vendredi 2 décembre 2011

Le lien entre l’adoption de la résistance populaire par le Hamas et la réconciliation

[ 01/12/2011 - 23:49 ] 
Yassine Ezzidine
Les dirigeants du Hamas ont annoncé leur adoption de la résistance populaire, après la rencontre Abbas-Mechaal ; et cela n’arrête pas de faire couler beaucoup d’encre. Le Hamas a-t-il décidé de suivre Mahmoud Abbas et de laisser tomber la résistance armée ? Cela signifie-t-il que les armes ne seront dorénavant plus utilisées contre l’occupation, dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie ? Et quel sera l’intérêt pour le Hamas ? Puis pourquoi la décision a seulement été annoncée pendant la rencontre de la réconciliation entre Abbas et Mechaal ?
Tout d’abord, il faut corriger une erreur répandue disant qu’Abbas et son autorité adoptent la résistance populaire. La vérité est à l’opposé : ils combattent toutes sortes de résistance populaire, comme le jet de pierres ou les manifestations près des colonies. Ces dernières années, les services de sécurité de l’autorité palestinienne ont arrêté beaucoup de jeunes qui jetaient des pierres sur les forces israéliennes d'occupation ; elles ont aussi dispersé beaucoup de manifestations contre les barrages, et ce ne sont que des exemples.
La résistance populaire, pour le Fatah et pour l’autorité, n’est qu’un prétexte pour rabaisser la résistance armée, bien que la résistance armée fasse partie de la résistance populaire. Beaucoup de gens travaillaient dans la résistance populaire avant de développer leurs moyens d’action et de s’engager dans la résistance armée.
On remarque que depuis le départ d’Arafat, le Fatah et l’autorité ne font face à l’occupation sioniste que par les négociations et la diplomatie.
Par contre, la résistance populaire existe dans les villages menacés par le mur discriminatoire de séparation, ainsi que dans les zones hors de l’autorité, dans les villages de Balïn, Naalin, Beit Amer, Al-Walja, Kafr Qadoum et beaucoup d’autres. Mais beaucoup d’activistes contre le mur sont embarrassés par les services de sécurité de l’autorité, surtout dans les régions d’Al-Khalil et Beit Amer.
Puis il y a une résistance populaire représentée par la pierre et le cocktail Molotov jetés sur les véhicules de colons. Cependant, l’autorité la considère comme une résistance armée et arrête souvent des adolescents qui la pratiquent.
Alors quand le Hamas adoptera la résistance populaire, il mettra l’autorité devant le fait accompli. Il dira que là où sont les activités de la résistance populaire, il veut y participer.
Par ailleurs, l’action armée des brigades d’Al-Qassam est en arrêt en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza. Néanmoins, Abbas pose pour condition l’arrêt de toute lutte armée afin que le monde accepte la réconciliation entre le Fatah et le Hamas. Parallèlement, le Hamas ne veut faire un cadeau sans contrepartie à l’occupation.
On comprend des déclarations d’Ar-Rachaq que le Hamas s’oriente vers la résistance populaire pour trouver un terrain d’entente avec le mouvement du Fatah, et cette résistance est le meilleur choix à faire pour la cause palestinienne, dans la période à venir.
La résistance populaire en Cisjordanie est actuellement en bonne marche et la nouvelle situation arabe et internationale est pour un soutien sans faille aux Palestiniens. Puis le monde entier est quasiment unanime pour dire que la colonisation et le mur ne sont pas légaux. Mais cette entente reste inefficace, tant que la situation sur le terrain est calme.
Et il est évident que les Sionistes ne démantèlent pas leurs colonies en Cisjordanie ; la Cisjordanie, qui sera le centre du conflit avec les Sionistes. D’un côté, libérer la Cisjordanie offrira aux Palestiniens des terrains nécessaires à la construction d’un réel Etat ; d’un autre côté, toutes les régions sionistes densément habitées seront à la portée des montagnes de la Cisjordanie.
A court terme, il faut épuiser les Sionistes. Même si les Palestiniens sont épuisés depuis une dizaine d’années, aujourd’hui il y a un soutien arabe montant, un soutien qui veut faire face à l’occupation sioniste.
Mettre la résistance populaire en application reste un défi réel aussi bien pour le Hamas que pour l’autorité. Il faut prendre en compte que les Sionistes n’accepteront jamais que le Hamas reprenne son souffle en Cisjordanie.
Alors le Fatah et le Hamas sont-ils capables d’activer la résistance populaire en Cisjordanie et de la relever d’un niveau passable à niveau excellent ? Et Abbas est-il prêt à faire face à l’occupation, au cas où il décide d’aller sérieusement vers la réconciliation ? Puis Abbas pourra-t-il freiner ses services de sécurité ? Enfin, le Hamas croit-il vraiment à la résistance populaire ou a-t-il parlé de cela seulement pour faire plaisir à Abbas et laisser passer la réconciliation ? Des questions auxquelles les réponses viendront dans les jours à venir.
Article écrit par Yassine Ezzidine, traduit et résumé par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI)