vendredi 22 avril 2011

"Il est temps de créer l'Etat palestinien"

22/04/2011
REUTERS/Ammar Awad
Peu avant Pâques, Monseigneur Fouad Twal, patriarche latin de Jérusalem, livre ses réflexions sur la situation en Israël et dans les territoires palestiniens. 
Les célébrations de Pâques sont une occasion importante pour parler de Paix. Quel est votre message pour les Israéliens et les Palestiniens?
Il est grand temps de passer du message à la réalité. Jusqu'à présent nous n'avons fait que parler de paix, mais les promesses sont restées sans lendemain. De fait, la paix manque, la confiance manque et la peur paralyse. Certes, il y a parfois des signes encourageants. Par exemple, à l'occasion de Pâques, les autorités israéliennes ont facilité les libertés de déplacement afin que les chrétiens de Galilée ou de Bethléem puissent venir au Saint Sépulcre. Ceci dit, les incidents quotidiens risquent de ruiner les bonnes volontés qui existent chez les Israéliens et les Palestiniens. Puisque nous venons de célébrer Pâques, je veux dire que rien ne se fera sans une conversion des coeurs.   
Depuis quelque temps, des discussions diplomatiques et publiques portent sur le projet de reconnaissance de l'Etat de Palestine, par la prochaine assemblée générale de l'ONU, en septembre. Croyez-vous que le moment soit venu de proclamer l'Etat Palestinien?
Oui. Raison de plus pour que Israël et les Etats-Unis fassent le premier pas. S'ils devaient être les derniers, ce serait une honte. Le premier ministre [de l'Autorité palestinienne], Salam Fayyad, travaille avec discrétion et efficacité pour que les institutions palestiniennes soient prêtes, le moment venu, en septembre.  
Vous semblez certain que cela se fera en septembre.
Nous espérons tous ce vote de l'ONU. L'occupation est odieuse. Je dis souvent qu'elle fait du mal à l'occupé et à l'occupant, aux Palestiniens comme à Israël. Je demande à Israël, d'avoir cet acte de courage, de reconnaître l'Etat de Palestine, s'il veut donner l'image d'un pays démocratique. Je dis à Israël, n'attendez pas plus longtemps. Sinon, ce sera pire pour vous et pour les autres.  
Dans quelles frontières l'Etat Palestinien sera-t-il créé?
Pour les Palestiniens, ce sont celles de 1967. Mais je crois que des retouches vont être faites, notamment pour les réfugiés.  
Les Palestiniens seraient-ils d'accord pour un compromis sur la question des réfugiés?
Je pense que oui. Les réfugiés qui ont droit au retour, ont aussi le droit de choisir. Je ne pense pas qu'un réfugié palestinien qui vit aujourd'hui au Canada, bien installé avec sa famille et dans son travail, choisirait de revenir. Il y a le droit du retour et le choix du retour.  
Croyez-vous que le Hamas soit d'accord pour qu'un compromis soit négocié entre l'Autorité Palestinienne et le gouvernement israélien?
Je ne peux parler au nom du Hamas, mais dans tout Etat et dans tout gouvernement, il existe des oppositions, des voix non concordantes. En Israël par exemple, il y a le Shass, qui est un parti d'opposition radical. Les Palestiniens, les Israéliens et la communauté internationale ne doivent pas laisser le dernier mot aux radicaux de quelque côté qu'ils soient.  
Les révolutions en cours dans le monde arabe ont-elles une influence sur la question palestinienne?
Absolument. Elles résonnent comme un appel. On ne peut pas attendre d'être débordé par les masses. Il est temps de franchir ce pas et de créer l'Etat Palestinien. C'est absolument nécessaire.