[ 06/02/2011 - 00:56 ] |
|
Hani Jaricha La révolution menée par les jeunes Egyptiens serait le prélude principal de changements politiques réels au Moyen-Orient. Beaucoup ont peur du départ du président Moubarak et de son régime, les occupants sionistes en tête, ainsi que l’équipe d’Abou Mazen, l’équipe de l’autorité de Ramallah. Plusieurs membres du gouvernement sioniste ont exprimé leur inquiétude face à la révolution égyptienne qui pourrait pousser vers la scène politique des forces opposées à l’occupation israélienne, surtout le groupe des Frères Musulmans. Ces changements pourraient détruire les ponts de ce qu’ils appellent « l’opération de paix au Moyen-Orient ». Cette opération avait commencé avec le président défunt Anwar Sadat et avec l’accord de Camp David. Le premier ministre sioniste, lui-même, est sorti pour exprimer son inquiétude face à tout changement profond du régime égyptien et au départ de Moubarak, un allié irremplaçable de l’occupant. Et après ces développements égyptiens, un autre responsable israélien a appelé à réoccuper l’axe de Philadelphia (dans la bande de Gaza), afin d’empêcher de voir se renforcer le mouvement du Hamas, qui tire son origine du groupe des Frères Musulmans. Et Gabi Ashkenazi, chef d’état-major de l’armée israélienne, a dit que la sécurité de l’Entité sioniste serait fragile ; la situation aux frontières pourrait changer à tout moment ; ce qui se passe en Egypte n’en est qu’une preuve, selon lui. L’observateur de la scène égyptienne et arabe remarque que tout ce qui se passe en Egypte laisserait ses effets sur toute la région et sur la scène palestinienne en particulier. Ce qui s’est passé en Egypte a ébranlé tous les équilibres, non seulement des pays arabes, mais aussi de l’ensemble du Moyen-Orient. Des lignes politiques et sociales nouvelles se dessinent. Un nouveau Moyen-Orient naîtrait. Les règles de jeu changeraient. Un nouvel horizon s’imposerait sur la région et nous mènerait vers une nouvelle solution avec de nouvelles dimensions, avec de nouvelles bases. Sans aucun doute, la nouvelle Egypte aura un rôle nouveau et meilleur dans la région. L’Egypte quittera cet enfermement causé par les "traités de paix avec Israël". En quittant cet enfermement, l’Egypte reprendra son rôle, ce qui renforcera les Arabes en général et la cause palestinienne en particulier. Il est sûr aussi que le changement réalisé par les jeunes Egyptiens aura des conséquences positives sur la rue arabe et la rue palestinienne. Dans cette dernière se multiplient les appels au départ de l’autorité d’Abbas, à l’arrêt de l’injustice et de la dictature en Cisjordanie. Un mouvement porte le nom "La révolution palestinienne pour faire tomber Abbas". Son premier communiqué, publié le 31 janvier 2011, était intitulé : « Le premier communiqué du mouvement du peuple palestinien vers le changement ». Il appelle le président de l’autorité du Fatah Mahmoud Abbas et ses hommes à quitter immédiatement le pouvoir, et même la scène politique. Plusieurs autres mouvements sont nés appelant à faire tomber l’équipe d’Abbas, de Ramallah, pour sa coopération sécuritaire avec l’occupation israélienne, pour sa conspiration contre la résistance, pour sa vente de la terre, pour avoir laissé tomber les principes palestiniens. Tous ces mouvements et leurs slogans reflètent la colère des Palestiniens de Cisjordanie. Il faut aussi regarder ce qui s’est passé au Yémen. En Egypte, Moubarak a dit qu’il n’allait pas se présenter pour un nouveau mandat. Suite à cette déclaration, le président du Yémen Saleh a déclaré la même chose, que ni lui ni son fils n’allaient se présenter pour un nouveau mandat. Ainsi, il est clair que ce qui se passe en Egypte pousse les dirigeants arabes à se rapprocher de leurs peuples, à entamer des réformes, s’ils comptent rester au pouvoir. Il y a eu des changements de gouvernement en Jordanie. La Syrie et d’autres pays arabes ont connu quelques tentatives de réforme. Il est très certain que le départ du régime de Moubarak, en plus d’autres éléments, feraient tomber l’occupation israélienne. C’est pour cette raison que les Israéliens expriment clairement leur inquiétude vis-à-vis de ce qui se passe en Egypte. Article de l’écrivain égyptien Hani Jaricha, traduit par le département français du Centre Palestinien d’Information (CPI) |