mercredi 24 septembre 2014

Israël: les renseignements militaires sur la sellette

Quelques semaines seulement après la fin de l'opération Bordure protectrice contre le Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, 43 réservistes de l'unité 8200 des renseignements militaires de Tsahal ont publié une lettre dans laquelle ils déclarent refuser de servir désormais dans cette unité pour des raisons morales. L'identité des signataires de cette lettre reste inconnue, la censure militaire ayant interdit la publication de leurs noms.
« Nous, anciens de l'unité 8200, réservistes mobilisés ou mobilisables, déclarons que nous refusons de prendre part à des actions contre les Palestiniens et de continuer à être instrumentalisés pour renforcer le contrôle militaire sur les Palestiniens dans les territoires occupés », écrivent-ils dans une lettre adressée au Premier ministre et au chef d'état-major et publiée par le quotidien Yediot Ahaonot.
L’Unité 8200 est spécialisée dans les systèmes d’origine électromagnétique (Sigint) et de déchiffrement de codes. Souvent comparée à la NSA (National Security Agency) américaine, elle récolte les informations sur les réseaux téléphoniques et sur Internet et enregistre les messages cryptés.
A l'origine, son travail était orienté vers les ennemis extérieurs de l'Etat hébreu, la Syrie, le Liban, l'Iran... C'est le Premier ministre Ariel Sharon qui, en 2001, dans le cadre de la lutte contre les attentats-suicides de la seconde Intifada, avait ajouté les Palestiniens à la liste des objectifs soumis à sa surveillance. L'unité 8200 est l'une des unités les plus prestigieuses de Tsahal et les jeunes formés par ses soins se taillent souvent une place de choix dans le secteur du high-tech.
« Nous refusons de prendre part à des actions contre les Palestiniens »
Il est déjà arrivé dans le passé que des soldats publient des lettres proclamant leur refus de servir dans les territoires mais c'est la première fois qu'un tel phénomène se produit dans les rangs d'un organisme aussi secret que l'unité 8 200.
Les autorités militaires ont rejeté les accusations des 43 protestataires et a affirmé dans un communiqué ne « pas avoir d'informations selon lesquelles des violations spécifiques mentionnées dans cette lettre auraient eu lieu ». Elles ont déploré l'attitude des signataires de la lettre qui ont préféré exprimer leurs critiques publiquement au lieu d'en discuter avec leurs supérieurs et souligné que les questions d'éthique sont fréquemment débattues au sein de l'unité.
Beaucoup d'observateurs soulignent le caractère politique de la démarche des 43, qui représentent moins de 1% des réservistes de l'unité 8200 et qui contestent seulement l'utilisation des services de renseignements contre les Palestiniens. De plus, la publication de leurs allégations juste après l'opération Bordure protectrice, alors qu'Israël est victime d'une nouvelle campagne de délégitimation à l'étranger, porte gravement atteinte à l'intérêt du pays qui vient de faire face à une vaste offensive terroriste contre sa population civile.