mardi 29 mars 2011

Les colons déversent leur colère sur les Palestiniens

mardi 29 mars 2011 - 07h:33
Mel Frykberg - Al Jazeera
Une fois de plus, les civils Palestiniens font face au déchainement de la violence suite à l’organisation par des colons israéliens d’une « journée de colère » contre eux.
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Jeudi dernier, dans une démonstration empreinte d’une violence morbide, des colons ont lancé des attaques en guise de représailles contre les Palestiniens en projetant des bombes incendiaires et des cocktails Molotov sur les maisons et les véhicules et en écrasant la population avec des voitures - Photo : EPA
Des colons israéliens ont décidé d’observer leur propre « journée de colère » en s’adonnant, jeudi dernier, à des attaques contre les Palestiniens. Ces représailles surviennent suite au récent assassinat d’une famille issue d’une colonie israélienne illégale en Cisjordanie occupée, d’une part, et à la démolition d’une colonie par les autorités israéliennes, d’autre part.
Au fil du temps, les colons israéliens avaient adopté la très médiatisée « étiquette » d’une politique d’intimidation et de violence contre les Palestiniens et leurs biens. Ces derniers devaient payer le prix fort à chaque fois que les responsables israéliens avaient démoli un avant-poste de colons.
En fait, les avant-postes, principalement composés de quelques caravanes manquant souvent d’eau et d’électricité, sont, contrairement aux larges colonies, jugées illégaux par les autorités israéliennes.
Pour rappel, une famille à Itamar, une colonie proche de la ville de Naplouse au nord de la Cisjordanie, composée de la mère, du père et de trois enfants dont un bébé de trois mois a été tuée à coups de couteau.
Evidemment, les Palestiniens sont montrés du doigt bien qu’aucune preuve contre eux n’est à relever, au contraire, les rumeurs qui circulent font état d’ouvriers thaïlandais impliqués dans une dispute avec leur employeur autour de leur rémunération. Ils pourraient endosser la responsabilité de l’assassinat. Cependant, la « journée de colère » s’est étalée sur une semaine durant laquelle, les colons se sont pris aux Palestiniens et à leurs biens. Ces évènements interviennent suite aux journées de colère conduites par des manifestants pro-démocratie contre les gouvernements autoritaires du monde arabe, y compris la Palestine.
Dans cette perspective, le rabbin Meir Goldmintz qui enseigne dans un séminaire en Cisjordanie a déclaré : « Le gouvernement doit comprendre qu’il ne paie pas pour détruire nos maisons et nous leur ferons regretter ce qui se passe ici ».
« Nous allons leur rendre visite [aux Palestiniens] pour leur montrer comment le gouvernement israélien aurait dû réagir avec eux, et non avec nous » a-t-il poursuivi en indiquant des villages palestiniens voisins.
Chose promise, chose due. Les colons ont bloqué, jeudi à Naplouse, toutes les intersections à grande circulation. Ils ont brûlé les pneus et ont attaqué les voitures et les piétons avec des pierres et des cocktails Molotov. Un groupe de colons a lancé des bombes incendiaires sur le village voisin de Huwwara où deux enfants palestiniens ont dû être évacués vers l’hôpital pour avoir inhalé de la fumée.
Lundi dernier, des colons ont poignardé un Palestinien, un magasin a été incendié tandis qu’un autre groupe a été vu lançant des pierres contre des voitures de Palestiniens à Hébron, au sud de la Cisjordanie.
L’offensive ne s’arrêtant pas là, un garçon palestinien de 5 ans s’est retrouvé avec des blessures modérées après qu’il ait été renversé par un des colons d’Hébron. La veille [dimanche], une fille palestinienne âgée de 11 ans, en route vers l’école, a subi le même sort.
La terre a elle aussi payé les frais puisque des colons juifs, armés de mitrailleuses et accompagnés de soldats de l’IDF [Armée de Défense d’Israël] ont déraciné des centaines d’oliviers, plantés auparavant par des fermiers palestiniens près de Bethlehem.
Pendant ce temps, le gouvernement israélien a, dans ce qui semble être une réponse au meurtre des colons, annoncé que 500 nouvelles colonies devraient être construites.
Certains analystes sont persuadés qu’au vu de la conjoncture actuelle marquée par l’isolation continue d’Israël face à l’intensification de la condamnation internationale de l’occupation, le Premier Ministre Israélien, Benyamin Netanyahu, s’est servi de l’assassinat comme outil politique visant à placer son pays, une fois de plus, dans le rôle de la victime dans un conflit israélo-palestinien prolongé et éternel.
Par ailleurs, les responsables israéliens avaient entrepris une politique de démolition massive contre ce qu’ils décrivent comme étant des propriétés et des maisons palestiniennes illégales, construites en Cisjordanie sans permis. C’aurait été vrai si les Palestiniens n’étaient pas confrontés à d’innombrables contraintes bureaucratiques pour l’obtention des dits permis.
Dans ce contexte, Sarit Michaeli de Btselem (*) reconnait : « Il est quasiment impossible pour que les Palestiniens obtiennent des permis de construire dans la Zone C de la Cisjordanie qui comprend environ 60% du territoire ».
En effet, Israël a divisé la Cisjordanie en 3 Zones. La Zone A est sous contrôle palestinien. La Zone B est sous contrôle militaire israélien et civil palestinien et la Zone C est soumise au contrôle exclusif israélien. Ainsi, les chiffres publiés par les Nations Unies révèlent que le nombre des maisons palestiniennes et des bâtiments agricoles détruits par les israéliens durant l’année en cours a doublé ; une hausse qui suscite l’inquiétude des officiels.
Pour sa part, l’UNRWA [l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient] a, depuis le début de 2011, enregistré 70 démolitions, le déplacement de 105 palestiniens, donc 43 mineurs. L’ordre des démolitions a été donné par la police israélienne, les responsables municipaux et l’administration civile israélienne et a touché la Cisjordanie et Jérusalem Est.
« Le processus de démolition est une triple humiliation, où des familles sont obligées de construire illégalement et sont confrontées à la destruction de leurs maisons, très souvent sous les yeux de leurs enfants » constate Chris Gunness, porte-parole de l’UNRWA.
Pour ce qui est du cas des colons, le gouvernement israélien a certes annoncé qu’il démolirait les avant-postes jugés illégaux, mais le quotidien israélien Ha’aretz a révélé dans un rapport que les biens des colons devant être détruits n’étaient que des tentes et des baraques en tôle.
En outre, le rapport poursuit que le gouvernement israélien légalisera, a postériori, une bonne partie des avant-postes, considérés auparavant illégaux.
Dans cette optique, il convient de rappeler que, plusieurs années auparavant, le mouvement pour la paix israélien ‘’Peace Now’’ [Groupe de droits israélien] a révélé que ce qui a été déclaré ‘’terre de l’état’’ israélien, ayant servi à la construction de colonies illégales, représente en fait 50% des terres confisquées aux communautés et villages palestiniens.
Le groupe ne manque pas de souligner qu’il existe plus de 100 avant-postes sauvages, mis en place en Cisjordanie sans le feu vert des autorités israéliennes.
C’est pourquoi, selon Michaeli : « Aucun rapprochement entre les constructions israéliennes et palestiniennes en Cisjordanie ne peut être mis en place. En effet, toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie sont illégales en vertu de la loi internationale. Les colons jouissent d’une discrimination positive lorsqu’il s’agit de construction illégale. Les Palestiniens doivent avoir le droit de construire, de croitre et de grandir mais Israël se sert de sa politique de construction illégale comme outil de restriction vis-à-vis des Palestiniens ».
Ainsi, la loi internationale et en particulier les différentes résolutions de l’ONU et la Quatrième Convention de Genève attestent du caractère illégal de toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie Occupée.
Note :
* B’Tselem est une ONG israélienne et se présente comme le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. Le groupe est fondé le 3 février 1989 par plusieurs personnalités publiques israéliennes. Sa tâche principale consiste à "documenter et informer le public et les décideurs israéliens sur les violations des droits de l’Homme dans les territoires occupés, combattre la situation de déni dominant le public israélien, et aider à créer une culture des droits de l’Homme en Israël" (Wikipedia)
24 mars 2011 - Al Jazeera - Vous pouvez consulter cet article à :
http://english.aljazeera.net/indept...
Traduction de l’anglais : Niha
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