lundi 24 janvier 2011

Un hiver très froid pour une famille palestinienne à Al-Nu'eman


Jérusalem - 23-01-2011
Par Anne Paq 
Pendant que j'étais confortablement en France en Décembre afin de profiter de Noël et de la famille, je continuais de vérifier mes e-mails épisodiquement et les nouvelles de Palestine ... oui, il est difficile de déconnecter et je me sens attachée à l'endroit et à ses gens, activistes engagés, temporaires ou permanents ou habitants devenus amis. Je sais aussi qu'ils ne sont pas immunisés quand je suis loin et je ne me pardonnerais pas si quelque chose de terrible arrivait et que je ne puisse pas réagir d'une manière ou d'une autre juste parce que je ne savais pas. J'ai donc lu un email avertissant de la démolition d'une maison à Al-Nu'eman, un village coincé entre Bethléem et Jérusalem que j'ai visité à plusieurs reprises.

















La maison de la famille Shawawra, photo prise le 12 novembre 2010 par Anne Paq
Al-Nu'eman est un cas très particulier. Le village est complètement isolé de la Cisjordanie et de Jérusalem. Israël considère que les terres du village appartiennent à la municipalité de Jérusalem, mais la plupart des villageois ne détiennent pas de carte d'identité de Jérusalem ! Ainsi, seules les personnes d'Al-Nu'eman peuvent entrer dans ce village, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas recevoir des visites d'amis ou de famille de la Cisjordanie. Aucun nouveau permis de construction n'a été donné, et de nombreuses maisons ont des ordres de démolition. Il n'y a qu'une seule entrée et sortie au village, et l'on doit passer par un poste de contrôle militaire israélien. Les jeunes ne pensent bien sûr qu'à quitter un village qui se meurt lentement.
La dernière fois que je me suis rendue à Al-Nu'eman, c'était en Novembre, pour justement rendre compte du risque de la population d'être déplacée. J'ai pris des photos de deux maisons qui avaient des ordres de démolition ; ces ordres avaient été reçus il y a des années et nul ne sait jamais quand ils vont être appliqués.
Je voulais bien sûr savoir quelle maison avait été démolie. Mais à partir de rapports, je ne pouvais pas vraiment comprendre, alors lorsque je suis revenue en Palestine, j'ai décidé de vérifier par moi-même et de me rendre une nouvelle fois au village.
J'ai tout de suite reconnue Siham, une femme qui, lors de ma dernière visite, m'avait gentiment fait la traduction et m'a fait visiter quelques maisons, y compris la sienne.

Photo Anne Paq
C'était bien sa maison qui avait été démolie. Siham était dévastée. Toutes leurs économies y sont passées, ils n'ont nulle part où aller, ni revenu, sauf quelques moutons. Le Croissant-Rouge leur a donné une tente. Elle y demeure avec son mari et ses trois enfants, l'un d'eux a maintenant une infection de l'oreille (il n'a qu'un an et demi) et a peut-être besoin d'une chirurgie. Siham était également malade et pouvait à peine parler. Tout était mouillé par la pluie. Maintenant, en Palestine, c'est l'hiver et il fait en fait très froid la nuit.
Les démolitions de maisons ne sont pas des cas isolées, elles font partie d'une vraie politique. Il y a eu une augmentation significative en 2010 par rapport à 2009. Selon les ONG, par rapport à 2009, nous avons assisté à une augmentation d'environ 60% dans le nombre de démolitions par les autorités israéliennes des structures palestiniennes (430 contre 275) au cours de l'année. Chaque semaine, d'autres familles se retrouvent sans abri, avec des conséquences dévastatrices pour les civils.

Photo Anne Paq
Comme m'a dit Siham, "en démolissant notre maison, ils ont détruit ma vie".
Ci-dessous un appel d'une activiste du groupe israélien Ta'ayush pour leur venir en aide :
"Chers amis,
Cette lettre concerne le petit village d'An-Nu'eman, situé entre Jérusalem et Bethléem. Le 21 décembre 2010, à 05.30 du matin, les forces armées israéliennes ont débarqué avec des bulldozers et de nombreux soldats pour démolir la maison de Siham et Ra'ed Shawawra et de leurs trois enfants âgés de 6 ans, 4 ans et 1 an.
L'armée n'a pas donné de temps à la famille pour sauver ses meubles, livres et jeux des enfants. La famille est bouleversée. Ra'ed est un travailleur agricole et toutes ses économies avaient été investi pour cette maison. La famille vit désormais dans une tente mise à disposition par la Croix-Rouge.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, le village d'An-Nu'eman compte moins de 200 habitants, et a été confisqué par Israël en 1967 et ensuite annexé à la ville de Jérusalem. Cela dit, la carte d’identité stipulant qu’ils appartiennent à la municipalité de Jérusalem n'a pas été donnée aux habitants de ce village. En effet, les habitants sont enregistrés sous une adresse indiquant qu'ils habitent dans les territoires occupés (en Palestine- Cisjordanie). De ce fait, vivre dans sa propre maison devient illégal pour les habitants d'An-Nu'eman. Aucun permis de construire n'est délivré dans ce village. Les villageois sont donc forcés de quitter leur village. C'est ainsi qu'Israël réussit à transférer de nombreux "arabes" en dehors de Jérusalem.
La famille Shawawra demande un soutien financier. Si vous pouvez donner une petite contribution, s'il vous plaît, envoyer un chèque à :
- BEN- ZE'EV
26 Mevo Hama'avak,
JERUSALEM 97877
ou faire un virement sur le compte de Ta'ayush : Bank Hapoalim, 574
- numéro de compte : 160213, IBAN: IL61-0125-7400-0000-0160-213
Veuillez nous informer par email du virement fait à l'association pour que nous puissions l'utiliser pour le cas de cette famille.
Merci,
Efrat
al.nueman@gmail.com
"
Pour plus d'information, visitez le site dédié au village d'Al-Nu'eman.

Photo Anne Paq

Photo Anne Paq
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