dimanche 23 octobre 2011

La lutte pour l'eau à Gaza

Gaza - 23 octobre 2011
Par Leila Al-Najar et Ishraq Othman
Le camp de la plage "Al-Shate" est situé à l'ouest de Gaza ville. Des petites maisons sont entassées, dans une odeur insupportable qui émane de l'égout qui court à travers les ruelles. En tant que bénévoles du projet Youth for the Right of Water and Sanitation (YRWS) (Jeunes pour le droit à l'eau et à l'assainissement), nous allons régulièrement rendre visite aux familles du camp pour notre étude de cas sur les problèmes d'eau. Les habitants souffrent énormément de graves problèmes d'eau causés par l'occupation israélienne qui, depuis des années, vole et exploite toutes les ressources en eau pure : l'aquifère, le Jourdain, la vallée de Gaza et le lac de Tibériade. C'est ainsi que toutes les nappes phréatiques ont commencé à s'assécher et que le problème de l'eau saumâtre apparaît de plus en plus dans la plupart des maisons de Gaza.
La lutte pour l'eau à Gaza
"Soif de justice"
Nous avons rendu visite à Haider Saed Abu-Jazya, un charpentier de 51 ans et père de 14 enfants, dont la famille a une longue histoire de problèmes d'eau. "Nous souffrons de coupures et de la répartition inéquitable de l'eau depuis 10 ans. Nous n'en avons que deux jours par semaine, de minuit au matin. Avec le problème d'une ressource insuffisante, un autre problème est apparu, l'eau salée," dit Haider, qui paraît plus vieux que son âge.
Le ton de la voix d'Haider nous dit qu'il est extrêmement préoccupé par la vie de sa famille. Il est vraisemblable qu'il va transmettre à ses enfants le malheur dont il a hérité de ses parents réfugiés. "Pouvez-vous boire un tasse de thé mélangée à trois cuillerées de sel ? Bien sûr que non," souligne-t-il.
Il décrit les effets négatifs de l'eau salée et polluée sur sa famille. Pour y pallier, il est obligé d'acheter un bidon de 500l d'eau/par jour, qui lui coûte 15NIS (3€). Quelquefois, il emprunte à un ami ou à un voisin pour la payer, d'autres fois ses amis n'ont pas d'argent à lui offrir.
L'eau courante est utilisée pour la boisson mais aussi pour l'usage quotidien ordinaire. Haider a une grande famille, et ses revenus sont trop faibles pour couvrir les besoins les plus simples et les plus importants de la vie comme l'eau, qui doit être accessible à tous, en tant que droits de l'homme.
"Une maison sans eau est aussi calme que le désert," conclut-il.
Il lui est arrivé de manquer d'eau pendant deux semaines d'affilée, alors sa femme ne pouvait pas s'occuper des taches ménagères comme la cuisine, le lavage et la lessive. Ils ont dû jeter leurs vêtements sales, qu'ils ne pouvaient pas réutiliser.
Comment un être humain peut-il survivre dans des conditions pareilles ? Comment un être humain peut-il être infecté par les maladies de l'eau saumâtre ?
"La mauvaise qualité de l'eau provoque des allergies et des boutons rouges apparaissent sur la peau de mes enfants," soupire sa femme.
Que faire ?
"Tous les habitants du quartier se sont rassemblés et sont allés à la mairie pour se plaindre de nos problèmes d'eau ; on a eu des promesses, jamais tenues," dit-il.
Haider parle au nom de la nation palestinienne, espérant que sa voix sera entendue sur toute la planète.
A ceux qui liront cet article, imaginez quelle serait votre vie si vous ne pouviez pas avoir une goutte d'eau pure.
Toute la Palestine souffre d'un grave manque d'eau et l'eau de Gaza en particulier sera épuisée d'ici 2020.
"Aussi longtemps que le monde se retranchera dans un silence absolu, Gaza continuera à se transformer en un terrain aride. Gaza a besoin de votre aide, n'hésitez pas à aider notre peuple."
Source : Mondoweiss
Traduction : MR pour ISM
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