[ 24/10/2011 - 23:31 ] |
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Ramallah – CPI
Chez lui, dans la ville de Jénine, avec
une grande joie et beaucoup de dignité, Abdou Ar-Rahman Salah, 57 ans,
reçoit les gens venus le féliciter pour sa libération des prisons de
l’occupation israélienne. Il répète : « Merci à la résistance. Merci au
Hamas ; nous sommes sortis de prison avec dignité, au moment où les
bourreaux, eux, y restent ».
Abdou Ar-Rahman Salah raconte au
correspondant du Centre Palestinien d’Information (CPI) les derniers
jours qui ont précédé la libération, les jours qui ont suivi l’annonce
de la transaction signée entre le mouvement de la résistance islamique
Hamas et l’entité sioniste : « Je savais, depuis trois mois, que mon nom
était sur la liste des libérables, mes camarades me le confirmaient.
Mais avant de parler de toute autre chose, je voudrais adresser toutes
mes salutations aux dirigeants du mouvement du Hamas qui sont encore
dans les prisons et qui nous ont préférés à eux-mêmes ».
« Ces frères, qui ont été exclus de la
transaction, se sont adressés à la direction, lui disant que s’ils
étaient un bâton dans les roues de la transaction, qu’ils la terminent
sans eux ; cela a fait bouger les choses. Ils nous ont préférés à
eux-mêmes. Ils méritent vraiment notre gratitude. »
On dirait qu’un mécontentement, une
frustration et une colère règnent chez les captifs palestiniens, dans
les prisons israéliennes, en raison du fait que la transaction d’échange
de prisonniers n’a pas pris en compte beaucoup de chefs palestiniens.
Abdou Ar-Rahman Salah dément catégoriquement ces dires : « Tout au
contraire, les frères dans les prisons ont organisé des fêtes pour
célébrer notre sortie, dès que la nouvelle avait été confirmée, vendredi
dernier. Les fêtes ont même continué après notre sortie. Une fête
grandiose a été organisée dans la prison de Madjo, m’a affirmé un
frère ».
La nouvelle, le rêve
Quand la nouvelle de la signature de
l’accord d’échange de prisonniers est arrivée dans les prisons, les
détenus palestiniens étaient en grève de la faim ; les bourreaux les
mataient. Ils ont décidé d’arrêter la grève, vu que la transaction
faisait partie des exigences des grévistes.
Par une radio locale, il a appris qu’il
faisait partie de la liste des libérables : « J’ai senti une grande joie
en constatant que j’allais retourner à la maison, et non vers l’exil.
Je me sens toujours comme dans un rêve ; je n’arrive toujours pas à
croire ce qui m’arrive ».
L’administration pénitentiaire n’a informé
les détenus de leur future libération qu’au dernier jour. Un officier
est entré et lui a dit d’apporter ses affaires, ainsi qu’à un détenu
originaire de la bande de Gaza.
Sortir avec dignité
Les prisonniers ont tous été rassemblés, la
veille de la libération, dans la prison du Néguev ; certains détenus
étaient dans un état de santé très grave, étant en grève ; ils
refusaient de l’arrêter pour protester contre le fait de n’avoir été
informés de leur libération qu’au dernier moment.
A l’improviste, une délégation égyptienne, à
laquelle participait le consul égyptien à Jérusalem et celui de
Ramallah, est entré dans la prison et s’est adressé aux grévistes, leur
disant que l’accord d’échange de prisonniers comportait aussi
l’acceptation par l’Entité sioniste des exigences des grévistes.
La malveillance de l’occupation
Les occupants israéliens faisaient signer
les captifs des documents en hébreu, des documents qui disaient que les
détenus retourneraient en prison pour purger leurs peines, dès que les
Israéliens mettraient la main sur eux. Un détenu qui connaissait
l’hébreu a découvert la supercherie.
A l’arrivée de la délégation égyptienne,
les officiers israéliens s’étaient retrouvés obligés de rendre ces
documents aux prisonniers, qui les ont déchirés et piétinés.
Puis, dit Abdou Ar-Rahman Salah : « Nous
avons signé un court document de deux lignes nous obligeant à respecter
la transaction entre l’Entité sioniste et le Hamas ».
Par ailleurs, Abdou Ar-Rahman Salah a
appelé l’autorité palestinienne à donner une grande marge de manœuvre au
Hamas pour fêter cet événement en Cisjordanie comme c’était le cas dans
la bande de Gaza. Il a appelé à réaliser l’unité nationale. Il terminé
ses propos par des remerciements : « Merci au Hamas, merci à la
résistance. Je suis sûr que l’aube de la liberté des captifs arrivera,
plus tôt qu’on ne l’attendait ».
Rappelons enfin que le cheikh Abdou
Ar-Rahman Salah était condamné par les occupants israéliens à 25 ans de
prison, accusé d’être membre des brigades d’Al-Qassam, d’avoir travaillé
avec le cheikh martyr Nasser Jarrar ; il en a purgé 9. Son fils aîné
Mohammed est tombé en martyre durant son arrestation.
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