jeudi 20 novembre 2014

L’attaque de la synagogue à Jérusalem marque un nouveau seuil dans le soulèvement palestinien

Hier, deux jeunes palestiniens, les cousins Ghassan et Uday Abu Jamal, ont attaqué des fidèles dans la synagogue Bnei Torah dans le quartier juif ultra-orthodoxe de Har Nof à Jérusalem-Ouest. Armés de couperets et d’un pistolet, les deux jeunes gens ont tué cinq personnes dont trois rabbins de nationalité américaine et un rabbin ayant la double nationalité britannique et israélienne. Un policier a également été tué.

Le Hamas a salué l’attaque et celle-ci a été célébrée dans la bande de Gaza.
La tension n’avait fait que monter en Palestine depuis l’assassinat en juillet de l’adolescent arabe Mohammad Abu Khdeir - qui a été brûlé vif par des colons juifs - et l’assassinat ce dimanche par pendaison du chauffeur de bus, Yusuf Hasan al-Ramuni.
Depuis juillet et jusqu’à ce massacre dans la synagogue, cinq Israéliens et un visiteur étranger ont été délibérément écrasés ou poignardés à mort.
Les meurtres dans la synagogue ont provoqué la panique parmi les Israéliens, d’autant plus que Jérusalem-Ouest était considéré comme un quartier particulièrement « sûr ».
Au cours du dernier mois, les colons juifs ont entrainé des fidèles dans la mosquée al-Aqsa, dans le site du Noble Sanctuaire. Leurs initiatives ont eu lieu avec le soutien explicite et les encouragements du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et les colons ont été protégés par la police israélienne.
Les dirigeants des pays arabes « se sont assis sur leurs mains » et semblent être plus préoccupés d’empêcher que la ville kurde syrienne de Kobani ne tombe aux mains de l’État islamique, et de réconcilier les pays du Golfe en plein dispute.
L’incursion dans la synagogue a secoué Israël et suscité la terreur parmi les colons. Même si l’Autorité palestinienne - sous la direction de Mahmoud Abbas - est de connivence avec les Israéliens, ces attaques montrent bien que les Palestiniens ne sont pas satisfaits de la politique d’apaisement qu’elle adopte.
Si quelqu’un imaginait que le peuple palestinien avait capitulé face à l’occupation et se résignait à tolérer les insultes et l’humiliation de l’occupation israélienne, ces actes les feront revoir leur opinion.
Ces actes horriblement sanglants sont cependant bien en-deçà du massacre de centaines d’enfants palestiniens [lors de l’attaque israélienne sur Gaza cet été] et marquent le début d’un sursaut de révolte.
Le conflit a pris un aspect religieux et la détermination des arabes et musulmans à protéger les lieux saints a accéléré le soulèvement et ne cessera pas malgré les menaces israéliennes.
Netanyahu et ses porte-parole se concentrent sur les fidèles assassinés, voulant s’attirer la sympathie du monde et une condamnation du « terrorisme » palestinien. Le monde avait-il réagi avec autant d’indignation et d’horreur en 1994, lorsque le colon Baruch Goldstein a ouvert le feu sur des fidèles à la mosquée Ibrahimi à Hébron, au petit matin, massacrant 29 personnes et en blessant 125 ?
Est-ce haram [interdit] de massacrer les fidèles juifs et halal [permis] de tuer des musulmans en prière ?
Les parents des jeunes qui ont pris d’assaut la synagogue disent qu’ils étaient furieux de l’échec d’Abbas et de son équipe ainsi que des autres gouvernements arabes à résister à la violence d’Israël, à son racisme, son système d’apartheid, ses humiliations et provocations. Ils avaient donc décidé de « prendre les choses en mains ».
Est-ce qu’Israël et ses supporters imaginent que le peuple palestinien, vivant dans l’humiliation et l’indignité sous l’occupation israélienne, fera bon accueil aux intrus dans la mosquée al-Aqsa et félicitera les colons meurtriers de Mohammed Abu Khudair et Hasan al-Ramuni ?
Les gens du monde entier connaissent la signification du mot Intifada qui dans tous les dictionnaires signifie la lutte pour la dignité, la fierté et de la patrie.
L’incursion dans la synagogue est un message fort que les colons juifs ne bénéficieront d’aucune sécurité aussi longtemps qu’ils poursuivront leur occupation, leur colonisation et leurs provocations. Personne parmi les Israéliens ne sera en sécurité aussi longtemps que ceux-ci poursuivront leurs massacres et le blocus de Gaza.
Netanyahu cherche maintenant une épaule sur laquelle se lamenter auprès de l’Amérique ou de l’Europe, attendant de ces derniers qu’ils incitent à la haine contre le peuple palestinien et reprennent ses déclarations sur le terrorisme, tout en lui offrant de l’argent et des armes.
Mais rien de tout cela ne change la réalité sur le terrain, ni n’efface la culpabilité de Netanyahu. C’est lui qui est un terroriste. Il a tué le processus de paix, la sécurité de la région et celle de l’Occident lui-même.
JPEG - 3.2 ko
Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du site Raialyoum. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.
http://www.raialyoum.com/?p=180895
Traduction : Info-Palestine.eu