jeudi 1 décembre 2011

Abou Marzouq : L’action armée reste l’épine dorsale du programme de la résistance

[ 30/11/2011 - 22:42 ] 
Le Caire – CPI
Dr. Mousa Abou Marzouq, vice-président du bureau politique du mouvement de la résistance islamique Hamas, a dit qu’une rencontre aura bientôt lieu au Caire entre les mouvements du Fatah et du Hamas. Ils discuteront de plusieurs affaires, dont la commission des élections, le dossier de la réconciliation, les accords conclus entre Mechaal et Abbas.
Par ailleurs, il a confirmé que l’action militaire reste l’épine dorsale de la résistance, étant sous occupation.
Abou Marzouq nous donne son point de vue, dans l'interview ci-après, traduite de l'arabe et résumée par nos soins.
CPI : En dépit du climat positif durant la rencontre de la réconciliation du Caire, certains considèrent l’accord incomplet. Qu’en dites-vous ?
Abou Marzouq : Sans le moindre doute, nous avons fait une avancée positive. Toutefois, il reste toujours améliorable.
CPI : A votre avis, quelle serait l’argumentation de ceux qui voient l’accord incomplet ?
Abou Marzouq : Ils attachaient la réussite de la réconciliation à certaines questions. Par exemple, il faut un programme politique unique, il faut un rendez-vous du comité de l’OLP, il faut des dates précises pour les élections, il faut un gouvernement commun et un seul premier ministre, il faut que toutes les factions soient d’accord sur tous ces points. Effectivement, les factions palestiniennes se réuniront le 12 décembre à venir et le comité de l’OLP, le 22 décembre. Et un peu avant, le 18 décembre, une rencontre entre le Hamas et le Fatah aura lieu afin de nous mettre d’accord sur les commissions des élections, sur le renforcement du climat positif régnant actuellement entre les deux mouvements. Cependant, le sujet du gouvernement a été remis à plus tard. Ainsi, on remarque que l’accord est une grande avancée, même s’il reste tout de même incomplet.
CPI : Remettre le sujet du gouvernement à plus tard n’est pas un signe qu’il y a encore un obstacle pour l’accord, si l’on se base surtout sur les expériences du passé ?
Abou Marzouq : Personnellement, je crois que la réconciliation et les élections sont possibles, mais il est aussi possible qu’on ne se mette pas d’accord sur le gouvernement et qu’on mette l’accord en danger. Puis la feuille de route égyptienne ne parle pas d’un gouvernement unique ; certains croient cependant que les élections pourraient donner un gouvernement basé sur une volonté populaire.
CPI : Le sujet du gouvernement a été traité. Des noms ont-ils été donnés ?
Abou Marzouq : Aucun nom n’a été évoqué. Le sujet est à venir avec la rencontre des factions palestiniennes, pour qu’il y ait une discussion exhaustive sur le sujet du gouvernement.
CPI : Un sujet très sensible : la résistance populaire fait partie de la stratégie du Hamas. A-t-il décidé de laisser tomber la résistance armée ?
Abou Marzouq : Certainement pas ! L’action armée reste l’épine dorsale du programme de la résistance. Sous l’occupation, nous ne devrons jamais oublier cela. Nous sommes au stade de reconstruction de l’unité nationale. Nous devrons aussi trouver un terrain d’entente, sous le titre de la résistance, avec le mouvement du Fatah, dans le chemin d’une réelle union. Il est vrai qu’Abou Mazen n’accepte guère de renforcer la résistance contre l’occupation, mais il a accepté la notion de résistance populaire. Et nous voulons que soit appliqué tout ce sur quoi nous nous étions mis d’accord ; chacun aura cependant son programme propre à lui.
CPI : Si Gaza était le sujet d’une nouvelle agression de la part de l’occupation, il n’y aurait pas de réaction contre l’agresseur ?
Abou Marzouq : Croyez-vous qu’en cas d’une agression contre notre peuple à Gaza, il n’y aura pas de réaction contre l’occupant ?! Non et non, toute agression contre le peuple palestinien aura ses répliques. Toutefois, la résistance populaire n’est pas la résistance armée. La résistance populaire pourra prendre plusieurs aspects : manifestation, sit-in, boycott des produits israéliens, arrêt de la coopération sécuritaire avec Israéliens. Il y a des milliers de façons de résister contre l’occupation. La résistance armée est cependant réservée à une poignée de gens dans chaque ville. Par contre, une ville d’un ou d’un demi million d’habitants qui entame une action populaire, sous l’égide de deux mouvements, cela sera très efficace.
CPI : Au Caire, il y avait un travail sur l’accord de la réconciliation. En Cisjordanie, les arrestations se poursuivaient. Comment ce dossier des détenus politiques se serait fermé en quelques jours seulement ?
Abou Marzouq : Je crois que le frère Abou Mazen a directement donné l’ordre aux chefs du service de renseignements palestinien de la Cisjordanie de libérer tout détenu politique. Et cette fois, je sens le sérieux dans la volonté de nettoyer les prisons palestiniennes.
CPI : Dans le passé, il y a eu aussi des accords pour libérer les détenus politiques, en vain. Qu’est-ce qui garantit l’application des accords, cette fois ?
Abou Marzouq : Ce n’est vrai. Il y a eu des centaines de détenus politiques ; maintenant, il n’en reste qu’une vingtaine dans la bande de Gaza et quelque quarante-cinq personnes en Cisjordanie. Nous sommes tous soucieux de ne voir aucun Palestinien arrêter un autre Palestinien, dans tous les cas.
CPI : Dans la bande de Gaza, y a-t-il des dossiers inquiétants quant à la sécurité, au retour de meneurs de l’anarchie sécuritaire ?
Abou Marzouq : Personne ne peut interdire à qui que ce soit voulant retourner dans la bande de Gaza de le faire. Toutefois, quiconque a commis des crimes doit être poursuivi. Nous dirons clairement qui devra être poursuivi.
CPI : Un autre dossier : quelles sont les nouvelles concernant la visite de la Jordanie ?
Abou Marzouq : Pratiquement, il n’y a que des paroles, aucune date n’a été fixée.
CPI : Certains vont à dire qu’il y en a qui veulent mettre des bâtons dans les roues de la visite de Mechaal en Jordanie ?
Abou Marzouq : Si la visite de Mechaal en Jordanie est remise à plus tard, c’est pour des raisons techniques et administratives, et non politiques. La visite existe, la date n’est pas encore fixée.
CPI : Enfin, certain posent des questions sur l’avenir de la relation entre le mouvement du Hamas et la Jordanie. Le Hamas pourra-t-il y avoir des bureaux, par exemple ?
Abou Marzouq : Nous souhaitons que les relations soient meilleures, de notre côté. Cela dépend aussi de l’autre partie.