samedi 22 janvier 2011

Télégrammes du dossier Wikileaks sur l’attaque israélienne contre Gaza

samedi 22 janvier 2011 - 07h:06
Kathleen Christison
Les USA ont défendu le massacre.
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Pendant plusieurs semaines et avec le soutien actif ou passif des puissances occidentales et de la plupart des pays arabes, l’entité sioniste s’était déchaînée contre la population de Gaza, assassinant enfants, femmes, vieillards et combattants de la résistance - Photo : AFP
Counterpunch a eu accès aux télégrammes du dossier Wikileaks relatif à l’attaque israélienne contre Gaza d’ il y a deux ans (opération Plomb durci, 27 décembre 2008 - 18 janvier 2009). Bien que les télégrammes se contentent de reprendre les communiqués de presse israéliens et donnent peu d’informations sur l’attaque israélienne ou sur les préparatifs qui l’ont précédée, ils montrent sous une lumière impitoyable que le gouvernement US est au service servile de la machine militaire israélienne.
Les télégrammes montrent nettement, s’il en était encore besoin, la position des USA par rapport aux attaques israéliennes lancées sans provocation contre les Palestiniens et ses autres voisins arabes. Bien que l’opération Plomb durci ait été lancée pendant les derniers jours de l’administration Bush et se soit terminée deux jours avant l’inauguration de Barak Obama, toutes les politiques de la nouvelle administration pendant les deux années qui ont suivi - notamment son rejet du rapport Goldstone présentant en détail les atrocités et les crimes de guerre israéliens pendant l’opération Plomb durci - ont appuyé à l’évidence les actions israéliennes.
Les télégrammes donnent un aperçu manifestement unilatéral de l’attaque israélienne. Comme ils tirent leurs rapports quotidiens principalement des médias israéliens, ils tiennent le compte des roquettes lancées sur Israël depuis Gaza et décrivent de façon dramatique « les poupées brûlées et les jouets détruits » dans un jardin d’enfants vide de Beersheba, touché par une roquette tout en passant pratiquement sous silence les bombardements aériens et les tirs d’artillerie intensive lancés par Israël contre Gaza, notamment contre sa population civile. On ne parle pas des enfants palestiniens brûlés et à peine des biens détruits à Gaza. Même les médias occidentaux ont couvert de façon plus exacte les pertes palestiniennes.
Les télégrammes de l’ambassade US ont fourni quelques renseignements sur les victimes palestiniennes, mais de façon négligeable. Un télégramme perdu dans la collection daté 10 jours environ après le début de l’attaque, cite une seule fois des rapports de la presse occidentale faisant état de 530 victimes palestiniennes. Ceci, à un moment où les télégrammes rapportaient la mort de cinq Israéliens. Les pertes israéliennes étaient sans cesse mises en évidence. Ce rapport, grosso modo de 100:1 entre les victimes palestiniennes et israéliennes, s’est maintenu pendant toute l’opération, mais il n’en a pas été fait état dans les télégrammes US. Dans quelques cas, les autorités consulaires US ont transmis les opinions de Gazaouis exprimant la détresse des Palestiniens, mais même alors le télégramme apportait une réserve à la déclaration d’un Gazaoui disant que sa ville subissait le feu de plus en plus nourri des tirs israéliens : « selon lui le feu israélien était ’aveugle’".
Chaque fois que les télégrammes mentionnaient un lieu précis à Gaza ayant été attaqué ou détruit, notamment les hôpitaux et les mosquées, les télégrammes répétaient les assertions israéliennes sans les remettre en question ; le 2 janvier par exemple, on mentionne que l’armée de l’air israélienne a détruit une mosquée « qui aurait servi de dépôt d’armes et de centrale de communication ». L’ambassade répète, sans exprimer le moindre doute, la position israélienne pendant toute l’opération alléguant que les responsables du Hamas regroupaient « certaines capacités de commandement et de contrôle » à l’hôpital Shifa de Gaza en se déguisant en médecins et en infirmiers.
La première collection de télégrammes montre l’a priori US en signalant, plusieurs jours avant le début de l’opération, que la pression était montée en Israël comme suite à la « riposte » aux attaques de roquettes en provenance de Gaza « depuis que le Hamas a annoncé la fin de l’accord de trêve « tadhiya », le 19 décembre ». En essayant d’imputer les hostilités au Hamas ils passent sous silence, ce qui n’était un secret pour quiconque suivait la situation à l’époque, que c’était Israël qui avait violé, le 4 novembre, la trêve en place depuis le mois de juin en lançant une incursion non provoquée à Gaza qui avait tué plusieurs Palestiniens. L’action du Hamas mettant fin à la trêve quelques semaines plus tard était une réaction à la violation israélienne.
Le parti pris étasunien le plus évident - seul exemple d’analyse ou de conseil politique dans cette collection de télégrammes - se manifeste aussi avant le début de l’opération « nous recommandons » écrit l’ambassadeur James Cunningham le 22 décembre « que le gouvernement US commence par condamner le caractère illégitime du gouvernement Hamas à Gaza, qui a pour politique de tirer ou de permettre à d’autres factions de tirer des roquettes et des mortiers sur des cibles civiles israéliennes, ainsi que sa décision de mettre fin à la période de calme de la ’tadhiya’. Cunningham semble confondre causes et effets : même si le pouvoir du Hamas était illégitime - ce qu’il n’est pas, ce parti ayant été démocratiquement élu trois ans plus tôt - on ne présume pas communément que l’illégitimité politique justifie un assaut militaire massif. Et surtout pas lorsque, comme les USA devaient le savoir, le Hamas n’avait pas provoqué les hostilités. Cunningham poursuit en recommandant le soutien du « droit d’Israël de se défendre ». Le Hamas apparemment n’a pas le droit de défendre les Gazaouis contre les attaques israéliennes.
L’ambassade calme sa conscience en disant « nous insistons sur notre souci du bien-être des civils palestiniens innocents et sur la volonté étasunienne de fournir un secours humanitaire d’urgence ». C’est la seule fois où on mentionne les civils palestiniens innocents dans toute la collection de télégrammes.
L’hypocrisie est flagrante. Le parti pris étasunien montré ici n’a de toute évidence rien de neuf. Mais cette fois, il est écrit noir sur blanc - ou plus exactement en filigrane : la diplomatie soutient le massacre et le génocide (terme utilisé par plus d’un commentateur juif ou non juif pendant l’attaque de Gaza). De telles atrocités sont justes aux yeux des USA si Israël les commet, mais elles ne sont pas permises au Hamas.
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* Kathleen Christison est une ancienne analyste politique de la CIA et l’auteure de plusieurs livres sur la situation palestinienne, notamment Palestine in Pieces, écrit conjointement avec feu son mari ,Bill Christison. Vous pouvez lui écrire à l’adresse suivante :
19 janvier 2011 - CounterPunch - Cet article peut être consulté ici :
http://www.counterpunch.org/christi...
Traduction : Anne-Marie Goossens
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