation la rend "radio active" même pour des organisations juives américaines progressistes comme J Street et Peace Now.
Pourtant, les arguments que l'American Council for Judaïsm a soulevé avec constance contre le sionisme et Israël sont revenus au premier plan ces dix dernières années, avec l'effondrement du processus de paix d'Oslo, les guerres d'Israël au Liban et à Gaza et, plus récemment, l'attaque meurtrière contre une flottille qui tentait de briser le blocus naval sur le régime du Hamas. Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec toutes les positions de l'American Council pour reconnaître que, pour une certaine faction [sic] des Juifs Américains, elles sont redevenues au goût du jour.
"Mon sentiment est qu'ils pensent que les événements démontrent qu'ils avaient toujours eu raison," explique par téléphone Jonathan D. Sama, historien à l'université Brandeis et auteur d'un livre important, "American Judaïsm." "Tout ce qu'ils avaient prophétisé- la double loyauté, la malfaisance du nationalisme - est devenu réalité.
"Je serais surpris si beaucoup de gens passaient à l'ACJ en tant qu'organisation à cause de sa réputation," poursuit-il. "Mais il est certain que si l'holocauste a mis en avant les problèmes de la vie juive dans la diaspora, ces dernières années ont mis en lumière le fait que le sionisme n'est pas une panacée."
M. Naman a grandi dans une famille du Texas profondément impliquée dans l'organisation et, en conséquence, a vécu toutes les évolutions du pendule politique.
"Nous étions ostracisés et calomniés," dit-il. "Mais nous sentions alors, et nous sentons encore aujourd'hui, que nos positions sont crédibles. Elles ont été justifiées et confortées par ce qui s'est passé."
Sur ce point, et c'est un euphémisme, il y a désaccord. Si les sionistes Américains qui s'opposent à l'occupation de la Cisjordanie sont flétris de critiques par la partie conservatrice de la communauté juive américaine, qui a tendu à dominer les principales organisations communautaires et de lobbying, les ennemis convaincus du sionisme de l'American Council suscitent la rage et l'indignation.
Cependant, le rejet de Sion remonte à la Torah elle même, avec son récit des Hébreux se rebellant contre Moïse pendant le trajet vers la terre Promise et réclamant de rentrer en Egypte. Avant la création du mouvement sioniste moderne par Théodore Herzl au début du 20ème siècle, l'injonction biblique au retour en Israël était généralement perçue dans un sens théologique plutôt que comme une instruction concrète.
Avant l'holocauste, la plupart des dirigeants juifs orthodoxes rejetaient le sionisme, affirmant que l'exil était une punition divine et qu'Israël ne pourrait être restaurée qu'avec l'évènement du messie. Le mouvement réformé soutenait que le judaïsme était une religion, pas une nationalité.
"Ce pays est notre Palestine," déclarait un rabbin réformé à Charleston (Caroline du sud) en 1841, "cette ville est notre Jérusalem, cette maison de Dieu notre temple." La plateforme de 1885 du mouvement réformé renvoyait le "retour en Palestine" au niveau d'e celui des reliques comme le sacrifice animal.
C'est seulement quand les dirigeants de la Réforme, à la veille de la seconde guerre mondiale, révisèrent leur position que la faction antisioniste fit scission, pour finalement former l'American Council for Judaïsm en 1942. Son discours était à la fois idéaliste et méprisant - une formation proposée en 1952 présentait le sionisme comme raciste, auto-ségrégé et anti-américain - et il fut une époque où l'American Council se flattait d'avoir des dirigeants comme Lessing J. Rosenwald, héritier de la fortune Sears, et 14 000 adhérents.
Si les guerres de 1967 et 1973 poussèrent le Council vers l'obsolescence, les guerres controversées d'Israël depuis l'an 2000 l'ont fait sortir de la tombe. On peut entendre des échos de ses positions chez Tony Judt, l'historien qui a lancé un appel à un Etat binational en Palestine; chez Tony Kushner, dont le scénario pour le film "Munich" présentait l'Amérique comme la véritable patrie d'un Israélien; chez Michael Chabon, dont le roman "The Yiddish Policeman's Union" parodiait le sionisme; et dans le désengagement vis-à-vis d'Israël qui se fait jour chez une partie des jeunes Juifs non orthodoxes, tel Peter Beinart remarqué récemment pour un essai dans The New York Review of Books.
La vérité des chiffres, qui ne fait donc pas débat, est que seule une infime proportion des Juifs Américains a rejeté l'exil ici pour émigrer en Israël.
"Je pense que nous représentons une majorité silencieuse," déclare Allan C. Brownfeld, membre de longue date du Council et rédacteur en chef de ses publications, Issues et Special Interest Report. "Nous sommes Américains par la nationalité et Juifs par la religion. Et si nous souhaitons le bien d'Israël, nous ne la voyons pas comme notre patrie."
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